Tout est possible

Chapitre 1

C'est en ce jour de début octobre que je l'avais rencontré. Je l'avais déjà croisé plusieurs fois mais je n'étais alors qu'une salariée parmi tant d'autres.

Cela fait plus de trois ans que je travaille au service comptabilité de Global Technologies. J'ai fait mes preuves et fais partie des meilleurs éléments de ce service, sans me vanter. Ma supérieure me fait suffisamment confiance pour former tous les nouveaux collaborateurs. Tâche que j'accomplis de bon cœur mais qui a des répercussions sur mon travail. Je ne compte plus les heures supplémentaires qui m'ont amputées de nombreuses heures de sommeil.

Je souffle en m'asseyant à mon bureau après avoir aidé, une nouvelle fois, un collègue. Je passe la main sur ma nuque douloureuse et ouvre mes mails. Je n'ai pas fini de répondre au premier que mon téléphone sonne.

« - oui » répondis-je

« - Mlle Harnold, pourriez-vous venir dans mon bureau ? » me demanda ma cheffe de service.

« - j'arrive de suite ! »

Je me levais, attrapais mon calepin, un stylo et me dirigeais, comme demandé, dans le bureau de Mme Gallagher. C'était un sacré brin de femme. Petite, ronde et l'air sévère d'une cinquantaine d'année. Lorsqu'elle mettait son tailleur vert elle ressemblait à un leprechaun en colère. Je souris sur cette pensée et toquais doucement à la porte de son bureau, restée ouverte.

« - entrée Mlle Harnold. » s'exclama Gallagher en se levant.

« - Vous connaissez M Hale, notre PDG ? » enchaina-t-elle

Je baissais les yeux sur l'homme assit sur l'un des sièges qui faisaient face au bureau de ma supérieure. Il se leva à son tour pour me saluer.

Il portait un élégant costume bleu nuit alors que je n'étais affublée que d'un jean noir et d'un pull blanc. Ses yeux perçants me détaillèrent de la tête au pied. Je sentis le rouge me monter aux joues. Je me sentais comme une enfant crottée qui va se faire disputer par sa mère. Je me repris. Je me redressais et lui tendis une main que je voulais sure.

« - Gabrielle Harnold, enchantée. » me présentais-je alors qu'il attrapait ma main.

« - Mary m'a dit que vous étiez son meilleur élément. » exposa-t-il en me serrant doucement la main.

Je lâche enfin mon patron du regard et pose mes yeux sur Mme Gallagher. Je lui fais un sourire pour la remercier.

« - Mlle Harnold, pourriez-vous exposez les détails du dossier Pennyworth à M Hale ? » demanda la quinquagénaire.

« - bien sûr. » balbutiais-je surprise par sa demande.

D'habitude les collaborateurs n'intervenaient jamais dans les comptes rendus. Seule Mme Gallagher rendait des comptes.

Je sentais toujours le regard de M Hale sur moi. Il ne m'avait pas quitté des yeux depuis qu'il s'était levé. J'avais fait en sorte d'éviter son regard azur pour prévenir de quelconques rougeurs.

« - je vous attends à 14h dans mon bureau ! » me précisait-il avant de sortir du bureau.

J'avalais difficilement ma salive alors que je regardais cet homme magnifique s'éloigner avec prestance. Je me tournais vers ma cheffe peu assurée.

« - ce ne serait pas mieux si c'était vous ? » demandais-je

« - il a expressément demander que ce soit vous. » répondit-elle désolée.

Je lui fis un maigre sourire et retournais à mon bureau.

Je m'effondrais sur ma chaise et pris ma tête entre mes mains. C'était sûr je pointerais au chômage dès demain. Je fixais l'horloge de mon ordinateur, 11h37. Le couperet tombera dans moins de 2h30. Je me relevais, attrapais mon porte-monnaie et allais acheter un café. Je plancherais sur ce dossier jusqu'au rendez-vous pour savoir où j'avais fauté. Je n'arriverais pas devant mon patron sans être préparée.

Je serrais les dents en entendant le ding de l'ascenseur et me précipitais dedans. Je tombais nez-à-nez avec Derek Hale. Je marquais un temps d'arrêt puis me plaçais le plus loin possible de lui. Je ne pus m'empêcher de regarder son reflet dans la porte de l'ascenseur.

Il était beau comme un dieu. Grand, large d'épaule, une chevelure noire de geai piquée de quelques cheveux blancs, une barbe de trois jours savamment taillée de la même couleur que ses cheveux et surtout un regard à faire fondre la banquise. Je ne pus me retenir de me mordre la lèvre d'envie. On n'a pas idée d'être aussi parfait. Je serrais les bras contre ma poitrine pour me donner de la constance et baissais les yeux sur mes chaussures. Puis l'idée qu'il m'avait vue ainsi le lorgner me frappa de plein fouet. Je sentis mes joues s'enflammer tandis que je relevais la tête pour savoir où en était notre descente. Plus que deux étages. Ces quelques secondes parurent durer une éternité. Les portes à peine ouverte, je me précipitais dehors sans même jeter un regard en arrière. Je pouvais sentir son regard me suivre tandis que je me dirigeais vers la cafeteria. Si j'avais eu l'idée de tourner la tête vers lui alors j'aurais pu voir un sourire étirer ses traits. Il s'était parfaitement rendu compte de l'attention que je lui avais porté dans l'ascenseur.

Je m'incérais dans la file d'attente et envoyais un message à la seule personne qui savait me remonter le moral. Mon téléphone sonna presqu'immédiatement.

« - il est si beau que ça ? » s'exclama ma meilleure amie.

« - t'as pas idée ! » lui répondis-je en riant.

« - grand brun ténébreux, tu vois le genre ! » ajoutais-je.

Je l'entendis rire.

« - pourquoi tu tentes pas ta chance ? » demanda-t-elle

Je ne pus retenir un fou rire bruyant.

« - alors comment te dire... on ne joue pas dans la même catégorie... » expliquais-je après avoir repris contenance.

« - n'importe quoi ! » s'indigna mon amie.

« - pour faire simple, c'est du Balenciaga et je suis du Costco. »

« - tu exagères ! » dit alors Emy

« - tu es toujours en train de te dévaloriser alors que tu es super canon. » ajoute-t-elle.

Je ne pus rien rétorquer et me mis à rougir.

« - t'es bête ! » marmonnais-je.

« - non, je suis ton amie et je suis là pour t'encourager ! » s'exclama-t-elle plein d'entrain.

« - merci Emy ! » la remerciais-je.

Nous nous saluions et raccrochions.

J'achetais mon café et remontais reprendre le dossier Pennyworth.

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Merci