Nouvelles de toute sorte et concours

Chapitre 1 : La promesse

« Tu ne m'attrapera jamais ! »

Un jour d'automne, alors que les deniers bateaux partaient avec la marchandise du coin, une jeune fille s'enfuyait en riant, un kilo de carottes à la main, poursuivie par un vieillard furieux.

« Ellie, si je t'attrape, je jure que tu t'en souviendras, cria l'homme, essoufflé.
- Essaies pour voir, vieillard ! Dit la gamine impertinente en lui tirant la langue. »

Au bout de quelques minutes, l'homme, essoufflé, laissa tomber sa prise. Il était trop vieux pour ce genre de choses.
Quand à Ellie, elle continue son chemin en marchant, satisfaite, une carotte à la bouche. Tout le monde la connaissait au marché. On l'appelait « la fouine », « l'impertinente », « la voleuse »... Chaque jour, venir au marché emprunter quelques aliments était, pour elle, le meilleur jeu de la journée.

Ellie Miller avait déjà 16 ans maintenant, mais elle restait très enfantine et on la prenait souvent pour une sorcière. Quelle jeune fille se promenait ainsi, ses cheveux noirs, sa peau sale, ses incroyables mauvaises manières, à travers la rue ?
Riant du scandale qu'elle faisait, elle ne respectait rien ni personne. Et ce n'était pas faute d'avoir essayer de la mettre à l'école. Mais cette chipie était sourde à tout ordre ou conseil. Du moins, c'était l'impression qu'elle donnait.
Aucun homme sensé ne voudrait d'elle comme femme ! Pas même un pirate ! Elle était bien trop agressive !

De retour chez elle, elle monta discrètement les escaliers. Sa famille était très pauvre, manquant cruellement d'argent, ils dépensaient toutes leurs économies pour réparer les bêtises de leur fille, espérant de tout leur cœur qu'elle se marierait vite. Mais voilà, Ellie n'avait aucune intention de se marier.

« Ellie, qu'as-tu encore fait ? Cria une voix dans son dos. »
La jeune fille sursauta, surprise, puis se retourna vers son interlocutrice, contrariée.
« Maman ! Ça ne va pas de crier comme ça ? J'ai juste pris une ou deux carottes ici et la. Il n'y a pas quoi en faire tout un plat ! »

Et avant que la mère ne réplique, là jeune Ellie avait déjà disparu dans sa chambre.
Mme.Miller soupira. Sa fille ne changera donc jamais ?

La chipie en question était allongée sur son lit, une carotte à la main et, de l'autre, l'affiche qu'elle avait arrachée à un arbre sur le chemin du retour. Elle regardait les différents symboles qui étaient marqués devant ses yeux avec avidité. Il était indiqué dessus qu'on recherchait les fameux pirates qui terrorisaient les pêcheurs et tous ces nobles qui prenaient des bateaux de croisière. Ellie ne savait pas lire mais l'image d'un homme barbu en colère avec un chapeau à trois pointes lui faisait beaucoup rire. Elle avait déjà entendu parler de ces « pirates » monstrueux. Mais elle n'en avait jamais vu un en vrai. Eux au moins, étaient libre de faire ce qu'ils voulaient, contrairement à elle. Pourrait-elle un jour devenir comme eux ? Elle se le demandait en soupirant sur l'affiche.

Le soir commençait à tomber et les habitants se décidaient à rentrer chez eux. Ellie regardait la mer avec envie, tandis que des voix l'appelaient dans son dos. Elle aurait voulu partir, mêlée parmi les voyageurs qui partaient pour d'autres horizons. Elle aurait voulu quitter cette terre au plus vite et défier les lois du possible pour connaître l'aventure. Mais l'attache d'une famille la retenait comme une chaîne à sa maison. Même si elle insistait ses parents à tout quitter, leur réponse resterait la même : ils n'avaient ni les moyens, ni l'envie de partir, eux.
La jeune fille était fatiguée de leurs reproches. Ils ne comprenaient rien de toute manière. A chaque bêtise, elle était accusée et subissait les reproches de tous. Mais était-ce de sa faute si ses parents n'arrivaient pas à trouver du travail ? Tout ce qu'elle faisait, c'était de voler pour qu'ils puissent se nourrir, de rattraper LEURS bêtises, juste parce qu'ils ne travaillaient pas. Mais non, il avait fallu qu'ils remboursent tous les frais de nourriture dont ils avaient tant besoin, rendant leur demeure de plus en plus petite et de moins en moins solide.
Au troisième appel de ses parents, Ellie se retourna, furieuse. Pourquoi fallait-il que les parents aient toujours raison ?