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Après s'être faite trimballée un long moment, Asase pressentit qu'elle ne tarderait pas à arriver à destination.

La main de son kidnappeur, qui lui agrippait fermement mais pas violemment le bras, relâcha son emprise.

"Avance s'il te plait, s'éleva alors sa voix restée muette depuis des heures, nous sommes arrivé.e.s."

Asase, ne pouvant ni parler ni se débattre, décida de s'exécuter.

Elle avançait, guidée par son interlocuteur.

Asase entendit une porte automatique s'enclencher et perçu au loin ce qu'elle comprit être un nombre important de voix.

Elle conclu qu'elle était arrivée dans une sorte d'endroit animé, et au fur et à mesure qu'elle distinguait les conversations qui y avaient lieu, elle comprit rapidement qu'elle se trouvait dans une base de rebelles. Un frisson de dégout lui parcouru désagréablement le corps.

Les voix des hommes passionnés se turent une fois la présence d'Asase et du mystérieux individu, qui l'avait emmené en ce lieu, remarquées.

"Lou ! S'écria un homme à la voix grasse et enrouée. Camarade ! Qu'est-ce que tu nous amènes là ?

- Un membre du personnel d'entretien du palais, entendit Asase juste derrière elle.

- Du palais ?! Tu as réussi alors ? En voilà une surprise, moi qui pensais ne jamais te revoir de cette mission suicide, ricana l'homme.

- Tu me sous-estimes Stef.

- Comme à mon habitude, tu sais bien. Enfin, dit-il plus sérieusement en se raclant la gorge, tu as réussi ta mission, mais maintenant que comptes-tu faire avec ce... "membre du personnel" ? C'est pas vraiment grâce à une servante ramasseuse de poussière que j'imaginais la chute des GRANDES MATRIARCHES.

Des rires se firent entendre au fond de la pièce.

- Quelle question ! Contrairement à vous qui vous roulez les pouces à longueur de journée, en allant embêter de temps à autre quelques soldats de la garnison pour vous donner bonne conscience, moi je me voue à servir la Rébellion. Sauf ton respect "Capitaine", si tu te tenais au courant, tu saurais que MAAT prévoit un déplacement vers l'une de ses récentes colonies dans les jours à venir. J'essaye juste de mettre toutes les chances de mon côté pour faire quelque chose !

Alors que le ton monte, Asase entendit le Capitaine frapper de ses paumes ce qui semblait être une table ou un bureau. Lou en faisant glisser doucement sa main, lâcha Asase pour la première fois.

- Et pour faire quoi exactement ? Tu crois que je ne sais pas que MAAT part pour Vénus d'ici trois jours ? Je sais très bien ce qui se trame, mais actuellement, malgré toutes les informations dont peut disposer mon unité ou la Rébellion elle-même, il n'y a rien que nous puissions faire. Je n'ai pas besoin de te rappeler l'inefficacité de nos forces militaires.

- J'en ai parfaitement conscience, Stef, c'est pour cette raison même que j'ai ramené cette jeune femme, dit alors Lou en prenant celle-ci par l'épaule. Si on veut battre, ou au moins atteindre, les MATRIARCHES, il nous faut utiliser d'autres atouts que la force.

- Où veux tu en venir Lou ?

- Je prépare quelque chose depuis plusieurs semaines: Je compte atteindre MAAT personnellement et la présence de cette femme est essentielle à la réussite de mon plan.

Asase ressentit un pincement au cœur. Pour la première fois, elle pris peur de la situation dans laquelle elle se trouvait.

Un silence dominait désormais la pièce. Le Capitaine ne semblait plus vouloir contredire son subordonné. Ce que proposait Lou attisait sa curiosité.

Lou continua alors.

- Comme nous le savons, MAAT quittera Abraxas dans trois jours pour contrôler le développement de sa nouvelle colonie Venus, et accessoirement gagner les faveurs des natifs qui s'y trouvent. C'est la première fois depuis des années qu'une des MATRIARCHES quitte la Colonie Mère. C'est une occasion qui ne se reproduira jamais !

- En effet... ne pouvait qu'agréer le Capitaine.

- Se rapprocher d'elle sera plus facile que d'habitude. Étant donné que son déplacement n'est pas officiel, il lui faudra ne pas s'attirer l'attention: sa garde sera donc forcément réduite !

- Mais pas inexistante.

- Certes, mais c'est la première fois qu'elle sera aussi peu renforcée ! Nous ne pouvons pas le négliger.

Alors que Lou ne pouvait cacher son enthousiasme à l'idée de son plan, cet élan fut vite entravé.

- Et que vient faire cette fille dans tout ça ? S'éleva au fond de la pièce, cette fois-ci, une voix féminine froide et sèche, ne montrant aucun engouement à l'once d'espoir que proposait Lou.

- Elle est une des rares personnes d'entretien des quartiers des MATRIARCHES.

- Oui, qu'elle nettoyait leur crasse, ça je pense que l'on avait déjà compris, continua-t-elle de manière très désagréable.

- Il s'agit de quelque chose de bien plus grand que ça. Cela fait des semaines que je surveille de loin le palais, et que je rassemble le plus d'informations possible. J'ai découvert un jour par hasard, que MAAT appréciait une certaine compagnie quand elle n'avait pas de mondes à détruire.

Asase comprit où en voulait venir Lou. Elle ne put s'empêcher de lâcher un gémissement de surprise. Elle essaya de se retenir, mais son corps tout entier trembla violemment.

Lou semblait avoir remarqué la soudaine frayeur de sa captive, et instinctivement vint poser sa main sur son épaule.

- Insinuerais-tu qu'elle dispose d'informations... particulières ? Demanda alors le Capitaine resté modestement silencieux.

- En effet, c'est fort probable.

La réponse vague et presque hésitante de Lou laissait entendre qu'il y avait plus à cela, mais l'assurance qui accompagna ces mots affirmait que tout était sous contrôle.

Un silence dérangeant, dont on ne connaissait ni ce qu'il cachait ni ce qu'il disait, prit parole à son tour.

La jeune femme, n'aimant pas cela continua de remettre en cause Lou et son plan.

- Pourquoi restes-tu si calme ? Qu'y a t-il que tu ne nous dis pas Lou ?

- Rien dont vous devez vous préoccuper pour le moment. J'ai des choses à régler ailleurs, je vous la confie.

Sur ces mots, Asase sentit Lou se déplacer.

Lou partit, laissant la prisonnière seule, aveugle et attachée, au milieu d'une meute d'hors la loi, prêts à faire d'elle une seule bouchée.

Le Capitaine, son autorité retrouvée, ne perdit pas de temps à reprendre les choses en mains.

- Vous autres, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Emmenez la fille en salle d'interrogatoire !

VENUS ATTACKWhere stories live. Discover now