27. Relâche mon louveteau

555 56 9
                                    

"Salut Harry..."

"Mmmrf ?"

"Réveille-toi, c'est le matin..."

Ses courbatures crispaient son corps et un marteau-piqueur semblait s'être allumé dans son crâne. Il sursauta et activa un bouclier de protection en flamme tout autour de lui avant d'ouvrir les yeux.

"R... Red ?" le bouclier céda. "Comment tu m'as trouvé ?"

Il avait passé une bonne partie de sa nuit à chercher un coin où dormir en paix et s'était finalement infiltré dans un parc et allongé derrière des buissons pour échapper aux gardes de nuit qui chassaient les SDF et les jeunes du quartier armés de leur lampe-torche. Il avait eu un mal de chien à trouver le sommeil et s'était finalement endormi aux premières lueurs du jour.

"Une louve trouve toujours ses petits." répondit-elle en lui tendant un sandwich au pâté et un sac rempli de cookies. "Manges et vas bosser, je n'aime pas te savoir dehors..."

"Bah il aurait fallu, j'sais pas, peut-être ne pas me claquer la porte au nez ?!"

"J'ai besoin d'avoir des loups indépendants, pas des bouches supplémentaires à nourrir."

Après lui avoir donné de quoi déjeuner dans l'après-midi, elle le laissa. Il avait une journée pour gagner le droit de dormir à la maison. Largement suffisant, il était Harry Potter, après tout : rien ne lui était impossible !

Il passa sa matinée à faire voler des objets et de l'argent directement des poches de ses victimes à sa besace qui ne tarda pas à se remplir généreusement. Il n'y avait pas encore de quoi rembourser sa dette (de toutes les manières, il avait une année devant lui) mais suffisamment pour rentrer à la maison.

... Peut-être aurait-il dû s'arrêter là. Oh oui. Mais tout le monde le qualifiait déjà de serpentard en herbe et ses ambitions grandissaient de jour en jour. Quelques pièces d'or ne tuerait personne, pas vrai ?

"Arrête-toi, gamin. C'est fini."

Son corps s'était brusquement raidi et il avait beau lutter, sa magie ne lui était d'aucun recourt face à deux aurors sûr-entraînés. Tout son butin durement acquis lui fut arraché par un sortilège très pratique permettant de rendre chaque objet ou pièce à la dernière personne les ayant tenu en main. Pieds et poings liés, il fut trimballé sans plus de ménagement qu'un sac-à-patate jusqu'au centre de justice sorcière le plus proche.

"Nom, prénom, âge, sang et moyen de contacter les parents." ordonna l'auror qui se chargeait de son dossier tout neuf.

Merde, merde, merde, merde, merde...

"Écoute, je ne vais pas jouer à ce p'tit jeu longtemps. Si tu ne réponds pas, je vais regarder les archives de Poudlard et trouver ta lettre d'admission, il y en a une pour chaque jeune sorcier anglais par défaut. Même si tes parents t'ont désinscris, nous en gardons une trace ici."

"Je ne..." commença-t-il avec des larmes plein la voix, il n'arrivait plus à faire le fier.

Quelques minutes passèrent dans un silence de mort et l'enfant fixait l'adulte avec une haine non-dissimulée. Ce dernier soupira longuement et s'apprêtait déjà à aller fouiller ses fameuses archives quand la porte s'ouvrit dans un fracas :

"WOLFGANG !"

Red entra comme une furie et sa lèvre supérieure était retroussée sur ses dents comme une louve prête à bondir sur sa proie. C'était impressionnant, Harry n'avourait jamais que ça lui fichait carrément la trouille. Non non, il n'était pas en train de se tasser sur sa chaise...

"Relâche mon louveteau ! Immédiatement."

"Oh ?" s'étonna l'auror. "Il est à toi ?"

L'homme s'approcha de lui pour détacher ses liens magiques et en profita pour le renifler consciencieusement.

"Tu ne l'as pas marqué comme tiens." accusa-t-il. "Comment étais-je censé le deviner ?!"

"C'est vrai, excuse-moi, j'avais oublié... Il n'est pas miens mais je le considère comme un loup."

Wolfgang lui tournait autour, approchant bien trop son nez du jeune sorcier qui luttait pour ne pas lui envoyer son poing en pleine face.

C'était. Quoi. Son. Problème ?!

"Pouah !" hurla-t-il soudainement comme si l'odeur lui avait brulé les narines. "Il appartient à..."

"Prononce pas ce nom !" ordonna Red d'une voix sèche. "On y travaille."

"N'hésite pas à me contacter, si t'as besoin d'une aide en interne..."

"J'y songerais." dit-elle d'une voix douce avant de changer carrément de ton à l'intention d'Harry qui ne prit pas peur pour la deuxième fois de sa journée, non non : "TOI ! Suis-moi. Pas un mot."

Wolfgang lui envoya un regard compatissant, il allait certainement recevoir une belle correction.

"Un cookie avant de partir ?" proposa-t-il mais la porte lui claqua au nez, il ne s'en formalisa pas et croqua dans le biscuit en haussant les épaules.

Livre 0 : Le Pouvoir de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant