Chapitre 3 : L'amour est dans le canapé

27 5 29
                                    

Alice se dirigeait lentement mais sûrement vers son appartement. On n'a pas tous un manoir sur une île ! Situé non loin du centre-ville, elle s'était installée dans un appartement de bonne au dernier étage d'une vieille bâtisse.

Elle monta quatre à quatre les marches menant à son domicile, gratifiant d'un ''j't'emmerde'' la petite vieille qu'elle venait de bousculer. Alice déverrouilla sa porte, entra, la ferma, et se jeta avec bonheur dans le canapé.

Une sensation de bien-être l'envahit. Elle était enfin débarrassée du fan de tuning, comment il s'appelait déjà ? Ah oui, Brendon. Elle se leva et se dirigea vers la cuisine. Prenant un petit encas composé de speculos et de jus d'ananas, elle repensa à sa journée et à ses contrôles, surtout celui sur la combinatoire. Quand Patrick-Fucius, son meilleur ami, lui avait dit que Satan avait découvert les factorielles, il n'avait pas eu toutes les infos, y'avait pas que Satan dans le coup mais au moins une bonne centaine de divinités chieuses à souhait. Après une rapide prière implorant toute la gentillesse de sa prof de maths, Alice se mit en quête de ses devoirs, car, bien qu'elle n'aimait pas apprendre, elle demeurait néanmoins l'une des premières de la classe.

S'asseyant sur sa chaise en bois de la forêt avec des arbres fait à la main par un robot Ikea, elle posa hgdjgcdöfhhiy, son cahier acheté à l'endroit précédemment cité, et commença ses exercices sur le doux son de "Can You Feel My Heart" poussé à fond et les protestations de sa voisine.

Après une petite heure, Alice posa enfin son stylo et massa son poignet endolori par l'écriture. Elle regarda en direction de son canapé un peu miteux, se tâtant pour savoir s'il valait mieux faire à manger maintenant ou si son canapé était préférable. Soupirant, elle se leva et alla récupérer les ustensiles nécessaires à la préparation des pâtes carbonara en boîte, c'est-à-dire, son micro-onde.

Une fois repue, elle se dirigea vers son canapé, et alluma la télé pour voir son feuilleton du mercredi soir : "Coup de foudre à Electreecity", suivi par "les 9 coups et demi du soir", une célèbre émission pas du tout parodiée.

Et quand vint enfin l'heure d'aller se coucher, elle démêla ses cheveux roses, brossa ses dents (c'est très important) et s'emmitoufla dans sa couverture rose pâle avec des petits cœurs rose bonbon entourés de rose quasi comme le rose-rose mais quand même un peu plus nuancé avec une touche de rose sombre et une lichette de rose layette, en somme, du rose, et elle sombra dans les bras d'Hypnos (Je vous jure c'est le bon).

C'est à 02h28 du matin qu'un sanglant cauchemar la réveilla, le même que depuis 8 ans déjà. L'image de ses parents, morts, le ventre ouvert, les tripes éparpillées sur le sol. Mais fort heureusement, elle avait oublié la majeure partie de la scène. Cela ne l'empêcha tout de même pas de se redresser en sueur sur son lit, les mains tremblantes et la respiration courte. Elle tâtonna tant bien que mal pour allumer la lumière, regardant autour d'elle. Lorsqu'elle pu y voir quelque chose, elle se leva pour aller boire et les souvenirs commencèrent à refluer.

Jusqu'à ses neuf ans, Alice avait eu une enfance heureuse rythmée par les ballades en forêt, les spaghettis au pesto et les bêtises mais c'est lors de sa neuvième année que sa vie changea du tout au tout. La mort de ses parents avait laissé un grand vide dans sa vie. En effet, ils étaient sa seule famille proche, si l'on ne comptait pas son unique oncle qui vivait reclus dans sa campagne dans l'Ain. Elle se retrouvait donc toute seule, abandonnée dans le vaste monde, avec pour seuls compagnons son doudou Joulio, un pélican jaune poussin particulièrement doux sur la patte gauche, et le maigre héritage laissé par ses parents.

Elle avait alors vécu dans une famille d'accueil composée d'arnaqueurs professionnels. Elle avait beaucoup sympathisé avec l'aîné, Gabriel, un pickpocket de haut niveau, dont la politesse inexistante l'amusait. Du haut de ses 15 ans, Gabriel appréciait beaucoup la gamine, lui apprenant les plus grands tours de passe-passe, même celui de voler une pancarte de menu dans un café.

Travaillant beaucoup à l'école, afin de pouvoir enfin voler de ses propres ailes, elle dû quitter sa famille adoptive pour aller vivre son rêve, entrer au Panic ! At The Lycée.

Après avoir ressassé tous ces souvenirs, Alice reposa son verre sur le comptoir de la cuisine et se dirigea vers son canapé, décrétant que regarder une compilation de memes sur des émissions dont la stupidité était supérieur à la limite d'exponentielle était suffisamment divertissant pour l'empêcher de dormir. Elle resta éveillée jusqu'à ce qu'elle doive se préparer. Enfilant une veste bleue fleurie par-dessus un t-shirt noir et un jean troué, elle attrapa son sac, ses clefs, embrassa Joulio, enfourna un pain au lait dans sa bouche et sortit.

Le trajet jusqu'au lycée fut étrangement court, sûrement le manque de sommeil.

Arrivée au lycée, elle rejoignit PF pour se rendre devant leur première salle, où ils auraient plus tard cours de chimie expérimentale option métaphore. S'adossant au mur avant de glisser le long de celui-ci, elle laissa s'échapper un grognement à la vue du fan de tuning. P "D" F le voyant aussi, il se plaça face à elle, afin de lui en cacher la vue.

"C'est le type dont tu m'as parlé ?

-Hm.

-Il t'a embêté depuis hier ?

-Hm hm.

-Si jamais il revient, dis-le moi, je lui en toucherai un mot.

-Hm hm hm.

-Sinon ça va ?

-Hm hm hm hm.

-Moi ça va.

-Hm hm hm hm hm.

-Même si m'envoyer des messages à 01h45 a peut-être contribué à ton état.

-Hm hm hm hm hm hm.

-Aller c'est l'heure des cours.

-Hm hm hm hm hm hm hm."

Les heures défilèrent et les cours se succédèrent, et enfin vint le moment tant attendu, la fin de la première heure de philo, plus que deux heures de physique-chimie pensa Alice.

Quand la récréation arriva enfin, Alice et PF se précipitèrent dehors, à l'instar de toute la classe.

Une fois dans la cour, Patrick et Alice explosèrent de rire en se regardant, en effet, leur prof avait passé le cours entier à faire une manipulation sans aucune protection et à renverser la solution, ce qui allait à l'encontre du protocole donné, et qui était hilarant de leurs point de vue. Bien heureusement, leur rentrée avait été le mardi, à cause de la pré-rentrée le lundi, donc, aujourd'hui, ils finissaient à 11h.

Son attention dérivant de PF qui lui expliquait comment, grâce au binôme de Newton, il avait pu gagner sa partie de COD : l'appel de l'orthographe, elle aperçut sa némésis, enfin, sa némésis seconde, le pote du fan de tuning. Elle se souvenait de lui, PF lui avait raconté qu'il avait essayé de le draguer. Essayant d'attirer l'attention de PF, qui avait commencé à conter son épopée héroïque sur Destrous : Become Plombier, elle tira sa dernière carte, le bras de PF, pour l'entraîner à l'étage.

Regardant plus ou moins furtivement les alentours, elle continua :

-Il était là.

-Brendon ?

-Non, l'autre.

-T'es bien gentille, tiens ! L'autre !

-Son pote.

-A-ah !

-Quoi ?

-Je l'avais pas vu désolé.

-C'est rien."

- Aller, on retourne en cours.

Et le reste de leur journée se passa sans aucun autre imprévu. 

Les MafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant