𝐑𝐨𝐨𝐦𝐚𝐭𝐞𝐬 - 𝗌𝗎𝗀𝖺𝗐𝖺𝗋𝖺 𝗑 𝗋𝖾𝖺𝖽𝖾𝗋

03 - Malade

    Je me maudissais encore plus maintenant que je devais rester au lit, malade comme un chien. J'avais tenté de me lever ce matin, mais Suga - effaré par la tête que j'avais - m'avait ordonné de rester au lit pour aujourd'hui. Il m'avait dit qu'il préviendrait les professeurs et qu'il rentrerait à midi pour m'apporter de quoi manger. Je l'avais remercier en disant que je pouvais me débrouiller mais il avait insisté et c'est bien devant moi qu'il se tenait à présent, un bol de soupe dans une main et une boîte de médicaments dans l'autre.

- T'as vraiment pas bonne mine.
- C'est super sympa merci, tu me flattes Suga.
- Roooh te vexe pas, allez bois ça.

   Il me tendit le bouillon. Je n'aimais pas ça, mais il faisait trop d'efforts pour que je n'ingurgite pas cette chose répugnante en signe de reconnaissance.
   Il posa ensuite un verre d'eau sur ma table de nuit et sortit un sachet de médicament en poudre.

- Ah non ça je ne peux pas, ça me donne la gerbe, dis-je en le stoppant dans son geste.

Il me regarda dans les yeux et rétorqua :

- T'as pas le choix, on doit faire baisser ta fièvre et ton mal de tête.
- Je n'ai pas mal à la tête !

   C'était faux, j'avais l'impression que mon cerveau tapait contre ma boîte crânienne à chaque mouvement que je faisais.

- Non vraiment je ne peux pas c'est au-dessus de mes forces.
- Y/n...

On se regarda en silence et il soupira.

- Bien, si tu le bois je fais ce que tu veux.
- Non.
- Pendant une semaine.
- ...

   Je détestais les médicaments à boire, mais je détestais encore plus faire la vaisselle.

- Donne.

   Un sourire se dessina sur son visage et je me surpris à me dire qu'il était plutôt mignon quand il souriait. Il ouvrit le sachet et versa la poudre dans l'eau qui se troubla. Je bus l'infâme breuvage en retenant un haut-le-cœur puis reposai la tête sur mon oreiller et il ricana en me traitant d'enfant.
Il s'apprêtait à partir quand je l'arrêtai.

- Tu veux pas rester un peu, je me fais chier comme un rat mort ici.
- J'ai cours j'te rappelle. Mais ce soir si tu veux.

   Je soupirai. Je lui souhaitai bon courage puis il sortit de la pièce, et je m'endormis sans m'en rendre compte.

*.•

   Quand j'ouvris les yeux, ma chambre était plongée dans le noir. Ma tête ne me faisait plus mal mais je ne me sentais pas mieux pour autant. J'avais l'impression que quelqu'un était assis sur mon buste et qu'il me coupait la respiration. Je transpirais et j'avais du mal à déglutir. Je me redressais difficilement en tremblant lorsque Suga entra avec un plateau dans les mains et alluma une des lampes.

- Aaah t'es enfin debout, comment tu... wow qu'est-ce qu'il t'arrive ? Ça va ??

   La panique dans sa voix accentua ma crise d'angoisse et je sentis les larmes monter. Je me mis à pleurer tout en tentant de remplir mes poumons, en vain. Je ne contrôlais plus rien et je refusais qu'il me voit comme ça. Je cachai mon visage dans mes mains et sentis les siennes s'enrouler doucement autour de mes poignets. Il s'agenouilla à ma hauteur et me força à lever mon visage vers le sien en tenant mon menton.

- Tout va bien Y/n, je suis là. Respire en même temps que moi d'accord ? Regarde-moi.

   Il prit une longue inspiration et souffla. Je fis de même et il répéta le processus 5 ou 6 fois.

- Maintenant tu vas regarder autour de toi et me dire tous les objets que tu vois.

   Je citais tout ce qui se trouvait autour de moi, toujours en sanglotant. Je ne comprenais pas l'origine de cette crise de panique et je me sentais ridicule dans cet état. Une dizaine de minutes plus tard, ma respiration était redevenue normale.

- Tu vois, reprit-il, tout va bien. T'es en sécurité ici et je suis là, rien de grave ne va se passer.

Je hochai la tête, j'allais mieux.

- Je te demande pardon Suga.
- Pourquoi tu t'excuses ?
- Parce que je te sollicite trop depuis ce matin, j'ai l'impression d'être un enfant qui ne sait pas s'occuper de lui-même, je suis même pas capable de...
- Chut chut, tais-toi, fit-il en posant un doigt sur ma bouche de manière théâtrale. Tu dis des bêtises encore. C'est moi qui ai décidé de faire tout ce que j'ai fait, tu n'as jamais rien demandé.

   Je souris et le remerciai. Il me proposa de rester encore un peu, ce que j'acceptai. J'aimais beaucoup sa compagnie, elle m'apaisait. Il pouvait être très calme quand il le voulait. Il tira la chaise de mon bureau près de mon lit et s'essaya.
   Je mangeai un peu de ce qu'il m'avait apporté et il commença à me raconter sa journée, le fait que Daichi n'était pas venu travailler sur un projet de biologie qu'on devait rendre le mois prochain parce qu'il était, je cite, « parti galoche sa copine », le fait qu'il était resté enfermé dans les toilettes parce que l'homme d'entretien pensait qu'il n'y avait plus personne, et enfin le fait qu'il s'était senti seul sans moi et mes blagues « pas ouf ».

- Jte demande pardon? m'écriai-je. De nous deux je suis la personne la plus drôle. Tous les memes dans ma galerie le prouvent.
- Dans tes rêves, je ris à tes blagues seulement pour ne pas te vexer. Et tes memes, jte ferai dire que c'est moi qui te les ai tous envoyés, imbécile.

  Je lui fis un doigt et il me tapa la main en rigolant. Il continua à parler de sa journée quand je sentis mes paupières s'alourdir. Sa voix me berçait et j'eus de plus en plus de mal à la percevoir au fur et à mesure que je sombrais.
Je finis par m'endormir et je ne l'entendis pas sortir.

࿐༉⟡꙳⋆