Première soirée

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Lilliane s'installa rapidement sur son lit, c'était le plus proche de la porte. Ses compagnes de dortoir n'avaient certainement pas compris pourquoi elle se l'était approprié d'office, mais elle n'avait pas accepté de compromis. Elle voulait le lit le plus à l'écart, celui qui permettait de fuir le plus rapidement possible.

Elle détailla ensuite les autres filles. Eileen et Eleonora, deux sang-pur. Eileen, blonde, au teint pâle, commença directement à vider sa malle dans la petite armoire. Eleonora, rousse aux reflets noirs, aux taches de rousseur, parlait avec un accent irlandais, et entretenait à elle seule toute la discussion. Elle ne dépliait pas sa malle, et s'était simplement allongée sur son lit, par-dessus le couvre-lit.

Lilliane, elle, ne parlait pas. Elle se contentait d'analyser tout ce qui apparaissait dans son champ de vision. Puis une fois qu'elle fut satisfaite des observations du dortoir, elle ouvrit sa malle et en sortit un cadre. Un homme, la soixantaine grisonnante, une petite bedaine, souriait, mais ne bougeait pas. La photo était moldue

Lilliane déposa le cadre sur la petite table de chevet à côté d'elle. Ce faisant elle attira l'attention de la bavarde sur elle.

« C'est une photo ? C'est qui ? Il a l'air vieux. Pourquoi il bouge pas ? »

Lilliane soupira devant l'exubérance de sa compagne de dortoir et répondit laconique :

« C'est mon père. »

Puis elle ignora les suppliques de ses deux compagnes et sortit ensuite un livre et sans plus un regard vers elles, elle l'ouvrit au marque page et se plongea dans sa lecture. Désormais plus rien n'existait d'autre que les aventures de la petite japonaise qui rentrait à l'école.

Les deux autres filles tentèrent en vain de lire le livre ou de reconnaître ce qu'il pouvait être, finalement elles se détournèrent et revinrent à leurs occupations premières.

Une demi-heure plus tard, Lilliane replia le livre, marquant la page avec soin avant de le reposer sur sa table de chevet. Elle analysa à nouveau la pièce, rien n'avait changé, Eleonora avait quitté ses chaussures et balançait maintenant ses pieds dans le vide. Eileen, elle avait manifestement fini de tout ranger et avait ouvert un livre de cours, à en juger par l'épaisseur et sa taille plutôt grande.

Lilliane se leva le plus silencieusement qu'elle put et rejoignit la salle de bain féminine, vide de toute présence. Elle marmonna quelques paroles incompréhensibles et fila sous une douche éclair. Puis elle se vêtit de son pyjama et finit de se préparer.

Elle peignait ses cheveux pour la nuit quand un groupe de sixième année entra tout en papotant, en riant et en rougissant. Lilliane ne s'éclipsa pas assez vite et les cinq filles la retinrent.

« Tu es Lilliane Evans, c'est ? En première année ?

— Oui. »

Sa respiration s'accélérait. La main de la brune lui tenait le bras, sans être douloureux, mais simplement bloquant. Elle ne pouvait pas fuir.

« Tu es une petite poupée. J'adorerais te coiffer, s'extasia la blonde aux yeux noirs.

— Tu as des yeux magnifiques, tu vas faire tourner des cœurs, quand tu seras plus grande, ajouta une voix un peu plus rêveuse

— Arrêtez ! »

La dernière voix appartenait à une jeune femme aux yeux bleus et cheveux châtains. Sa voix respirait la puissance. Lilliane devina vite qu'il s'agissait de celle qui dirigeait la bande d'amie.

« Vous ne voyez pas que vous la terrorisez, la pauvre petite ange ? Non, vous êtes aveugles et pire que Trelawney devant une prédiction de mort ! Mais calmez-vous ! On est digne ! Je sais qu'il est dix heures passées, mais ce n'est certainement pas une raison ! »

Lilliane observait l'effet qu'avait cet éclat de colère sur les quatre autres filles du groupe. La voix ferme et puissante, inspirait naturellement la soumission, mais Lilliane ne voulait pas se soumettre à nouveau. Plus jamais elle ne serait le jouet des autres. Enfin... si elle arrivait à dépasser ses peurs.

Les quatre filles baissèrent la tête de dépit et dire d'une petite voix :

« Oui maman ! »

C'est à ce moment-là que Lilliane comprit ce que voulait dire le discourt de Severus... Du professeur Rogue. La maison Serpentard était une vraie maison. On y forgeait des amitiés qui duraient toute une vie. Ou des inimitiés qui duraient tout autant.

Finalement son petit sermon semblant avoir de l'effet, la cheffe se tourna vers Lilliane.

« Bonsoir Lilliane. Je m'appelle Iphigénie. Nous sommes toutes les trois en septième année et ces deux-là, elle montrait les deux qui s'étaient excitées le plus et qui ne tenaient toujours pas en place. Ces deux-là donc sont en sixième année. C'est pour ça qu'il leur manque un peu de retenue, une fois l'heure du soupé passée. Je suis préfète-en-chef. La brune, Alice, que tu vois est préfète. Si tu as le moindre souci, n'hésites pas à nous le dire. »

Elle baissa un peu la voix, en rapprochant son visage de Lilliane.

« Même si tes soucis concernent le professeur Rogue. Il n'est pas d'un abord très... charmant, mais il s'occupe de nous comme de ses enfants. Des fois même un peu trop... »

Lilliane eut un léger rire sans joie.

« Ne vous inquiétez pas, je ne me laisse pas avoir par les apparences. »

Elle ajouta pour elle-même en aparté qu'elle connaissait certainement mieux Severus qu'aucune d'entre elles.

Quand Lilliane put finalement s'éclipser, elle retrouva son lit avec joie. Ses compagnes de dortoir s'étaient déjà installées et dormaient presque.

L'empire de tes larmes [fanfiction Harry Potter] [Complete]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant