« Premier fragment » X.0 {Azur, Sable et Carmin}

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« Qu'est la liberté, quand elle est imposée par un Dieu ? »

Nul ne connaît le goût de la liberté. Celle qui s'accorde à un L majuscule.
Celle qui nous berce d'espoir et de rêves, qu'on aime avec des ailes.
Nul ne comprend la liberté. Encore moins ceux qui estiment la posséder.

~~~~~~~ Ƹ̵Ӝ̵Ʒ ~ Ƹ̵Ӝ̵Ʒ ~~~~~~~

Installé sur les toits de Liyue, le dernier Yaksha observait la ville. D'un regard d'or et de glace, scrutait les lanternes et leur lumière, fixait les mortels et leur naïve humeur festive. C'était là, la nature propre de l'humanité, s'accordait à penser le dompteur de démons. Qu'importaient les guerres, le temps passé, les morts et la souffrance, ceux-ci se complaisaient dans leur routine, s'accrochaient à tout et rien... Surtout rien, ou tout du moins, très peu qui puisse être défini comme intéressant.
Le commun des mortels se confortait dans l'idée de laisser d'autres personnes gérer. Qu'il s'agisse d'humains plus puissant, d'adeptes, de créatures mythiques ou encore de dieux.
Plissant les yeux à la lumière orangée que projetaient les diverses lanternes peuplant le ciel Liyuien, Xiao inspira longuement avant de secouer la tête, lentement. Las, il se redressa tout en étendant une main. À son gant, son Œil Divin se mit à luire et il bondit. Alternant entre sauts vertigineux et semi-téléportation, le dernier Yaksha s'éloigna peu à peu, se fondant à même les ombres de sorte à retrouver sa solitude.
Cette solitude, si chère à son cœur qui pourtant pesait bien trop souvent sur ses épaules fatiguées.
Parfois, tard les nuits de calme, Xiao regrettait avec amertume son immortalité. Tout comme il lui arrivait, bien plus rarement ceci dit, de souhaiter disparaître. D'une disparition réelle, de celle qui lui permettrait de rejoindre les autres.
Dernier des cinq, porteur d'un Karma si puissant qu'il en faisait fuir la moindre forme de vie passive, l'adepte souhaitait pouvoir tout abandonner.
Il s'agissait pourtant d'une chose qu'il ne ferait jamais. Parce que, s'il s'y tentait qu'adviendrait-il de Liyue ? Morax était déjà mort. Guizhong aussi, depuis bien longtemps déjà. Que resterait-il, s'il venait à partir aussi ? Le retour, quand bien même fut-il passager D'Osial avait prouvé qu'ils n'étaient pas aptes à se protéger sans une force de frappe considérable. De même, outre le voyageur, Xiao doutait franchement du fait que quelqu'un d'autre puisse supporter l'acquisition de la puissance nécessaire à abattre un dieu...Se déplaçant au gré du vent, le dernier Yaksha se stoppa au pied d'une Statue des Sept. L'une de celles érigées à l'effigie de l'Archon Géo. Morax, Dieu des Contrats. Dieu de la Guerre...
À l'arrêt au pied de celle-ci, le Dompteur de Démon releva un regard morne vers la silhouette figée dans la pierre. Si semblable au jour où elle avait été taillée, comme si le temps n'avait pas eu d'effet dessus. Pourtant, le dernier Yaksha pouvait en attester. Il avait vu les reliques d'un ancien temps dépérir et se désagréger peu à peu. Personne n'y prêtait d'importance. Les Statues et les temples se faisaient ruines, là où les constructions purement humaines prenaient de plus en plus de place...
Soupirant longuement, Xiao se mordit l'intérieur d'une joue tout en serrant les poings. Lui connaissait le fonctionnement des Statues. Elles qui, en échange d'un peu de leur élément, offraient quelques bénédictions divines capables d'effacer tout type de maux et de maladies. Qui s'en souciait ? Outre que celui ayant pris le temps de rendre aux Statues leur splendeur d'antan...

Dans le silence nocturne, une brise, ô si légère et chaleureuse vint s'enrouler autour de Xiao, le poussant à fermer les yeux, quelques secondes.
L'instant d'après, il s'asseyait à même la partie supérieure de la Statue. Prenant place aux pieds de l'Archon qu'il avait choisi de suivre et de servir. Bien malgré tout. Envers et contre tous.
Celui-là même qui était apparu de nulle part, un jour, des centaines d'années plus tôt.
Tel un mirage à l'odeur métallique et aux yeux solaire. Ce jour, le dernier Yaksha avait cru voir sa fin arriver. Enchaîné et blessé qu'il en était.
Sa vue trouble n'avait discerné que deux choses au creux de la lumière maladivement aveuglante qui avait éclaté au creux de sa prison. La première avait été l'éclat d'or en fusion à même l'ombre informelle qui s'approchait de lui. L'autre chose avait été l'éclat de la lame. Celle qui se trouvait en fin de lance. Incapable de se défendre, incapable de plaider sa cause, le Dompteur de Démons n'avait pu que fermer les yeux, acceptant la mort, priant la vie.
Tout du moins, jusqu'à ce que ses liens et ses chaînes ne disparaissent. De manière si soudaine qu'il chuta vers l'avant, rencontrant des bras solides au lieu du sol dur et froid de sa geôle.
C'était à cet instant qu'il avait entendu sa voix, pour la première fois.
« Tu es libre. » avait-il perçu, et l'inconscience avait réclamé son dû. Après tant d'années à ne jamais fermer l'œil, tant de temps à n'être qu'un jouet aux mains d'un maître tyrannique et abusif... Xiao avait lâché prise, acceptant tout sans conditions. Tournant le dos au peu, priant le meilleur.
Oui, le Dompteur de Démons s'était rangé aux côtés de son sauveur dès qu'il avait compris pouvoir faire valoir son propre avis. Ses pas s'étaient inscrits à même les empreintes de ceux de Morax. L'arme qu'il avait choisie par envie ensuite ne fut autre qu'une lance, tout comme celle que maniait le Dieu de la Guerre.
Les années avaient eu beau coulées après sa libération, Xiao n'en avait jamais démordu. Sa place était aux côtés de Morax, et les paroles de celui-ci gardaient toujours une place précise dans l'esprit du dernier Yaksha. Au premier abord, tout semblait parfait.

« Parabellum ; Guerre de Liberté »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant