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Ce rythme harmonieusement cadencé qui, imperturbable, proclame chaque seconde sa velléité d'exister avec une absurdité dérisoire, c'est celui de la vie. Tandis que j'évolue amèrement dans l'abrupt algidité hivernal, il persiste à battre doucereusement, abrité par la chaleur de ma chair. Je tente de submerger mon indicible désarroi , portant hâtivement mes pas vers  les rives du Styx, près desquels j'abandonne précipitamment mes membres courbaturés. Je me sens affadi par le manque de déplacement, et comprends avec une soudaineté déconcertante, qu'est venu l'opportunité de mettre fin à mon existence irrationnelle, de rejoindre la Camarde dans la neutralité. Car c'est précisément cette insensibilité qui serait apte à tarir mon inexprimable souffrance. Alors, une dernière inspiration, ultime conjecture de mon appartenance au genre humain, puis mon âme se précipite dans l'abîme, mon esprit se déchire furieusement au passage des lémures délétères. Dans cette dernière et rauque inhalation, les traces que j'ai délaissées, vestiges fatals de mon agonie, se noient péniblement dans la désolation funeste que je leur ai légué, et implorent avec une véhémence superflue le temps de ne pas les annihiler. Tout n'est plus qu'affliction ici-bas, mais moi,  je suis à l'éden, mon être assoupi pour l'éternité ne s'évertue plus à rechercher quelque vaine euphorie, et se contente de rêver à ce qu'aurait du être ma présence au sein de cet univers singulier, simple amas de matière incohérent.

Disparition placideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant