Chapitre 4

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Je suis sorti de ce lieu misérable, j'ai appelé un taxi, je l'attends. Cinq minutes passent puis dix. Plus le temps s'écoule moins je me sens en sécurité aux abords de cet endroit dit convivial et festif.

Je vois des gens parler très fort, balbutier, d'autres tituber. Il fait très chaud et les réverbères donnent aux personnes une apparence très particulière qui ne m'inspire rien de bien. Les filles d'ici me font plus pitié que peur avec leur maquillage noir qui s'enlève à cause de la sueur dû à la chaleur effervescente de la boîte. Elles ont l'air de sorcières. Puis le chauffeur arrive au bout de trente minutes. Il doit être turc. Il est propre sur lui avec une belle moustache. Même s'il est assis et affaissé je peux voir qu'il est bien bâti. Je rentre dans le véhicule, il me dit avec un petit accent « désolé pour l'attente, c'est la folie ce soir. Les vendredis soir il y a beaucoup de clients normalement ... mais là, c'est fou ! Quelle est votre destination ? »

"La Corniche Monsieur"

Le fait d'être rentré dans un taxi, qui plus est la nuit, me fait penser à quelque chose d'un peu flippant et de fascinant à la fois : mon conducteur pourrait- être Travis Bickle. J'ai fini le livre dont le personnage est l'héroïne un peu dérangé et quelque peu touchant. Pour transporter des gens, parfois éméchés, louches ou dangereux qui à tout moment peuvent mettre votre vie en péril, il faut être soit très courageux soit un peu timbré. Soit un peu des deux. Je m'aperçois vite que quelque chose n'est pas normal chez ce type. Il a les yeux exorbités et paraît très agité, il fait des gestes bizarres et brutaux, comme ferait un épileptique. Je pense qu'il a dû prendre de la drogue. Il prend les virages avec brutalité et regarde partout comme si on nous poursuivait. Il n'arrête pas de murmurer des choses incompréhensibles. « Est-il fou ? », c'est la question évidente que je me pose. J'avoue qu'il me fait peur. Je ne savais pas que le monde de la nuit était si sordide. Moi, je ne vois ça qu'à la télé. Ces métiers nocturnes ne sont pas faciles, sa vie ne doit pas l'être non plus. Le trajet dure une vingtaine de minutes et à la fin de la course il me demande trente euros, je lui en donne cinquante. J'en aurais donné autant à Bickle pour la même course.

"Non garde-les mon grand tu en auras besoin pour t'amuser et faire autre chose, t'amuser et tout, tiens " me dit-il en me tendant le surplus que je refuse.

"Non Monsieur j'insiste, bonne soirée" dis-je en partant.

Une vingtaine de minutes plus tard je suis enfin dans mon lit.

L'Esseulé sentimentalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant