17. Samuel

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— Je vais m'en griller une !

Je cesse de caresser Patachou qui ronronne bruyamment et lève le regard vers Fabrice qui enfile son manteau. Toute la bande est éparpillée dans l'appartement de Val et Raph, les rires, la musique et l'écho des conversations m'entourent, mais ne m'atteignent pas. Je suis ailleurs. Je suis surtout en compagnie de quelqu'un d'autre par la pensée. Il faut que je me secoue !

— Je t'accompagne.

Patachou, qui a bien grandi depuis que Valentin l'a trouvé dans la rue, pousse un miaulement indigné avant de se précipiter vers Marc. Il est heureusement réceptionné par Liam avant d'atteindre sa cible. Je souris face à cette scène, presque invisible au milieu de tant d'animation, mais qui m'emplit de douceur. Marc est hautement allergique et, si les antihistaminiques l'aident à contrôler ses crises d'éternuement, leur efficacité est limitée. Heureusement, Liam est à l'affût, et soucieux du bien-être de son homme. Lorsque je les vois ensemble, je ne peux que me dire que Liam est parfait pour mon meilleur ami.

Je ne m'attarde pourtant pas sur les deux amoureux et revêts de quoi affronter le froid de ce dernier jour de décembre. Fabrice retient les portes de l'ascenseur pour moi, et je m'engouffre à sa suite sans attendre. Il ne faut pas longtemps à mon ami pour lancer la conversation.

— Alors, toi et Évy, hein ?

J'aspire l'air frais entre mes dents. Moi qui pensais m'octroyer un moment de calme, c'est raté ! Je ne m'étais pas attendu à ce que Fab rebondisse sur l'annonce qu'Évy et moi avons faite en début de soirée. Mon pouls s'emballe et se contracte simultanément tandis que je tourne un regard incertain vers lui. Et s'il ne m'approuvait pas ? S'il ne me trouvait pas légitime dans ce désir d'enfant ? Pourtant, seul son sourire heureux répond à mes craintes silencieuses.

— Je suis content que tu ailles enfin de l'avant, mon Sammy ! J'avoue que j'étais un peu flippé quand Évy nous a parlé de son projet coparent, mais si c'est toi le papa, je suis sûr que tout se passera bien.

— Tu... tu n'as pas peur que je me foire ? Que je ne sois pas à la hauteur ?

Le ding de l'ascenseur retentit juste avant que les battants ne s'ouvrent, permettant au froid extérieur de nous atteindre bien avant que nous ne franchissions la porte de l'immeuble.

— Si tu y mets tout ton cœur, comme tu le fais invariablement quand nous sommes concernés, tout se passera bien.

Une étrange chaleur se répand dans mon ventre face à la confiance qu'il me témoigne. J'adore Fabrice, mais de toute la bande réunie, ce n'est pas la personne dont je suis le plus proche ni celle à laquelle je me suis le plus confié. C'est assez déroutant de constater que malgré tout, il voit si clair en moi. Et son amitié me touche d'autant plus...

Une fois dans la rue, je m'empare de la cigarette qu'il me tend sans réfléchir. Je n'avais pas prévu de l'accompagner dans ce sens-là du terme, mais pourquoi pas !

— J'ai toujours pensé que les premiers du groupe à devenir parents seraient Pao et toi !

Je porte le bâton nicotiné à mes lèvres et laisse la fumée envahir mes poumons. J'ai tellement peu l'habitude, que je ressens presque aussitôt les effets du tabac.

— Je vais être honnête avec toi, ce n'est pas dans nos projets. Pao ne veut pas d'enfant. C'est une des premières choses qu'elle m'a dit quand notre relation a commencé à devenir sérieuse.

La surprise m'étreint, et aussitôt, je me sens bête d'avoir abordé la question. Je déteste être indiscret.

— Oh ! C'est...

À l'encre de tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant