Et si on rusait?

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L'esprit d'Isora était tant embrumé qu'il parvenait à peine à se demander s'il dormait ou s'il était éveillé. Le sommeil se dissipa lentement, très lentement. Les sons qui lui parvenaient lui semblaient lointains, étouffés. Il sentait la chaleur, si familière, s'étendre de sa joue droite jusqu'aux bouts de ses doigts, mais ses derniers refusaient de bouger, d'ailleurs, tout le reste de son corps était complètement engourdi. Enfin lui vint un son, celui d'un scope, puis celui de sa propre respiration. Il ouvrit les yeux. Son regard se posa sur le plafond d'une salle d'infirmerie bien familière. Il sentait sur son visage les contours d'un masque à oxygène. En essayant d'inspirer profondément, il sentit une douleur vive du côté droit de sa poitrine et il n'avait que trop peu de force pour lever le petit doigt.

Qu'est-ce qui m'est arrivé ?

Il se souvenait simplement de la lame du Commandant Hank plantée dans son épaule, la suite des évènements lui était trop brumeuse pour qu'il puisse comprendre comment il a pu se retrouver là. Une main se posa alors sur son épaule gauche, il tourna doucement la tête et son regard croisa celui d'Akairo. Ses cheveux, autrefois en bataille, avaient poussé de plus d'un mètre et étaient rassemblé en une longue queue de cheval.

Je suis resté inconscient si longtemps que ça ?!

- Comment vous vous sentez ?

Isora eut du mal à répondre. Il prit le temps de rassembler un peu de force avant de parvenir à dire quelques mots :

- S... Si faible...

- Ne vous en faites pas, c'est normal ! Le poignard qui vous a blessé à l'épaule était enduit d'un poison très virulent. Mais, heureusement, grâce à la matière noire, le poison n'a pour le moment paralysé que votre poumon droit et votre bras droit.

- Qu...Que...

- Chhh ! Ne dites plus rien ! Je sais que vous avez besoin de réponses mais, pour le moment, il faut vous reposer, c'est important. Ne vous en faites pas pour le reste, moi et Johan nous occupons de tout, il est digne de confiance, je vous en donne ma parole.

Johan ? Est-ce qu'il parle... du Sanguinaire à la souris ?

Isora eut à peine le temps le temps d'y réfléchir que le sommeil le rattrapa.

...

Akairo redressa la tête d'Isora, vérifia le scope et sortit de l'infirmerie, suivi de près par Alex. Le réveil d'Isora l'avait rassuré, ils s'étaient écoulés deux jours depuis la confrontation avec le Commandant Hank et son unité. Akairo ne se souvint pas avoir eu aussi peur de toute sa vie. Il n'avait aucun souvenir de l'affrontement entre Johan et le Commandant Hank, la raison étant qu'il a passé toute la durée du combat à trouver un moyen de venir en aide à Isora...

...

M**** ! M**** ! M**** ! Qu'est-ce que je dois faire ?

Akairo était agenouillé à côté d'Isora, en panique. Ce dernier avait perdu connaissance mais peinait toujours à reprendre son souffle. Autre souci plus alarmant, sa blessure à l'épaule laissée par le poignard de l'ennemi saignait abondamment.

Il faut que j'arrête le saignement ! Et vite !

Il plaqua ses mains sur la blessure et appuya de toutes ses forces, arrachant quelques gémissements de douleur à Isora qui ne bougea pas d'un cheveu. Akairo continua d'appuyer mais une petite mare de sang commençait à s'étaler sous l'épaule du patient.

Allez, Isora, ne me lâches pas !

Il appuyait de plus en plus fort sur la blessure, mais le sang continuait de couler.

Le bon chemin - Cycle II : Les fioles - Livre V : Chevelure mouvanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant