B-BOY

B-BOY 37

Rien n'aurait pu me faire penser qu'il s'intéressait à moi après tout. C'est vrai qu'il était toujours gentil et me saluait un peu plus longuement que Dany quand j'accompagnais cette dernière à son club, mais je pensais que c'était juste un hasard et qu'il devait sûrement agir ainsi avec toutes les autres filles qu'il aimait bien, puis une fois il nous avait même payé le déjeuner pendant la pause de midi mais je pensais encore que c'était juste parce qu'il était vraiment aimable, vu qu'il avait déjà l'argent et la popularité, il ne devait sûrement rien attendre en retour, du moins c'était ma vision des choses.

Dans tous les cas, je voyais déjà très mal ce que moi personnellement je pouvais lui offrir et j'évitais aussi de me faire trop de fausses idées car si j'avais eu la prétention d'imaginer des choses qui n'existaient pas, la honte aurait sans doute eu raison de moi une fois la vérité éclatée, or quand je n'accompagnais pas Dany, il lui disait toujours de me passer ses salutations. Alors que je le veuille ou non son comportement commençait déjà à m'embrouiller l'esprit.

Quelques fois même, il donnait un peu d'argent à Dany à la fin des réunions du club et lui demandait de nous acheter un truc à grignoter juste comme ça. Ma copine n'avait pas manquée de m'en toucher deux mots évidemment, soupçonnant qu'il s'intéressait un peu trop à moi et je m'époumonais alors à démentir à chaque fois, prétextant que ce n'était que pur et simple hasard. Sans oublier que des rumeurs couraient récemment qu'il avait déjà une copine, ne manquant pas d'annihiler la dernière once d'espoir qui voulait me faire croire que je l'intéressais pour de vrai.

Le temps passait petit à petit, les choses restaient inchangées et d'autres rumeurs allaient bon train. Les filles de ma classe, adeptes de l'art ancestral du Kongossa avaient entendues dire que Mathis était de nouveau célibataire et libre comme l'air. Apparemment il aurait cassé avec sa go, une autre terminale mais d'un autre lycée, d'aucuns disaient qu'elle lui était même infidèle et qu'il était fatigué de jouer le rôle du mougou, d'autres disaient que c'était complètement le contraire tandis que certains autres plus dramatiques optaient plutôt pour la théorie du "Je ne t'aime plus".

Comment j'allais alors savoir que c'était à cause de moi s'il ne me le disait pas clairement ?

Je me rappelle ce vendredi là, c'était également la journée internationale de lutte contre le SIDA. Les cours s'étaient terminés aux environs de midi mais le portail restait toujours fermer afin que tout le monde soit obligé d'assister à la conférence spécialement organisée dans le gymnase en vue de ce jour. Mais quand je disais tout le monde c'était surtout ceux qui ne pouvaient ni escalader le grand mur derrière le bâtiment principal, ni soudoyer le gardien pour sortir tranquillement et encore moins berner— avec une quelconque maladie ou un malaise soudain— l'infirmière revêche et ses traits squelettiques dans le but d'obtenir un billet de sortie.

La plupart des élèves étaient donc obligatoirement présent. Les clubs d'hygiène et de santé étant directement concernés par le phénomène étaient encore plus obligés d'y assister, ils étaient chargés surtout de coller des affiches et des annonces au sujet du SIDA et des autres MST sur tous les murs du lycée. Je savais qu'il y avait déjà assez de membres dans les deux clubs mais un peu d'aide et des bras en plus n'étaient jamais refoulés alors j'avais naturellement aidé ma copine aux activités.

Après près d'une demi-heure à coller et recoller des posters partout sur tous les murs visibles et invisibles et comme nous étions justement binômes lui et moi, Mathis m'avait alors proposé de prendre un rafraîchissement à la cantine, j'acceptais sans me faire prier et il m'offrit une énorme bouteille de coca, j'ignorais s'il le savait ou si ce n'était encore que le fruit du hasard mais c'était justement ma boisson préférée. En repartant alors dans la classe où nous devions laisser le matériel dès que nous aurions terminés de coller les affiches, il me retint soudain par le bras, fit mine d'hésiter un moment mais finit par m'avouer tous ses sentiments d'une traite.

Décontenancée, il m'avait fallu un temps de réaction pour assimiler ce qu'il venait de me balancer à la figure. Ne s'attendant pas à ce que je sois aussi si surprise, il me demanda si ma réaction était réellement sérieuse, qu'il m'avait pourtant envoyé des signes depuis le départ et qu'il n'avait hésité que parce qu'il craignait de me brusquer mais que je lui avais vraiment plu dès notre première rencontre et que plus il me côtoyait, plus ses sentiments grandissaient.

Perplexe et confuse, je ne sus d'abord quoi lui répondre. Il est vrai que je le trouvais vraiment très attirant avec son teint aux couleurs caramels, sa grande taille imposante, ses cheveux toujours rasés de près et ses contours impeccables dont je raffolais déjà. Et puis il y avait aussi sa personnalité, elle me plaisait même beaucoup plus qu'autre chose, j'appréciais avant tout sa gentillesse, son sens de l'humour, sa manière de parler et cette habitude qu'il avait de toujours sympathisé avec tout le monde.

Je n'en étais pas encore totalement amoureuse mais ça n'aurait su tarder. Il était déjà mon crush et là j'avais la confirmation d'un crush-back alors sortir avec le crush n'était peut-être pas juste une fable que l'on voyait dans les mangas ou les séries Disney. Je n'étais jamais sorti avec personne jusqu'à présent mais comme toutes les jeunes filles naïves de cet âge, je rêvais de sortir avec le garçon parfait qui me plaisait.

Toutefois, même si tout ça était vraiment tentant, j'avais encore un léger doute et si toute cette affaire m'amenait plutôt plus de problèmes qu'autre chose ?

Et si parcequ'on sortait ensemble je devenais victime de rumeurs abracadabrantes comme son ex ?

Et si ça n'allait pas entre nous et qu'au final nous finissions par rompre sur de mauvaises bases ?

Et si au final il s'était trompé sur mon compte ou inversement ? J'étais tellement confuse que je n'osais pas lui donner de réponses tout de suite.

Craignant de le perdre mais étant tout de même tenter d'accepter, je ne sus comment trouver les bons mots et ne pas paraître non plus ridicule. Il me suggéra alors de lui donner une réponse lorsque j'aurais bien réfléchis à sa proposition et qu'il l'attendrait et l'accepterait quelle qu'elle fut. Je le trouvais vraiment adorable d'avoir la patience d'attendre que je me décide alors que lui savait déjà ce qu'il voulait. Le soir même quand la conférence se termina et que nous rentrions tous chez nous, j'en parlais à Dany qui n'était pas surprise le moins du monde.

Elle le savait sûrement déjà vu qu'elle n'avait cessée de me taquiner à ce sujet mais elle n'avait pas voulue se mêler de mes affaires tant que je ne l'y avais pas autorisé. Elle s'était déjà montrée si attentionnée et si compréhensive envers moi depuis que nous étions proches que je n'hésitais pas une seule seconde à lui demander conseil, et puis elle devait peut-être connaître Mathis un peu plus que moi à force de le côtoyer au club.

Dany m'encouragea alors de plus belle, m'exhortant toujours à faire comme je le sentais, me faisant comprendre que l'important c'était ce que je désirais, que je ne saurais jamais rien si je ne m'engageais pas, qu'au moins même si entre Mathis et moi ça n'allait pas j'en aurais au moins appris des choses et que je n'avais pas à avoir peur de ça et apparemment c'était elle aussi qui l'avait briefée sur mes goûts préférés, dont le coca. Sacré Dany !

Le lendemain, j'acceptais de sortir avec lui et pendant nos premières semaines ensemble, je vivais dans un véritable conte de fées où la magie ne faisait que redoubler jusqu'à ce qu'elle s'estompe aussi brusquement qu'elle était apparue...

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Deuxième partie de la reminiscense, comme c'est beau l'amuurrreuuuuhh. o((*^▽^*))o

#WhimsicalColor♥╣[-_-]╠♥ 🏃💤🌙🦋