Prologue

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Le jour se lève, et je ronchonne. Pourquoi faut-il que ce soit déjà le matin ? Je quitte mon lit, mais un poids sur ma chevelure me retient en arrière : sur mes longs cheveux blancs, le bras de mon amant de cette nuit m'empêche de finir de me redresser. Je lève les yeux au ciel, agacé, déjà las de cet homme, et révulsé à l'idée de devoir converser avec lui. Pourquoi est-il donc resté ? Vais-je devoir lui offrir le petit déjeuner ? Est-ce que ça veut aussi dire qu'il faut que je sois aimable ? J'en tremble de dégoût.

Je le regarde et je suis certain d'une chose : dès que la cérémonie de présentation sera passée, plus jamais je ne coucherai avec l'un de ces minables Bétas. Et puis, je n'ai aucun doute : à cette cérémonie, je n'aurai aucun mal à trouver un Alpha qui sera fier de m'exposer à son bras, et moi j'aurai enfin ce que je veux. Un Alpha pour me protéger et prendre soin de moi.

Espérant gagner quelques minutes de tranquillité, je tire doucement sur mes cheveux sans réveiller le trentenaire qui dort encore dans mon lit de jeune homme, et je file dans ma salle de bain.


Là, dans les différents miroirs qui ornent les murs, m'accueillent mes reflets, et je grogne un peu de voir de légères traces sur ma peau non pigmentée d'albinos. J'espère que, d'ici demain, je n'aurais plus rien. C'est que je suis censé arriver vierge à cette fichue cérémonie. Ce qui est d'ailleurs particulièrement injuste ! Les Alphas n'ont pas ce genre d'impératif, et les Bétas ne subissent même pas cette cérémonie. Alors pourquoi moi, en tant qu'Oméga, devrais-je me faire déflorer publiquement et de surcroît par un inconnu ?

Habituellement, la cérémonie de présentation a lieu dès la validation du statut du sujet, qu'il soit Alpha ou Oméga et à condition qu'il soit majeur. Mais dans mon cas, on m'a demandé d'attendre la majorité d'un jeune homme, un Alpha, un certain Jules Quisberry.

Mais, malgré son nom, je me doute bien qu'il ne s'agit pas d'un membre de la famille royale. C'est d'ailleurs bien dommage ! La seule idée que je puisse être baisé par une personne aussi influente me rend tout chose, au point que mes fesses s'humidifient d'elles-mêmes ! Mais il est de notoriété publique que le Prince est parti étudier à l'étranger. Pourquoi se fatiguerait-il à rentrer au pays pour cette cérémonie ? Après tout, en tant qu'Alpha et Prince, il sait très bien qu'il n'aura pas de mal à trouver un Oméga. Je suis même certain que des dizaines de Bétas lui courent déjà après.


Bon passons, ce n'est pas le moment de penser à un homme que je n'aurais jamais. Et puis, dans mon lit, j'entends mon amant se réveiller. Il est grand temps qu'il s'en aille.

De retour dans ma chambre, je m'accoude à l'encadrement de porte et le regarde s'étirer. Mine de rien, c'est tout de même un beau spécimen. Plutôt grand, brun, assez baraqué, les lignes des muscles de son dos se perdent sous le duvet épais et foncé qui les couvre et court jusqu'au-dessus de ses fesses. Ça lui donne un coté ours. Il se lève, et, entre ses jambes, je peux voir son attribut qui m'a fait crier une bonne partie de la nuit. Et j'avoue, je me suis régalé à sucer sa verge plutôt épaisse pour un Béta.

Mais, aussi bel homme qu'il soit, ce n'est pas ce qui m'a décidé à coucher avec lui. Non, ce qui m'a décidé, c'est ce qu'il y a de noté sur sa carte de visite. Il est, non seulement le fils, mais surtout l'héritier d'une des plus grosses fortunes Béta du Quisberry. Et, pour un tel homme, fut-il un Béta, j'écarte les cuisses avec plaisir. Mais, comme c'est un Béta tout de même, et qu'il lui est donc impossible de m'offrir définitivement le rang social que je souhaite, une nuit sera plus que suffisante !

Après avoir enfilé son boxer, il se retourne et me sourit.

_ Salut, mon blanc chaton !

Eurk ! C'est dégoulinant de mièvrerie. Je trouve déjà ça dur à supporter quand les hommes utilisent cette technique pour me draguer, mais alors le lendemain, je trouve ça encore pire.

_ Tu seras aimable de finir de t'habiller et de partir. Je n'ai pas que ça à faire. » réponds-je, volontairement cinglant.

Il reste interdit une bonne seconde.

_ Tu me fais quoi, là ? » m'interroge-t-il sur mon comportement.

_ Ecoute, » soupire-je, las de devoir me justifier, « on a passé une bonne soirée, et je n'ai rien à redire sur tes capacités au lit.

Oui, à force de coucher avec des Bétas susceptibles, j'ai appris à les ménager. Ils partent plus vite ainsi.

_ Mais, il me semblait avoir été clair hier soir. » poursuis-je. « Je ne cherche rien de plus que ce que nous avons déjà partagé. Nous n'avons donc plus rien à faire ensemble. Alors, s'il te plait, va-t'en, j'ai à faire !

_ Je vois. » réponds-t-il, vexé. « Je peux avoir un café ?

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il lit la grimace sur mon visage.

_ Waouh ! Je dérange à ce point ? C'est quoi le truc ? Ton Alpha va bientôt débarquer et tu ne veux pas te faire engueuler ?

_ Non. Mais toi comme moi avons eu ce que nous voulions, non ? Et franchement, si ça n'avait tenu qu'à moi, tu n'aurais même pas passé la nuit ici. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi tu es resté.

_ Bordel ! Des salopes, j'en ai connues, mais toi, tu les surpasses toutes ! Tu rêves pour que je te laisse mon numéro ! » rage-t-il en enfilant son pantalon.

_ Qui a dit que je le voulais ? Je te l'ai dit : chacun a eu ce qu'il cherchait. On s'en tient là.

_ Et si je décide de rester ? » se fait-il menaçant en s'approchant de moi. « Tu es un Oméga, je n'aurais aucun mal à t'imposer ce que je souhaite.

La colère et le vice se lisent dans ses yeux, mais ses menaces m'amusent bien plus qu'autre chose.

_ Si c'est plus de sexe que tu veux, il fallait y penser cette nuit, avant de t'endormir. » lui rappelle-je la façon dont il s'est écroulé juste après avoir joui.

_ Ton cul n'aurait pas supporté. » grogne-t-il.

_ Ça, on ne le saura jamais. » hausse-je les épaules. « Maintenant, bon vent !

Il attrape sa chemise avec rage, et me bouscule presque en passant la porte de mon unique pièce.

_ Je vais te dire : j'ai préféré dormir, parce qu'une anomalie comme toi, ça ne devrait pas exister !

Et il claque la porte de mon appartement. Tiens, ça faisait longtemps que mon albinisme n'avait pas été traité d'anomalie. En attendant, même si ça reste blessant, je sais qu'il ne l'a dit que parce qu'il est vexé que je l'aie mis à la porte. Il était bien trop fier hier soir de m'avoir à son bras, alors que tous les autres hommes bavaient sur mon physique.


Je ne suis pas vaniteux. Je me connais, c'est différent. Je sais que je n'ai pas grand-chose à offrir. Je ne suis pas très aimable, ni drôle. Ma fortune personnelle, bien qu'élevée pour un Oméga grâce à la rente que je perçois, n'est pas bien grande. Mais je suis un garçon intelligent, mes professeurs me l'ont souvent répété. Quoiqu'ils accompagnaient généralement ce compliment d'une grimace de mépris devant la façon dont j'usais de mes facilités.

Cependant, ce n'est pas là que réside mon plus grand atout. Non, ce serait plutôt mon corps parfait et sa beauté singulière, si spécifique aux albinos. Sans compter que j'ai la chance de ne pas avoir les yeux rouges, mais d'un violet intense qui en perturbe plus d'un. Et depuis que je suis en âge de comprendre ce qu'un regard insistant veut dire, je sais que mon corps peut être une arme.


Et cette arme, je compte bien l'utiliser pour me trouver un Alpha pour prendre soin de moi, et ainsi enfin profiter de la vie !

Qu'importe le prix [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant