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Tic tac

Samedi 13 mars 2021, 17h27, France :

Marre des devoirs, marre des leçons, marre de l'école !

Je donne un grand coup dans la porte fermée de ma petite chambre, faisant trembler les murs.
Au dessous de mon appart, j'entend les voisins crier. Qu'importe.
Je suis en colère. Pourquoi faut-il que les cours existent ? Pourquoi l'école a-t-elle été inventée ? C'est comme si on l'avait créée dans l'unique but d'embêter les enfants de les priver d'une partie essentielle de leur vie.

Je m'assois sur mon lit, rageuse. Oui, je déteste l'école. Est-ce un défaut ? Je déteste les personnes qui aiment le collège. Ils se croient au dessus de tout le monde, ils se prennent pour des génies que personne ne peut égaler. Mes professeurs me détestent. Il n'y a qu'à voir la manière dont ils me regardent, me rendent mes contrôles à bout de bras, comme un déchet qu'ils ne veulent pas toucher. Voilà pourquoi je déteste l'école. Ça m'énerve, mais j'arrive tant bien que mal à ne pas brûler mes cahiers en les jetant par la fenêtre. Pourtant aujourd'hui, je n'en peux plus. Je le sais pertinemment, l'école est essentielle, le savoir mène à la vie et sans savoir, on est rien. Rien qu'une erreur, une tâche inutile dans l'immensité de l'humanité. Mais c'est plus fort que moi : Je hais les cours.
Se lever tôt le matin, quitter son lit si douillet, prendre en vitesse son petit-déjeuner pour ne pas louper le bus pour finalement attendre une journée entière à rien faire, écoutant un monsieur ou une dame payée pour déballer son savoir. Voilà ce qu'est l'école. Mais encore, si ce n'était que cela, je pourrais le supporter. Le problème ce sont les devoirs. Ces quelques mots marqués au tableau qui te mènent tout droit vers l'enfer, jetant à l'eau tous tes projets du week-end. Sérieusement, à quoi servent les devoirs ?

Voilà comment moi, Émeline Resseau, alias Emma, 14 ans, fille de profs, 1m70, asperge aux cheveux bruns, je divague encore au lieu de continuer ce foutu devoir maison de maths qui m'obsède depuis 3 heures.

3 heure.
Je ressens une étrange impression de faux, comme si cette information était erronée, alors que je sais pertinemment que c'est à peu près le temps que j'ai passé à faire ce devoir. Je vérifie l'heure.
17h30
C'est impossible, ça ne fait que 30 minutes que je suis dessus. Peu importe. J'imagine que le temps passe plus lentement que d'habitude, tellement ce devoir m'obsède.
En plus, comme mes parents font partie de ces étranges créatures qui tyrannisent les élèves, des profs, je n'ai aucun moyen d'y échapper. Je vais devoir finir ce foutu devoir, même si ça me prend la journée.

Le temps passe. J'y comprends toujours rien. Comment peut-on calculer des chiffres alors qu'il y a des lettres qui y sont mélangés ? Comment suis-je sensée savoir combien font 2x-3 ? -1 et x ?
Pffff. Des fois, j'ai l'impression que ma prof parle chinois. C'est sûr maintenant : je ne pourrai jamais rejoindre mes amis avant la tombée de la nuit. Dire qu'on devait traîner en ville...

Dépitée, je décide de regarder l'heure : 17h34
Mes yeux s'ouvrent de surprise. Cette fois, je n'ai pas exagéré : ça doit faire au moins plus d'une heure depuis la dernière vérification. Le temps passe si lentement que ça ? Je vérifie sur mon téléphone :
17h34 aussi.
Un peu perturbée mais pas super inquiète, je décide de chronométrer le temps sur mon téléphone pour le comparer avec l'heure. Ce mystère est toujours plus intéressant que mon devoir. En plus, ça reste des maths, je pense, satisfaite.

18h12 :
Ma mère entre dans ma chambre :
- Tu n'as toujours pas fini ton devoir de maths ? Mais que fais-tu de ta vie ? A ton âge, je n'avais que des 20/20 en mathématiques. Y'a pas plus simple comme matière. Tu as intérêt à avoir fini avant que l'on mange.

Une fois partie, je soupire. Des fois, je me demande à quoi servent les mères. Ce n'est pas leur but d'encourager leur enfant dans son parcours scolaire ? Et dire que j'étais sur la bonne piste pour résoudre l'exercice 2, avec tout cela, j'ai perdu mon idée. J'ai bien peur de ne pas la retrouver de si tôt.