Amethys Layne - Tome 2 (en cours)

Welcome to Santa Monica

AMETHYS

Je rêve d'un bain. Avec de la mousse. Et des remous. Le menton posé sur la paume de la main, les yeux perdus dans la contemplation de ce qui s'apparente plus à une angoisse qu'à l'envie d'y fourrer les pieds. Mon épaule droite me brûle, une mèche de cheveux chatouille mon visage.

— Il est l'heure, Amecheese !

J'avale la boule logée au creux de ma gorge et me redresse en passant machinalement le tissu en microfibres sur le bambou du bar sur lequel je suis accoudée. Je frotte ma peau rendue sensible sur l'endroit où je me suis appuyée.

— Si tu veux faire des heures sup', c'est toi qui vois.

Deux prunelles grises me toisent. Je souffle et replace l'éponge à droite de l'évier.

— C'est bon, j'y vais chef.

Je plaque mon poing contre son épaule et le contourne pour me changer et récupérer mes affaires posées au sein du vestiaire au début de mon service. Un client me gratifie d'un sourire et je le salue en traversant le chemin de bois, me permettant de retrouver le bitume. Je baisse les yeux sur mon poignet, ma montre affiche 18 h. J'accélère le pas en dépassant les touristes venus profiter du soleil tout l'après-midi. A l'aube de l'été, le sol chaud accueille une multitude d'humains à moitié dénudés.

Je traverse la route en prenant garde à ne pas y laisser la vie et saute sur le trottoir pour rejoindre ma prochaine destination. Mon lieu de travail ne se trouve qu'à cinq minutes et La Moustache est sans aucun doute déjà en train de taper du pied sur le plancher. Je pousse la porte en verre et salut Marina sans prendre la peine de faire une halte à son poste de travail. Depuis le temps, je n'ai plus besoin de me présenter, je fais pratiquement partie des meubles.

L'ascenseur me mène au second étage. Je bifurque à droite et dirige mes pieds au fond du couloir en suivant les pas imprégnés sur la moquette orangée. Les sièges en cuir sont vides, mais je ne prends pas la peine d'y poser les fesses car :

1

2

3

...

— Mademoiselle Layne, pile à l'heure !

— Docteur Ron !

Comme toujours, il tend sa main rose en direction de la pièce qui sent le vieux. Je pose mon sac à main sur la chaise qui préside le bureau et m'assieds sur le canapé en tissu, celui qui fait face à la baie vitrée. La vue est imprenable, je peux observer Rick servir ses cocktails ou encore, les surfeurs se prendre des vagues en pleine face. Vraiment, j'apprécie.

La Moustache me raconte sa semaine pendant qu'il raye des choses sur son carnet et redresse ses lunettes grassouillette sur son nez. Il hausse les sourcils, pince les lèvres et rejoint sa place habituelle. Pas loin de moi, mais pas trop près non plus. Il inspire pour prendre la parole mais mes cordes vocales évacuent ce qui pèse sur mes épaules depuis des semaines :

— Il est toujours dans le coma.

— hm.

Ouais, comme tu dis mon vieux.