5 : Cauchemar

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Du haut de mes cinq ans, je le regarde cuisiner. Nous n'avons jamais été que tous les deux dans notre grande maison. Ma Maman est morte juste après ma naissance, un accident de la route. Il est grand, brun, avec des yeux d'un vert intense. Il me serre contre lui, me dit qu'il m'aime, qu'il sera toujours là pour me protéger, et j'y crois.


Saut dans le temps et dans l'espace. Je ne suis plus à la maison, dans les bras de mon Papa, mais au cimetière, devant sa tombe. J'ai douze ans, et il vient de se suicider. Il ne sera plus là pour me protéger, comme il me l'a promis. Je suis dévasté, et en même temps, je lui en veux de ne pas tenir sa promesse. Le garçon qui me tient la main a deux ans de plus que moi, et je l'aime. C'est un Béta, mais c'est aussi mon petit ami.

Un monsieur vient me parler. Il dit qu'il est le notaire. Avec ma tante, nous écoutons les choix de mon père pour moi. Tout l'argent, le sien et celui de Maman, me revient, avec une part prélevée mensuellement pour ma tante, pour qu'elle puisse m'élever. Je n'ai plus qu'elle au monde et elle, qui n'a jamais eu d'enfant, semble ravie de m'avoir à ses cotés. Mais, quand le monsieur lui annonce mon statut, je lis le rejet dans ses yeux. Je ne comprends pas, qu'ai-je fait de mal ? Tati, si tu ne me protège pas, qui le fera ?

Quelques semaines plus tard, je parle à mon chéri de ce que j'ai découvert : je suis un Oméga. Je me jette dans ses bras. Je lui dis que ça ne change rien, que je l'aime toujours, que je me moque que lui ne soit pas un Alpha, que, le plus important, c'est que nous nous aimons. Il me serre contre lui. Il me répond qu'il sait depuis toujours ce que je suis, que c'est justement pour ça qu'il sort avec moi. Il me le dit, en caressant mes fesses, geste qu'il fait plus souvent depuis la mort de mon père. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi ça fâchait tant mon Papa. De toute façon, ça m'est égal. Mon chéri m'aime, il me l'a déjà dit. Et c'est tout ce qui compte à mes yeux, car, s'il m'aime, il me protégera.


Je fête mes quatorze ans aujourd'hui. Ma tante me loue un logement, et une vieille femme s'occupe de moi à sa place, comme une nourrice, mais toutes deux me rejettent à cause de mon statut. Elles m'ont accordé d'organiser une fête avec mes copains. Mon petit-ami est là aussi, toujours le même. Lui ne m'a pas repoussé, et je l'en aime plus encore. Il me sourit mais, je ne sais pas, j'ai l'impression que quelque chose cloche. J'évacue cette idée, ça doit venir de mon excitation de la journée. L'après-midi passe vite, les invités s'en vont, et il ne reste que lui et moi. Nous nous installons sur le canapé. Il me prend contre lui, il me souhaite un bon anniversaire, il m'embrasse doucement. Je suis heureux, et je réponds à son baiser.

Ses mains glissent sur moi, il appuie son corps sur le mien. J'aime bien quand il fait ça, qu'il me montre qu'il est fort, ça me rassure, je me dis qu'il l'est assez pour me protéger. Peu à peu, il m'incite à me coucher. Je me laisse faire, nous nous installons souvent comme ça, allongés l'un contre l'autre, ça n'a rien d'inhabituel. Et aujourd'hui, alors que je suis coincé sous son corps musclé, sa bouche quitte la mienne et dévore ma gorge de baiser. C'est tellement intime. J'aime qu'il me touche ainsi. Ses baisers me chatouillent un peu, alors je ris et serre mon épaule contre ma joue pour l'empêcher de continuer.

Mais il ne l'entend pas de cette oreille. Sa main attrape ma mâchoire, et il me force à détourner le visage, alors qu'il renfonce le sien dans mon cou, et cette fois, il me mord. Je crie, il me fait mal, je me débats. Mais je n'ai pas la force de le repousser. De sa seconde main, je le sens arracher mon pantalon de toile, et faire de même avec mon boxer. Je ne comprends pas ce qu'il fait, ce qu'il cherche à faire. J'ai peur. Ses gestes brutaux me font mal. Prisonnier sous lui, je n'arrive pas à bouger. De toute façon, que ferai-je ? Je n'arrive pas à réfléchir.

Qu'importe le prix [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant