Brèves de comptoir

Chapitre 1

Lettre à Emma

Je ne savais pas que l'Enfer, c'est l'absence. Je pense à toi, mais je ne le dis plus.

Lettre à Emma

Le train s'éloigne et tu t'en vas, et déjà quelque chose me manque. Mon cœur est lourd et ton absence me pèse. Je ne peux imaginer ma vie ici, sans toi, sans nous. Comment pourrais-je m'habituer à ton absence quand je ne connais d'autre aventure que celle que nous avons vécue ici, tous les deux ? C'est pour moi inconcevable. Rare sont les personnes que l'on rencontre et qui laissent une trace si importante en une si courte durée. Rare sont des sentiments aussi rapidement développés, aussi intensément ressentis, aussi vite refoulés. Car je me dois de t'oublier, déjà, je n'ai d'autre solution. Sur le chemin du retour il est difficile pour moi de garder la tête haute, les larmes brûlent mes joues que le vent glacial de ce mois de février laisse à peine couler. J'ai mal, j'ai peur et mon cœur saigne. Des idées noires déjà surgissent, je ne sais comment m'en séparer. Alors je cours à travers la ville, je cours entre les passants qui me regardent d'un air médusé chargé d'incompréhension, de dédain surtout, et de pitié peut être face à la vision d'un être qui se meurt. Mes poumons deviennent douloureux, mais cette douleur n'est qu'infime face à celle qui s'installe dans tout mon corps. Dans une ville trop animée, des passants s'arrêtent pour écouter cet homme et sa guitare, dont une douce mélodie s'élève. Malgré l'assourdissant brouhaha dans ma tête je reconnais sans difficulté cette musique, notre musique. Te souviens-tu ?