Dodo

1 - Un ennemi mortel

Cinq grands cuirassés se suivaient de très près, accompagnés discrètement d'une barque en forme de cerceuil, encadrée par deux bougies aux flammes vertes.

L'homme assit sur le siège au centre de cette barque, le chapeau plumé baissé sur ses yeux, ne disait pas un mot, et se contentait de suivre les cuirassés, comme on lui avait demandé de le faire.

Ils approchaient d'une île estivale, nommée Kokito Sun, située sur Grand Line. Une île criblée de palmiers, de plages blanches, et de lumière. Ils n'étaient pas venus pour des broutilles. Ils étaient là pour capturer quelqu'un. Une seule personne. Dont, Dracule Mihawk, le Grand Corsaire assit sur ce navire mortuaire, n'avait jamais entendu parler.

Les cinq cuirassés s'arrêtèrent bientôt devant une haute falaise dépassant largement les bateaux de sa hauteur, marquant l'un des littoraux insulaires. La barque sombre suivit le mouvement, et le plus grand sabreur du monde, se mit debout, pour observer le bout de terre.

- Au risque de me répéter, je souhaite toujours savoir pourquoi je suis indispensable à cette mission. Dit-il calmement.

- Mihawk ! Arrêtez votre char ! S'écria un contre-amiral, penché au-dessus du bastingage. On parle d'une arme antique !

- Je pensais qu'il n'existait que 3 armes antiques. Uranus, Pluton, et Poséidon. Pourquoi ne parle-t-on pas d'une quatrième arme ?

- Demandez ça au gouvernement ! Mais vous avez intérêt à prendre Cronos au sérieux, c'est la plus redoutable !

Mihawk lança une œillade las au contre-amiral Sagi, qui eut des sueurs froides.

- Redoutable ; cependant, je n'ai pas entendu parler ne serait-ce que du nom de cette personne. Ce n'est pas bénin. Je ne vois pas en quoi elle représente un danger. Cinq cuirassés devraient amplement suffir.

À peine eut-il terminé sa phrase, qu'une silhouette se dessina au bord de la falaise. Ce qui ne manqua pas d'attirer le regard du Shichibukai et des marines, dont les matelots s'affolèrent.

Le Corsaire observa. C'était une femme. Un épais bandeau bleu nuit cachait ses yeux, mais elle semblait étrangement voir. Vêtue simplement, elle regardait les cuirassés, immobile.

Le contre-amiral Sagi attrapa rapidement un écargophone apporté par un matelot, et commença à parler. Sa voix résonna dans les haut-parleurs.

- Edy D. Itai ! Rendez-vous immédiatement entant que Cronos auprès de la marine, et tout se passera bien !

La silhouette releva le menton, sans geste brusque, et prit un certain moment pour observer dans la direction du contre-amiral. Elle leva ses deux mains, et fit se rejoindre les deux bouts de ses index.
Quand elle les sépara, un fil blanc était relié entre ses doigts. Mihawk fronça les sourcils, comprenant parfaitement que cela devait faire parti du pouvoir maudit de ce soi-disant Cronos.

La femme saisit ce fil entre ses pouces et ses index, et tira d'un coup sec dessus, coupant le fil en deux.

Soudain, le contre-amiral s'effondra raide mort sur le pont du cuirassé, tandis que des matelots accouraient vers lui en criant. Mihawk rembrunit d'autant plus son regard, en jettant ses prunelles dans la direction du navire de guerre.

Son regard se porta de nouveau sur la femme. Le fil qu'elle tenait auparavant entre ses doigts, était devenu noir.

- IL EST MORT ! Hurla un matelot, les larmes aux yeux.

La femme posa sa main gauche, contre son épaule gauche, délicatement, et en la retirant, des dizaines, et des dizaines de fils étaient reliés entre son épaule et toute sa main.
Elle porta sa main droite devant elle, et leva deux doigts, comme un signe de la victoire, et dans un geste fluide, utilisant ses doigts comme des ciseaux, coupa tous les fils, en un coup.

La seconde d'après, tous les hommes présents sur les cuirassés qui accompagnaient le Shichibukai, tombèrent au sol, comme vidés de leur âme. Et tous les fils étaient noirs.

Mihawk ne sut vraiment réagir, et se contenta de regarder les soldats mourir de concert, certains passants par-dessus le bastingage et tombant à l'eau.

Quand plus un bruit ne résonnait plus sur les navires au pavillon blanc et bleu, Mihawk alla croiser de nouveau son regard de faucon avec cette silhouette.

Celle-ci le regardait. Elle le fixait.
Sur son navire-mortuaire, debout. Aucun des deux ne bougeait, et le Grand Corsaire sentait les yeux de cette femme derrière ce bandeau bleu, l'observer sous toutes ses coutures.

Elle fit délicatement sortir un fil entre ses deux index, comme plus tôt, et un léger sourire orna ses lèvres. Alors que les yeux de Mihawk, observaient, plus grand. Et qu'elle aussi ne cessait de le contempler.

Elle brisa le fil.

Ce sourire toujours affiché sur son visage, presque invisible.
Les yeux du Shichibukai, immobile, devinrent vides, tellement vides, qu'il paraissait mort.

Dans le néant le plus total, il s'effondra sur son propre navire, tombant en arrière, finissant assis sur son siège juste derrière lui.

Dracule Mihawk était mort. Son cœur ne produisait pas un seul battement.
Rien. Pas de vision particulière du paradis, de l'enfer. Rien. Son esprit et son corps n'était plus rien qu'un tas de matière, aussi insignifiant qu'un rocher au fond de l'eau.

Or, après ce qui semblait être des jours lorsque ses yeux virent le ciel ; il reprit conscience. Son torse se souleva dans une grande inspiration incontrôlée, et il se sentait comme s'il n'avait jamais dormi aussi profondément.

Tout lui revint en tête, et il tourna son regard ambré autour de lui. Les cuirassés silencieux étaient toujours là. Le temps n'avait pas changé. Comme si seules quelques secondes s'étaient écoulées.

Et c'était le cas...

Soudain, se rappelant de la cause de ce qui venait de se passer, il regarda vers la falaise, et ses yeux se posèrent sur la silhouette. Elle était toujours là. Elle avait le même sourire, étrangement bienveillant. La même position. Et ce fil entre ses mains.

Mihawk le regarda. Il se souvenait parfaitement bien que c'est en le brisant qu'il s'était évanoui.

Le fil, était blanc, mais en son centre, il portait un nœud noir. Et il comprit dans la seconde.

Elle l'a tué, en brisant le fil de sa vie, et l'a fait revenir à la vie, en le nouant.

Il se redressa comme il put sur son siège. Encore secoué d'être mort de longues secondes.
Et il fronça les sourcils en regardant ce visage.

Cette femme possède la vie, et la mort. C'est l'arme antique la plus redoutable du monde.
Itai.