Walking On Sunshine

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Le colocataire

Trois semaines. Trois foutues semaines que je suis à mon compte et je n'ai toujours pas décroché un seul contrat. Je rafraichis l'interface pour la énième fois avant d'éteindre mon ordinateur de bureau. Amethys s'affaire en cuisine. Elle découpe des légumes sur le plan de travail et chantonne un air qui circule sur les radios Américaines depuis la semaine dernière. J'avance vers le canapé en tissu beige et replace le plaid correctement avant d'augmenter le son de l'écran plat. Les mains dans les poches, j'observe la vie extérieure. C'est l'avantage d'avoir choisi cet appart. Les vitres qui bordent tout le pan de mur offrent une vue magnifique sur la plage de Santa Monica. En soirée, le ciel se pare d'une teinte orangée et l'eau devient plus paisible, plus calme. Je tourne le visage vers Amethys. Elle peut bien dire ce qu'elle veut, je trouve que l'air marin lui sied à merveille.

— Je te sers un vin blanc ?

J'interromps sa chansonnette en traversant la pièce pour la rejoindre en cuisine. Elle opine en souriant.

— Comment s'est passée ta journée ?

J'attrape deux verres à vin pour les poser sur le granit bronze.

— Des cocktails, des cocktails, toujours des cocktails, geint-elle en coupant une carotte.

Je ricane en tirant sur le bouchon de liège.

— Je t'ai déjà dit que tu n'étais pas obligée de bosser là-bas.

— Et je t'ai déjà répondu que je souhaites payer mes études toute seule.

— Et ton rendez-vous ?

— La Moustache est toujours aussi fou.

— C'est-à-dire ?

Ses membres se crispent, comme à son habitude, elle se demande si elle doit m'en parler.

— Tu peux y aller.

Même si c'est difficile, je ne souhaite pas l'en priver.

— Il m'a conseillé de lui écrire une lettre.

— À qui ?

Je lui pose la question, mais je connais pertinemment la réponse.

— Bastien.

Bingo.

Je hoche la tête, les lèvres pincées. Je suis toujours prostré derrière son dos, elle se retourne en s'essuyant les mains, le regard désolé. Je la coupe avant même qu'elle n'ouvre la bouche.

— Fais ce qu'il te dit, articulè-je en contournant l'ilot.

— Mais...

— C'est son métier. Il sait ce qu'il fait.

— Que pourrais-je bien avoir à raconter au connard qui nous a enlevé Alex et...

Elle déglutit.

— Et Valentine. Tu peux le dire. Valentine.

Elle acquiesce, le regard voilé. Je pose mon verre et m'approche de ma petite amie pour l'envelopper de mes bras protecteurs.

— On va y arriver.

Il est 23h au moment où les paupières d'Amethys luttent pour rester éveillées. J'en déduis que cette fois encore, je ne verrais pas la fin des aventures de Ragnar Lodbrok. Je dégage la mèche qui s'est échappée de son chignon.

— Je ne dors pas, marmonne-t-elle.

— Mais bien sur. Allez, au lit.

J'éteins la télévision et actionne la fermeture automatisée des stores. Lorsque la pièce n'est plus qu'éclairée par les spots, elle râle et s'extirpe du canapé pour rejoindre la chambre. Je fais une halte à la salle de bain pour enfiler un short en coton et gagne le lit où elle y est déjà bien installée. Je vérifie que le réveil est réglé avant de l'attirer contre moi. Même si je gère seul mon emploi du temps, je m'impose un horaire fixe. Généralement, je me lève en même temps qu'elle pour profiter du petit-déjeuner avant qu'elle ne me quitte pour une bonne partie de la journée.

Amethys Layne - Tome 2 (en cours)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant