Chapitre 3

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La nervosité de Takao était monté d'un cran. Midorima suspectait quelque chose, c'était évident. Le regard insistant que son camarade avait posé sur sa personne dès que celui-ci était revenu de sa douche ne le trompait pas. Takao avait sentit ses yeux sur lui jusqu'à ce qu'il quitte à son tour la pièce. Assurément, Midorima avait remarqué un changement chez son camarade. Takao ignorait s'il devait s'en réjouir ou non. Quelque part, l'idée que Midorima puisse s'intéresser de prêt ou de loin à lui, faisait plaisir à son camarade. Néanmoins, il n'avait pas spécialement envie que le jeune homme se rende compte de ses sentiments grandissants pour lui. Cela le rendait mal à l'aise, peu sûr de lui, lui donnait des sueurs froides et il ne pouvait empêcher ses mains de devenir moite d'appréhension.

Il s'habilla avec rapidité, la gorge nouée, et alla rejoindre Midorima dans la chambre.

- Bon, on va pouvoir aller préparer le petit déjeuner. Ma mère dors, et étant donné que mon père en fait de même, alors on va devoir se débrouiller tous seuls.

Et ça tombait très bien puisqu'il n'avait aucune envie d'expliquer à ses parents son air de six pieds de long. 

Il n'avait aucun doute sur le fait que ses parents remarqueraient tout de suite que quelque chose clochait chez leur fils. De ce fait, Takao était bien content qu'ils ne soient pas encore levé. La préparation du petit déjeuner - qui était d'ordinaire la spécialité de sa mère - lui permettrait de penser à autre chose qu'à Midorima. Ceci même si celui-ci se trouverait dans la même pièce que lui.

- Qu'est-ce qui te ferait plaisir Shin-chan? demanda-t-il en enfilant un tablier appartenant à sa mère.

Son camarade ne prit même pas la peine d'y réfléchir très longtemps avant de lui servir une réponse.

- Peu importe. Fais ce que tu veux.

Takao lui adressa un sourire qu'il n'espéra pas trop forcé, se touna vers la cuisinière, retroussa ses manches après avoir enfilé un tablier et s'attela à la tache. Par réflexe, il alluma la radio pour permttre à Midorima d'écouter Oha-asa.

D'ordinaire, ce genre d'attention avait tendance à faire plaisir à Midorima, mais ce matin, le jeune homme avait l'esprit ailleurs.

Ses pensées toutes tournée vers son camarade, il ne cessait de se demander s'il pouvait lui faire confiance quand celui-ci lui disait que tout allait bien. C'était peut-être son imagination, mais il trouvait Takao... trop silencieux. Certes, il chantait en préparant le petit déjeuner mais... ne lui adressait pas une seule once d'attention, contrairement à ses habitudes. Midorima l'avait connu plus bavard. Plus rentre dedans. Le jeune homme aimait lui poser des questions personnelles à toute heure et tout moment de la journée. Takao se complaisait à pénétrer dans sa vie privée, donc le fait qu'il soit aussi... muet - presque refermé sur lui-même - le mettait presque mal à l'aise. Malheureusement, il n'osait pas insister, et lui redemander si tout allait bien.

Ça ne le regardait probablement pas non plus.

Une fois à table, Takao se remit à parler, certes, mais seulement de la pluie et du beau temps. Ce qui aurait dû convenir à Midorima... mais encore une fois, quelque chose clochait dans l'attitude de son camarade. Il évitait soigneusement son regard, paraissait nerveux, et avala son repas plus vite que d'habitude pour s'empresser d'aller faire la vaisselle.

Ce qui ne collait pas avec le Takao qu'il connaissait.

Il repensa aux cernes immenses qui maquillaient les sous-paupières de son camarade, et retint un soupir avant de finir son bol de riz et sa soupe miso, toujours en silence.

La suite de la matinée fut pour le moins routinière. À la seule différence que Midorima préféra prendre le guidon plutôt que de laisser Takao les conduire jusqu'à la boutique d'antiquité, puis jusqu'au lycée dans un état qui leur aurait peut-être valu un accident de la circulation, si ce n'est pire. Le jeune homme ne faisait pas confiance à ses cernes qui traduisaient un état clair de fatigue avancée. Rien que ce matin, Takao avait brisé trois bols en les lâchant inopinément dans le bac rempli d'eau. Midorima aurait très bien pu mettre cet accident sur le compte d'une maladresse quelconque, mais il s'était vite détrompé en se rappelant que Takao était tout sauf quelqu'un de maladroit, et s'était permi de prendre les devants avant qu'une autre catastrophe ne survienne.

Cela avait tout d'abord surprit Takao qui s'était installé sur le vélo par pure habitude. Puis le jeune homme avait finit par lui laisser sa place quand Midorima avait émit des doutes sur sa capacité de rester concentré plus de quelques minutes sur la route. Autant dire tout de suite que la transition ne s'était pas faite calmement. Takao s'était sentit vexé que Midorima ne lui fasse pas confiance, lui qui s'énervait rarement, et qui se riait la plupart du temps de ses remarques acerbes. Midorima s'était vu dans l'obligation d'insister, et avait finit par obtenir raison après moult insistance.

Midorima s'était même vu obligé d'ajouter que cela l'inquiétait suffisamment pour qu'il se voit dans l'obligation d'insister, alors qu'il n'était pas franchement à l'aise avec ce genre d'expression, mais sur le moment, il n'avait pas su quoi dire d'autre pour convaincre son camarade, et - heureusemnt pour lui - Takao avait finit par obéir à ses demandes. Bercé par les remous de laroute, l'imbécile finit même par s'endormir dans le pousse-pousse.

Midorima le laissa dormir, trop content qu'il se repose un minimum, mais tout de même légèrement inquiet pour Takao, et fit ses emplettes sans rencontrer le moindre accident en cours de route. Il aurait pu remercier Oha-asa mais il dût vite reconnaître que pédaler lui prenait toute son énergie. Il fut accueillit à l'entrée de leur établissement par leur aîné, Miyaji. Celui-ci arrivait toujours plus tôt que tout le monde, et avait prit l'habitude de s'échauffer puis de commencer l'entraînement avant leur arrivé, mais puisque les deux partenaires avaient dormi au même endroit, que Takao s'était préparé sur les chapeaux de roues au réveil, et que Midorima n'avait pas chaumé  pour pédaler, il ne fut pas vraiment surprit de croiser Miyaji à cet instant même. Ce qui ne fut pas vraiment le cas de Miyaji lorsque celui-ci les reconnu de loin..

- Tiens? Vous êtes déjà là? s'étonna le jeune homme en arrivant à leur hauteur, non sans jeter un regard circonspect vers l'arrière du pousse-pousse où restait assoupi leur meneur de jeu.

Midorima acquiesça, s'abstenant de préciser qu'ils avaient passé la nuit chez Takao.

- Tu as perdu à pierre-feuille-ciseau ce matin? s'exclaffa le troisième année.

- Non. Pire, répliqua-t-il sans prendre la peine de lui expliquer ce qu'il voulait dire par "pire".

- Tu l'as tué par accident? questionna Miyaji en se penchant sur Takao pour vérifier qu'il respirait toujours.

- Non. Il s'est endormit sur le chemin.

- Oh le vilain garnement, rit Miyaji en sortant sa bouteille d'eau de son sac. Je vais lui apprendre, moi, ce qui arrive à ceux qui ne prennent pas le temps de profiter de la nuit pour se reposer quand c'est l'heure de dormir.

Puis il dévissa le bouchon.

Le Sutra de Shin-chan - Kuroko No BasketOù les histoires vivent. Découvrez maintenant