J'attendais que Papa monte fermer ma porte à clé; il était obligé de le faire depuis la nuit où, à cause d'un mauvais rêve où le marchand de glaces m'enterrait dans le sable, j'avais commencé à pleurer très fort, trop fort, jusqu'à m'étouffer, et j'étais partie courir sur la plage et sous la lune.
Je mis longtemps à m'endormir -en même temps ils m'avaient donné la chambre tout en haut, et par la fenêtre je touchais les étoiles, et lorsqu'on touche les étoiles, par politesse, on ne s'endort pas. Maman m'avait acheté des rideaux peints de lunes pour couvrir la vraie, mais bon, ce n'était pas pareil. Marie m'avait appris que c'était la lune qui contrôlait la mer, et je n'avais pas envie de la brusquer, surtout lorsque mes camarades passaient leur journée à lancer des cailloux sur sa fille et à faire pipi dedans. Je me demandais si la lune le ressentait, s'il y avait un tunnel entre elle et la mer, si ses cratères étaient le fruit de notre cruauté, sa lumière celle qui marchait sur la surface de l'eau. Je présentais mes excuses à la lune pour tout ce que j'étais et n'étais pas, et enfin je pus m'endormir.
Maman est morte une nuit de juillet.
VOUS LISEZ
Maman est morte une nuit de Juillet
Short Story"Je sens le tiraillement, timide, de ma vie qui se vide dans la mer, qui me tire vers le bord, qui m'allonge sur le sable, avec les vagues qui me caressent le visage et me chuchotent mon corps brûlé." Un soir de juillet. Il fait chaud, trop chaud. M...