Aujourd'hui, vous pouvez nous croiser, toi et moi, chacun marchant sur le chemin que l'un a choisi, et l'autre a subi. Qui pourrait le deviner, derrière ces visages plongés dans un ciel triste et grisonnant, se cachent deux âmes liés pour l'éternité. Que derrière ces deux, l'univers les croyant inconnus, se cachent une connexion que nul ne peut comprendre, même pas eux. Lorsque l'on croise quelqu'un dans la rue, personne ne réagira d'une manière similaire. Certains pressés par leur montres n'y feront même pas attention, d'autres curieux, imaginerons. Qui es-tu petit être solitaire, te baladant si tard en ce jour, où vas-tu à cette allure ? Malgré ces interrogations mystérieuses que chaque esprit humain reconnaîtra, personne ne sait si ses suppositions sont vraies, ou si elles sont au maximum de l'absurde.
Notre amour était absurde.
Je ne sais si tu y as vraiment cru un jour. Tu l'avais déjà elle, alors que moi je n'avais que toi. Pourquoi s'être lancé, alors qu'on voyait la souffrance arriver. En tout cas, je la voyais moi...
Je suis maintenant persuadée qu'un sourire est la plus belle des armures. Dans n'importe quelle situation, le sourire trompera.
Tu veux rendre jaloux ? Souris.
Tu veux partager ta joie ? Souris.
Tu veux cacher ce cauchemar qui te ronge et te piège ? Souris leur.
Personne n'a su, personne n'a vu.
Personne ne saurait rien si j'avais décidé de ne rien dire.
Mais je l'ai fait. Je me suis confiée. Je leur ai montré le visage que je portais seule sous les étoiles jusqu'à présent. J'ai du les effrayer. Je ne voulais pas leur faire peur de l'amour. C'est la plus belle chose.
Ce sentiment est indescriptible.
La dernière fois que l'on s'est recroisé.
Tu étais venu accompagné de ta famille, à un petit concert sur une place en ville. Jamais, tu n'aurais pensée en tournant la tête vers les marches de cette église, croiser mes yeux. Tu m'as ignoré. Elle n'était pas là. Ta famille s'est éloignée.
Tu étais seul sur cette place. Avec personne d'autre que moi.
Il y a eu un coup de vent. Il transportait tous nos souvenirs. Entre nous. Nous étions si près l'un de l'autre, mais pourtant si loin.
J'étais venu avec une des rares qui savaient pour toi. Les soirées d'été sont faites pour profiter dit-on. Se retrouver après de longs mois, rire ensemble, se raconter les derniers ragots. Voilà à quoi on a passé la soirée. Jusqu'à toi. Elle a su que tu arrivais quand mon regard s'est tout à coup décomposé.
Plus aucun bruit. Plus personne. Même pas moi.
Juste toi.
Marchant sans encore m'avoir vu. Peut être que tu pensais à elle.
Mais elle n'était pas là. Juste moi. Et toi. Ce sera toujours comme ça.
Cela fait parti des raisons pour lesquelles je n'ai pas tourné définitivement la page. J'ai passé mes soirées à me demander où tu étais, ce que tu faisais et avec qui... En oubliant même parfois de profiter moi-même du présent.
Marcher dans les rues où tu étais passé quelques heures plus tôt sans que je le sache,
Observer chaque terrasse de café en espérant voir une casquette familière assise à l'une des tables,
espérant ou pas d'ailleurs.
Je refuse d'admettre que j'ai encore envie de te croiser.
Parce que, malgré l'indifférence, je ne te laisse pas indifférente. Je le sais, et je l 'ai vu de nombreuses fois. Alors dans un instant de folie, j'aime en jouer.
Parler fort lorsque tu n'es pas loin, te dépasser en marchant et rouler des hanches, pour pouvoir sentir ton regard pervers sur moi.
C'est toxique, je n'utilise ce mot que maintenant, bien que je le sais depuis le début. Mais je refusais seulement de le prononcer.
Mais que serait la vie sans quelques prises de risques ?
Quoique je fasse, quoique je ressente pour un autre, quoique que tu vives, je sais que les frissons que l'on ressent lorsque nous sommes trop proches l'un de l'autre ne disparaîtront jamais. Les sentiments de s'effacent pas, ils s’archivent.
Et toi,
Tu m'as archivé comme un vulgaire dossier de paperasse ennuyante de relevé de compte de trois années précédentes.
