... OU DES ILLUSIONS

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Si je vous disais que je ne peux pas être une fille à papa parce que le miens n'est plus là. Vous réagiriez bien différemment: vous seriez désolé, et utiliseriez toutes les formules de politesses existantes dans le monde, comme "je suis désolé", "je ne savais pas", "ça a dû être dure" ou "je compatie", ''comment te sens-tu ?'', s'en suivrait alors un long silence, puis une liste interminable de questions. Je me trompe ? Non! Je sais que j'ai raison cala fait 5 ans que je vis cette situations. Enfin 5 ans, 9 mois, 13 jour et 22h. Oui je compte chaque minute suis-je folle peut-être.

Je me souviens qu'il m'arrivait petite d'allumer une bougie près de la table où nous mangions. Mes parents la montaient dans ma chambre après le repas quand ils venaient me border. Une fois dans mon lit, ils me laissaient l'éteindre. Mais un soir, je n'avais alors que dix ans, je me souviens qu'elle s'est éteinte toute seule. Ils étaient là, à l'entrée, ils attendaient mon père.

Ils sont partis, lui et ces hommes vers le bois recouvert de neige. Au lever du jour, tous sauf un sont revenus. Ma famille et moi n'avons pas revu celui qui nous avait quittés la veille. J'ai cherché son corps, dans la neige, le froid, le vent, pendant des jours et des jours. Je ne dormais plus, et ne mangeais presque plus. Ma mère allait faire du porte à porte avec une photo de lui, en espérant que quelqu'un l'ai aperçu, chaque réponse négative était comme un coup poignard que l'on nous donnait à nouveau en nous petit à petit. Après 1 semaines, ils ont commencé à s'inquiéter, on a alors vus des policier et des gendarmes s'entre-aider, certains avaient les chiens pendant que d'autre avaient les détecteurs. Apres 1 mois les hélicoptères ont commencé a tourné. Après 4 mois ils ont appelé l'armé. Mais nous étions toujours sans réponses. Chaque dimanche soir, un policier venait nous donner les résultats de la semaine et chaque fois lorsqu'il venait, ma mère allait lui ouvrir. Il prononçait toujours la même phrase:

" Je suis navré Madame, mais nos recherches n'ont rien donné, toutes nos excuses, nous faisons une pause demain, mais elles reprendront mardi, nous allons le retrouver"

Les soirs, les semaines, et les mois passaient une routine avait fini par s'installer : tous les soirs lors du dîner maman préparait le repas pour six personnes, je dressais la table en mettant six couverts, nous mettions une bougie sur la table et l'allumions. Une fois le repas prêt, nous nous mettions à table, sans jamais changer de place : nous nous asseyons face à face avec le couvert vide entre nous. Nous attendions que l'horloge du salon frappe huit coups pour annoncer 20 h, faisions une prière, mangions, et à 20 h 30 pile (heure à laquelle il a disparu) nous nous arrêtions de manger ou de parler et faisait une minute de silence dans l'espoir que durant cette minute il passerait la porte pour nous revenir. Puis lorsque nous avions fini de manger, je montais dans ma chambre avec la bougie et me couchais mais ne l'éteignais pas. C'est peut-être naïf mais j'avais gardé espoir qu'un jour, il rentrerait et qu'il lui faudrait de la lumière pour l'aider à nous retrouver sans quoi il repartirait là d'où il venait.

Un soir alors qu'une nouvelle semaine de recherches avait passée, ce n'était pas un gendarme qui venus mais un homme habillé d'un costume imposant, il portait une veste noire et l'avait fermée et ceinturé avec une belle ceinture blanche, son col était décoré, sa veste avait des épaulettes. Je me souviens des différentes médailles qu'il portait et d'une casquette qu'il avait sur la tête, à moins que ce ne soit un képi. Cette fois sa phrase était bien plus longue, et complètement différente.

" [...] après trois ans de recherches, les autorités françaises ont décidé de stopper les recherches, votre mari, est dès aujourd'hui déclaré DECEDE. Le département de recherches vous adresse ses plus sincères condoléances "

Je ne pouvais accepter que l'homme qui m'avait élevée, qui nous avait élevés qui chaque soir me berçait et me contait des histoires de voyage au pays des rêves pour je puisse trouver sommeil, celui qui nous a aimées ma mère, mon frère, mes sœurs et moi comme ce qu'il avait de plus précieux, avait disparu, et encore moins qu'il nous avait quittés.

Garder Le SourireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant