chapitre 13

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Livaï et Inna finissaient la soirée dans le bureau du noiraud, où ils partageaient un thé chaud, comme à leur ancienne habitude.

"Je dois partir, je dois rentrer. Et si je partais dans la nuit? J'étais sensée partir avec les enfants pour qu'ils me protègent des titans, puisque je ne peux pas me transformer, moi. Mais va savoir pourquoi j'ai voulu rester, quitter le bataillon d'exploration me semblait étrangement inconcevable. Que s'est-il produit? Du plus loin que je puisse le souvenir, j'ai toujours voué une haine particulière pour les habitants de ces terres. Je me suis toujours efforcée de les supporter, mais aujourd'hui je désobéis à mes ordres pour rester avec eux? C'est pour cette raison que je dois partir tant que je suis encore consciente de mes actes. Je ne sais pas qui je suis entrain de devenir et ça m'effraie, je dois m'en aller avant de perdre ma lucidité. Quitte à mourir dévoré par des titans, ça m'importe peu. Si je peux enfin m'échapper de cet enfer dans lequel je vis depuis petite, je n'hésiterai probablement pas." Pensait Inna.

Livaï la fixait longuement pendant son monologue interne et finissait par prendre la parole.

"Inna." L'appelait-il.

Inna relevait la tête et croisait son regard sombre, aussitôt elle sentait son cœur se serrer et un sentiment désagréable l'envahir.

"Je te détestais. Je l'ai toujours fait et à ce jour je le fait encore. Mais si je te déteste, c'est pour ne pas souffrir davantage. Toi, l'homme qui m'empêche de remplir ma mission." Pensait Inna, se perdant dans ses pensées.
"A quoi penses-tu?"
"Et bien, cette histoire au sujet d'Historia m'intrigue. Comment se fait-il qu'ils aient accès à de tels secrets?" Mentait-elle. "Et puis, comment se fait-il que Nick en soit informé? Qui est cette autorité suprême l'ayant prévenu des secrètes que détiennent les Reiss? Je ne cesse d'y penser."

Inna mentait comme elle respirait, de ce fait elle n'avait pas trop de mal à s'en sortir. Après tout, elle vivait dans le mensonges depuis bien des années maintenant.

"Erwin te l'avait dit, avec le temps nous en apprendrons sûrement davantage. Mais quoi qu'il en soit, je ne le sens pas ce curé. Il en sait beaucoup trop, il en sait tellement qu'il ne peut rien nous dire."
"Vous avez raison, mais que peut-il bien y avoir de plus important que la survie de l'humanité? Pour être honnête, j'ai l'impression de stagner. Certes, nous accumulons les petites découvertes, mais va-t-on en voir le bout un jour, à votre avis?" S'interrogeait Inna, détournant le regard.
"Nous obtenons des progrès, certes petits, mais nos soldats meurent chaque jour pour les obtenir. La quantité de sang versé est bien trop importante. Je ne sais pas si on en verra un jour le bout, mais ce qui est certain, c'est que d'ici là le sang ne cessera pas de se reprendre comme il l'a fait jusqu'ici."

Inna se relevait et s'avançait vers la fenêtre afin d'observer l'extérieur, plongé dans la pénombre.

"Malgré ça je suis contente que vous n'ayez toujours pas rejoint nos défunts camarades, caporal-chef. Je n'aimerai pas être seule." Avouait Inna sans décoller le regard de la fenêtre.

Puisqu'Inna avait décidé de partir dans la nuit, pourquoi ne pas être sincère avec lui, ne serait-ce qu'une fois?
Mais soudain, Inna le sentait derrière elle. Il lui agrippait le poignet puis la retournait fermement. Sa main sur la peau d'Inna lui donnait l'impression de brûler, son corps était prit de chaleur et de frissons désagréables.
Livaï était proche, bien trop proche de son visage, de ce fait elle reculait mais se trouvait dos au mur.

"Cesses de me vouvoyer, ça instaure un climat glacial entre nous et ça m'énerve. Comment est-ce que je m'appelle? Dit le."

Inna rougissait violemment, le voyant si proche, puis déglutissait difficilement.

"Livaï." Murmurait-elle.

Livaï avait quitté son regard depuis longtemps, il ne voyait plus que ses lèvres. Il ne l'es quittait pas du regard, s'en approchant dangereusement.
Soudain, Inna mettait les mains sur son torse et détournait la tête

"On ne devrait pas..."
"C'est toi qui décides maintenant?" L'arrêtait-il.

Soudain, un soldat entrait dans la pièce sans toquer. Inna en profitait pour s'éloigner davantage du noiraud.

"On ne t'a jamais apprit à toquer avant d'entrer? Je suis occupé." S'énervait Livaï.

Le soldat prenait peur, Livaï semblait bien plus contrarié que d'habitude. Visiblement, être interrompu le mettait de très mauvais poil.

"Je me suis trompé de pièce, je vous prie de m'excuser!" Paniquait le soldat avant de fuir.
"Quel incapable." Soupirait Livaï.
"Je ferais mieux d'y aller." Rétorquait Inna avant de rapidement s'éclipser.

Elle refermait la porte du bureau du noiraud derrière elle et s'appuyait contre celle-ci avec le cœur battant la chamade. Dans le couloir sombre et froid, elle était appuyée contre la porte de son supérieur et ne parvenait pas le chasser de son esprit. Malgré le froid et l'obscurité du couloir, penser à Livaï lui réchauffait le cœur et chassait l'obscurité de sa vision.

"Si je ne l'avais pas arrêté, que se serait-il passé? Au sein de l'armée, nous n'avons pas le droit de ressentir un quelconque attachement. Il nous est défendu de faire l'expérience de l'amour, ou de l'affection en général. Risquant notre vie à n'importe quel instant, un quelconque attachement ne nous serait que nocif. Si ce qui allait se produire entre nous venait à se savoir, on risquerait très gros. Pourtant, cette tension et cette hausse d'adrénaline qui m'avait envahit m'a fait me sentir vivante. Je ne me suis jamais sentie aussi en vie."

Elle baissait le regard et soupirait lourdement.

"Finalement, je ne partirai qu'après avoir eu ce que je désire. Je ne peux pas partir sans y avoir jamais goûté. Quoi qu'il advienne je m'en irait, alors je ferai en sorte d'obtenir ce dont mon cœur a envie avant de rentrer cher moi." Pensait-elle.

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𝐄𝐧 𝐪𝐮𝐞̂𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐢𝐛𝐞𝐫𝐭𝐞́ [𝐋𝐢𝐯𝐚𝐢 𝐱 𝐎𝐜]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant