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Point de vue : Harry Potter

     J'attendais que tout le monde s'en aille pour aller lui parler. Je savais que Ron avait une retenue et que je serais seul avec Hermione. La présence de notre meilleur ami ne me dérangeait pas, mais jusqu'à maintenant j'avais souvent été seul avec elle lorsque nous abordions certains sujets et je voulais qu'il en soit ainsi pour cette fois aussi.

     Tout le monde me salua alors que je marchais vers elle. Elle rangeait ses affaires dans son sac, ayant relu certains sortilèges le temps que d'autres terminent les exercices. C'était grâce à elle que nous nous retrouvions là. Grâce à elle, à Ron, à Neville évidemment, et puis à tous les participants qui donnaient à ce que nous faisions une valeur bien plus grande. Cela faisait déjà plusieurs semaines que nous occupions la Salle Sur Demande et je me voyais apprécier ce métier de professeur. J'avais même remarqué que je ne pensais à rien d'autre durant ces cours et, Merlin devait sûrement le savoir, j'en avais bien besoin.

     Arrivé à sa hauteur, je lui laissais le temps de se rendre compte que je voulais parler. Elle se redressa alors qu'elle venait de boucler son sac. Elle comprit rapidement à mon regard que je n'étais pas décidé à nous laisser sortir de cette salle si vite. Nous étions à présent complètement seuls. Elle resta presque impassible et, sans un mot, un canapé aux couleurs de notre maison apparut à nos côtés. Nous nous y installions alors qu'elle posait son sac au sol et glissait ses jambes sur l'assise, posant son menton sur ses genoux. Je lui souriais doucement. Elle était belle Hermione, et tellement intelligente, je ne voulais pas la voir souffrir.

« Tu m'en parles ? »

     Elle soupira et laissa quelques secondes son regard dériver ailleurs. Bien sûr, je savais qu'elle allait m'en parler. J'avais remarqué qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme depuis quelques temps. Bien avant Noël et l'évènement qui s'était produit avec Arthur, elle avait comme perdu une parcelle de sa gaité habituelle. Et si moi-même je l'avais remarqué avec tout ce qui m'arrivait en ce moment, je ne devais certainement pas être le seul.

« Ce n'est pas une année facile, Harry. »

     Elle voulait sûrement que je lui réponde pour pouvoir entamer la discussion, mais ce serait un moyen pour elle de fuir le véritable sujet qui se tramait là-dessous. Je laissais donc le silence s'installer alors qu'elle tournait la tête, la joue contre ses genoux. Elle me regardait toujours et continua d'une petite voix :

« Il y a les B.U.S.E.S., et Ombrage, et ta cicatrice, et tout le reste...

-Quel reste ?

-Tu sais bien, tout le reste. Graup, Skeeter, Cho...

-Cho ? Hermione, tu es en train de changer de sujet. »

     Je ne pus m'empêcher de sourire devant cette tentative à peine voilée. Elle me souriait aussi, plus timidement, les yeux tristes.

« C'est Fred. »

     Je n'étais pas surpris d'entendre son prénom. Evidemment, je ne me doutais de rien, bien qu'à présent je pouvais deviner la suite, mais j'avais à plusieurs reprises croisé le regard des jumeaux.

« Qu'est-ce qu'il a, Fred ?

-Il est addictif. »

     Je ne pus m'empêcher de rire. Elle gardait son sérieux mais je ne réussis pas faire de même. Elle avait dit ça de façon si mignonne et si simple que ça en devenait déstabilisant. Pourtant ça ne m'étonnait pas. Hermione avait son esprit scientifique qui exposait un fait. Et le fait était que Fred hantait ses pensées.

« Je n'arrive plus à me passer de sa présence.

-Mais il s'est passé quelque chose entre vous ?

-Même pas. »

     Elle a à un moment détourné les yeux avant de continuer, toujours sur la même intonation de quelqu'un qui se voit punit d'un crime qu'il n'a pas commis.

« J'y ai réfléchis et je ne comprends pas. J'ai essayé de trouver des infos utiles à la bibliothèque, mais rien n'a pu me servir.

-Tu es allée à la bibliothèque pour essayer de comprendre pourquoi tu es amoureuse de Fred ? »

     Ma phrase eut l'effet de la faire rougir.

« Pas pour comprendre, ça je ne pense pas qu'il y ait de réelle explication, à part peut-être le besoin de perpétuer l'espèce dicté par notre cerveau et déguisé avec de la guimauve. Je voulais savoir si dans le monde des sorciers ça pouvait se passer différemment, ou si des évènements importants avaient pu marquer l'histoire afin de... m'en inspirer. »

     Je souriais. Je la reconnaissais bien là.

« Et pourquoi tu ne lui as toujours rien dit ?

-J'ai peur qu'il me rejette. »

     Je ne pouvais rien répondre de concret à ça, je n'étais pas à la place de Fred. D'ailleurs il aurait été difficile pour moi d'essayer de deviner ce qu'il pourrait en penser, étant donné que je confondais encore les jumeaux.

« Tu comprends, on a un lien spécial tous les deux et je ne voudrais surtout pas tout gâcher. Et puis de toute façon je ne veux pas que notre relation change. Il me permet de me sentir bien quand ça va vraiment mal et puis j'ai envie qu'il continue à venir me voir quand il a besoin de moi. Je ne suis pas prête à changer ça. Et puis... Il a Angelina maintenant. »

     Je me mis alors à la regarder intensément pour lui signifier que je comprenais. Je fis ce que ferait un ami, j'ouvris mes bras et lui fit signe de venir s'y loger. Elle me rendit ainsi mon étreinte, son corps à moitié allongé sur le canapé. Je passais une main sur ses cheveux dans un geste réconfortant, lui murmurant alors ce que j'espérais être des paroles emplies de sagesse :

« Si tu ne te sens pas prête, si tu ne veux pas encore changer les choses, alors ce n'est pas le moment. »

     Cho me vint en tête et m'inspirer alors d'elle et de ce que je ressentais à son égard me fit continuer :

« Le jour où ça deviendra insupportable pour toi de ne pas pouvoir l'embrasser, ou le serrer dans tes bras, ou juste replacer correctement une mèche de ses cheveux, alors tu sauras qu'il est temps de lui dire. Mais si pour le moment c'est plus facile comme ça, arrête de te tracasser et profite du lien que vous avez. »

     Je sentis sa respiration s'apaiser et elle hocha la tête. Elle se redressa alors et, les yeux un peu moins tristes, répondit :

« Tu as raison Harry. Je n'ai pas à me plaindre de ma situation, je peux même lui faire des câlins de temps en temps. Parlons un peu de toi maintenant. Ça commence à devenir trop dur de ne pas pouvoir l'embrasser ? »

     J'étais pris de cours, et pourtant avec le recul j'aurais dû m'y attendre. Une fois la surprise passée je poussais un soupir et me mis à sourire. Je m'affaissais un peu plus dans le canapé et, elle-même s'installant mieux, nous avons alors continué une conversation qui s'annonçait durer un moment.

Fin à suivre

Les 8 nouvelles d'une histoire de Poudlard  (Fremione)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant