Chapitre 43 : Date Fatidique

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La date fatidique est finalement arrivée. Il est temps pour moi de rentrer en France. Je prépare ma valise, le cœur lourd. Je n’ai pas envie de partir. Tout ici va me manquer. Bien que tous les jours ne fussent pas roses, j’ai passé la meilleure année de toute ma vie. J’ai tellement appris ici et j’ai changé.

En arrivant, j’étais très timide et réservée. J’avais peur de m’exprimer en japonais malgré mon niveau. Aujourd’hui, j’ai la sensation d’avoir un japonais bien plus naturel et d’être plus extravertie. Je vais bien plus facilement vers les autres. Et l’inconnu ne me fait plus peur. En même tant cela serait étrange après avoir passé un an, seule, dans un pays que je ne connaissais pas autant que je le pensais. Bien évidemment, à la fac, on nous enseigne tout un tas de trucs sur le Japon et sa culture, mais rien de tel que de la confronter pour la comprendre.

« - Je n’arrive pas à croire que tu t’en ailles déjà… Murmure Takuya tristement.

- Je n’arrive pas à y croire non plus. Quand je suis arrivée, un an me semblait une éternité. Finalement, c’est bien trop rapide.

- Mais tu reviendras, je ne me fais pas de soucis.

- Oh oui, tu peux compter sur moi ! Je ne compte pas rester loin de toi bien longtemps ! M’exclamais-je.

- Tu as besoin d’aide pour tes valises ?

- Non, merci. J’ai presque fini.

- Très bien. Je vais me préparer alors. On part dès que tu es prête. »

Je lâche un petit sourire à Takuya qui quitte la pièce. Si j’écoute mon cœur, je ne serais jamais prête… J’essaye de me remonter le moral en me disant que je vais revoir ma famille, mes parents qui m’ont tellement manqués et je vais de nouveau pouvoir profiter de la nourriture française et la cuisine de ma mère.

Le Japon possède de nombreux restaurants français, mais les goûts sont bien trop adaptés aux locaux. Je ne leur en veux pas, nous faisons la même chose en France avec leurs plats.

Je crois que j’ai fait tout ce que je voulais faire en venant ici et la majorité, je l’ai fait en compagnie de Takuya. Tous les moments que nous avons passés ensemble sont gravés à jamais dans ma mémoire et je crois que c’est ce qui me motivera une fois rentrée chez moi.

Takuya et moi chargeons mes valises dans le coffre de sa belle voiture. Celle que je voyais toujours garée près du kombini. Je souris en repensant à la manière dont nous nous sommes parlé la première fois, si on ne compte pas la fois du festival.

Pour l’occasion, les garçons sont directement venus me dire au revoir chez Takuya. L’oyabun aussi est venu. Avant de monter en voiture, je les serre tous dans mes bras en essayant de réprimer mes larmes. Ce n’est pas le moment de pleurer. J’aurais le temps de m’apitoyer sur mon sort durant mes longues heures d’avion.

« - Tu seras toujours la bienvenue au QG. M’annonce l’oyabun.

- Bien évidemment qu’elle l’est : elle va se marier, elle va bientôt faire partie de la famille ! S’exclame Yasumi.

- Merci pour tout ! M’exclamais-je. Vous avez tous rendu mon séjour plus beau.

- Tu vas nous manquer ! Affirme Hiro. Reviens-nous vite !

Tout le monde me salue une dernière fois avant que nous prenons la route. Takuya et moi montons en voiture, laissant les garçons sur le trottoir. Lorsque la voiture démarre, ils nous font des signes de main depuis l’extérieur.

- Le QG va être vide sans toi, dit finalement Takuya. Je me rappelle, quand l’oyabun nous a demandé de ne plus te voir, tout était morose.

- Tu comptes me faire pleurer ? Demandais-je la gorge nouée.

- Non, excuse-moi. C’était bête de remettre ça sur le tapis.

- Même pendant ta grosse mission, on pourra se parler ?

- Oui, je crois que oui.

- Tant mieux, je ne comptais pas couper les ponts avec toi en attendant mon retour.

Le silence prend place dans la voiture. Je redoutais ce moment plus que tout. Je n’aime décidemment pas les au revoir et encore moins quand il s’agît de quitter une personne que j’aime plus que ma propre vie. Les larmes me montent aux yeux, je détourne alors le regard vers l’extérieur. Ce paysage, je ne le reverrai pas avant longtemps. Je profite des derniers instants de ma vie japonaise.

Le trafic est assez fluide, peut-être même trop à mon goût. J’aurais aimé rester bloquée quelques minutes de plus sur l’autoroute qui nous mène à l’aéroport. Le soleil se couche doucement, laissant des traces rosées dans le ciel. Pourquoi ai-je décidé de voyager de nuit ? Pour voir les pays illuminés bien sûr. Je ne comptais pas prendre l’avion sans voir ça. Lors de mon arrivée, j’avais pris un vol de jour. Le ciel était bleu et j’avais été émerveillée par les nuages. Cette fois, c’est au tour de la nuit de me surprendre.

- Zoé ?

- Oui ?

- Je ne sais pas si tu le sais, mais les Yakuza ne sont pas vraiment les bienvenues à l’intérieur des aéroports. Je vais devoir te dire au revoir sur le parking.

- Je comprends. Ne t’en fais pas.

Takuya se gare sur une place assez reculée de l’entrée. Je vais devoir traîner mes lourdes valises jusqu’à l’intérieur. Mon compagnon –ou devrais-je dire, mon fiancé –m’aide à sortir mes valises de la voiture. Pour éviter de se faire repérer, il porte une tenue sombre ainsi qu’une casquette. Même vêtu de la sorte, il est beau. C’est incroyable. Un rien ne lui va.

Je ne parviens pas à retenir mes larmes plus longtemps, celles-ci perlent sur mes joues. C’est la dernière fois que je le vois avant une éternité. En me voyant ainsi, Takuya me serre dans ses bras. Je renifle son parfum une dernière fois. Mon dieu, ce qu’il sent bon… Et ce que je me sens bien avec lui.

- Je reviens vite, lui annonçais-je sûre de moi.

- Je t’attendrais.

- Tu n’as pas vraiment le choix, dis-je dans l’humour en montrant la bague de fiançailles qu’il m’a offert peu après m’avoir demandé en mariage. »

Nous nous embrassons. Tendrement au début, puis de plus en plus fort. Les lèvres de Takuya ont un goût salé. Quand je rouvre les yeux, je remarque que des larmes ont également coulées sur ses joues. Je les essuie avec la manche de mon pull. Je n’aime pas le voir comme ça. Ça me brise le cœur. L’heure me rappelle à l’ordre. Il est temps pour moi de le quitter.

"- Je t’aime Zoé.

- Moi aussi, je t’aime."

J’attrape mes valises et me dirige vers l’entrée de l’aéroport. Je lance un dernier regard à Takuya par-dessus mon épaule. Mon dieu, ce qu’il va me manquer…

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