Détente

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Son bras gauche était totalement ankylosé suite à la transe créative du soir dernier, et ne lui permettait plus que d'effectuer des mouvements simples et raides. Allongée comme elle l'était sur son divan, elle pouvait distinctement entendre chaque goutte qui tombait sur son toit. Elles avaient toutes une manière de chuter qui leur étaient propre, et accompagnaient leur acmé d'un ploc retentissant. La pluie tombait, de plus en plus drue. Certaines de ces larmes célestes, terminaient leur course effrénée, réceptionnes par la mince paroi de verre qui les invitait chaleureusement à s'évaporer. Elle arrêta un moment de se consacrer à l'inéluctable tragédie aqueuse qui se déroulait au-dessus d'elle, pour se féliciter des proses qu'elles avait composé. C'était une belle et naïve histoire d'amour, comme elle s'était accoutumée à les écrire. Nola ne pensait pas son histoire tout à fait fait fantasque, mais doutait tout de même de son originalité, elle reprit donc son carnet pour s'atteler à transfigurer celle-ci. Une fois qu'elle fût à bout psychologiquement, qu'elle eût fouillé le moindre recoin obscur de son intellect à la recherche de quelque inspiration, elle déposa majestueusement l'instrument vidé de son corps. Cette action anodine déclencha sans qu'elle s'y attende un hormone égaré. Elle sanglotait doucement, et commençait à se parler en balbutiant. Elle se confondait à présent en excuse pour tout ce qu'elle avait fait, toutes les atrocités qu'elles avaient commises. Songeant qu'une sortie lui ferait le plus grand bien, elle descendit à la hâte les escaliers qui la séparaient de l'excursion, et inspira vigoureusement une fois à l'air libre. 

Les garçons ne pleurent pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant