Chapitre 1 : 2003

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Lanuit était belle , une splendide nuée d'étoiles , un véritablespectacle céleste . Il n'y avait que nous qui fêtions lafin de nos vacances d'été . Nous ,l'alcool et le feu de camp sur lafalaise . Nous n'étions que d'insouciants enfants , des créaturescréées uniquement pour s'amuser sans penser aux conséquences .Tout le monde dansait , riait , buvait ici et là tandis que j'avaiscette haine bouillonnante qui montait en moi . Et plus j'y pensais ,plus elle montait . Une irrésistible pulsion , comme un instinct ,un réflexe pour sa survie , pour être le seul et l'unique prédateurà chasser ses proies dans le secteur . J'étais un prédateur ,celui dont on avait souillé la propriété pour voler dans saréserve . Un acte en somme plutôt anodin et enfantin , mais quandon se pavane avec notre butin , il ne faut jamais protester de sefaire surprendre et qu'on nous le reprenne en suivant . Cependant monrival était plutôt fière et audacieux , sans doute le plus sportifdu groupe et moi je n'étais que l'adolescent silencieux qui laissaittout passer pour ne pas être rejeté . Alors quand je l'ai vu sepavaner avec mon butin , je l'ai sentie à nouveau , j'ai sentiecette pulsion , cette rage grandissante . Elle montait , m'appelait ,criait mon nom , me suppliait de ne pas y résister . Je l'ai écoutée. Alors quand il m'a proposé d'aller chercher des pizzas j'ai saisil'occasion , j'ai lâché prise , laissé faire mon instinct et j'aiassouvis cette pulsion. Alors sur la route du retour j'ai prétexterun besoin urgent pour sortir de sa voiture. Je me suis caché dans laforêt et quand il est passé devant moi à ma recherche j'ai frappéde toute mes forces son crâne avec ma bouteille de bière . Bienévidement ce coup ne l'as pas achevé ,seulement assommé , il afallu finir le travail . J'ai pris sa tête et je l'ai cogné ,encore et encore , contre un arbre . Et plus je le frappait plus lasatisfaction était grande . J'étais déchaîné , je mereconnaissais à peine . Lui aussi était méconnaissable . Sur sonvisage meurtri et déformer par la violence de mes actes , on pouvaitencore y lire la surprise et l'effroi . La surprise de voir lemaillon faible du groupe se rebeller d'une telle violence , l'effroide découvrir mon vrai visage , son vrai rival , celui qui depuis ledébut était là caché dans un coin , attendant patiemment lemoment venu pour chambouler sa vie . On pouvait encore y décelerl'incompréhension , celle à la découverte d'une trahison , legenre de trahison qu'on ne pardonne pas , celles dont on auraitpréférer ne jamais savoir l'existence . Mais moi je n'y voyait quela pure beauté de la vengeance , du châtiment . Je me sentait commeun ange vengeur , maintenant que l'unique chose que je ne pouvais luiretirer était sa pénitence . Alors quand j'ai vu sa dépouille ,son corps inanimé et sans vie , encore chaud de cette dernière quil'avait quitté il y a peu , je ne ressentais plus la rage passée ,elle avait laissé place peu à peu à une immense satisfaction , unesensation indescriptible de victoire , de toute puissance . J'étaiscomme un roi qui règne sur son royaume , un roi craint certes , maispuissant , le style qu'on n'oserait défier tant il nous intimide .





J'aipris son misérable cadavre et je l'ai mis dans la voiture en prenantgrand soin de protéger cette dernière avec une bâche qui avaitservit à protéger les bouteille à l'aller. Je l'ai transporterjusqu'au commencement de la falaise , à une vingtaine de kilomètresde la fête . Je l'ai jeté par dessus bord, enivré de ma victoireet une fois descendu , je l'ai laissé entre deux pierre sous unrenfoncement . J'étais à peine parti que les charognards s'étaitdéjà jeté dessus. J'ai pris grands soin de nettoyer la voiture .J'ai enlevé ma chemise et l'ai brûlée avec la bâche . Je suisensuite revenu , l'esprit apaisé , les mains pleine de pizzas , maissans concurrent.

J'airetrouvé mes invités , ils étaient tous heureux de sentir ànouveau cette douce et familière odeur de pizza . Ils les ontdégustées , cependant certains commençaient à se questionner surl'absence du sportif . J'ai prétexté qu'il ne se sentait pas bienet qu'après l'avoir redéposé près de chez lui je suis revenu àla fête. A moitié conscient , ils ont tous bu mes paroles en mêmetemps que leurs verres remplis d'alcool.

Le couteau sous la gorge [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant