Lors d'un défi proposé par zana1610, on m'a proposé d'écrire une lettre émouvante adressée à qui ou quoi l'on veut. Faut croire que ça tombait bien, puisque j'avais dû laisser partir ma mère peu de temps auparavant.
***
Maman,
Bientôt deux mois que l'on ne s'est plus vus.
C'est bête, quand même. C'est maintenant que ce n'est plus possible que je voudrais t'appeler. Pour entendre ta voix, te parler.
Alors qu'avant, ma foi, ça me démangeait moins.
La dernière fois que je suis venu passer du temps à tes côtés, beaucoup avaient fait le déplacement.
Je crois que je ne suis pas le seul qui t'aime davantage depuis que c'est en vain.
Quand on s'est retrouvés tous ensemble pour toi, tu ne nous as pas vus ; tu ne nous as pas sus.
Nous, nous n'avons pu voir que le bois du cercueil.
Il était neuf et lisse, luisant, clair et joli.
Tout petit.
J'étais content de voir qu'il était à ta taille. C'est con. Comme si ça t'importait encore.
On pouvait voir briller tous les dessins du bois.
Si tu avais pu voir toutes ces jolies fleurs ! Tu m'avais dit pour rire vouloir un cercueil rose. Pour compenser le banal de ton bois, j'ai fait faire pour te plaire une couronne de roses. Roses, bien entendu.
J'ai choisi tes chansons. J'ai dit de jolies choses. Et je n'étais pas seul : ta vieille amie aussi s'est fendue d'un discours.
Tu n'as jamais reçu avant ce fameux jour en un seul et même lieu autant de mots d'amour.
Et tu n'en sauras rien.
On s'est toujours manqué depuis que je suis moi, tant passé à côté qu'on ne se connaît pas.
Depuis que tu n'es plus, tu es plus avec moi.
J'ai trouvé tes carnets. J'ai hâte de les lire. Hâte de rencontrer la femme que tu es.
Que tu étais.
Que je n'ai pas connue.
Tes journaux sont tout près : je n'ai plus qu'à les lire. Je n'ai pas encore pu, mais j'irai voir bientôt.
Bientôt tu seras là, entière et sans secret, et moi je te verrai, je te regarderai, et je pourrai te dire :
— Bonjour, Maman. Je suis tellement content d'enfin te rencontrer !
En attendant ce jour où nous nous trouverons, ta pensée tourne en moi plus que par le passé.
Nous avons tant raté. Que pourrai-je réparer ?
Mais j'essaierai.
A bientôt, Maman.
Ton fils qui t'aime.
***
Lors de la cérémonie, nous avons été deux à parler de ma mère. Sa meilleure amie de toujours et moi.
Cette publication ne serait pas complète sans ces derniers mots.
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A la croisée des chemins par La Môme Baba-cool
Spiritual« Entrez beau monde... Choisissez vos tombes, dans le cimetière des Arlequins ! » Attention, lecteur, tu vas pénétrer dans un monde en clair-obscur, où le bonheur pleure et la mort vous sourit... « Que veux-tu faire plus tard ? Quel métier fer...