𝐈.

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Il est toujours près de moi, à me souffler au creux de l'oreille qu'il m'aime. Que je n'existe que pour lui. Qu'il se tuera si jamais je m'en vais. Tout en sachant que s'il disparaît, je le ferai également.

Il est là, creusant dans mon cœur et dans mon âme, une place pour son amour fou et douloureux. Il ne se passe pas une seconde sans que sa voix ne traverse doucement mon esprit, me susurrant des mots lascifs que j'ai entendu tellement de fois qu'ils sonnent à présent comme une vieille mélodie dans mon crâne.

Et je n'ai qu'à cligner des yeux pour le voir apparaître devant moi.

Ses yeux froids sont admiratifs aujourd'hui, bien que pensifs. L'éclat rougeoyant de ses pupilles m'hypnotise, je ne trouve rien à dire devant son silence contemplatif. Ses lèvres rosés remontent dans un sourire, sa langue ayant tant de fois parcouru ma peau caresse ses deux bouts de chair qui agressent les contours de mon corps chaque soir.

"- Tu penses à quoi ?" Me dit-il, m'arrachant à mes pensées vagabondes.

"- À toi." Je réponds, à peine intimidé par son ton détaché et las qui en aurait agacé plus d'un.

"- Tu as intérêt."

Le dernier professeur de la journée vient à peine de quitter la salle. Nous baignons dans un silence obscur que lui seul peut briser. Bientôt, l'on finira chez nous à nous fracasser mutuellement la tête contre les barreaux du lit.

"- Je ne te crois pas finalement." Son regard s'accroche au mien comme cherchant une trace de mensonge, d'ironie. Incertain.

"- C'est comme tu veux Sukuna."

Il hausse les sourcils face à mon attitude faussement flegmatique. C'est ma seule défense devant le désir violent qui s'empare de moi quand il est dans les parages. Je suis accro à sa présence et il en profite grandement.

Connard...

"- Mauvaise réponse Yu..."

La douceur de sa voix est presque effrayante. Lui qui d'habitude est si autoritaire, moqueur et mesquin, essaie maintenant de se montrer avenant et sensible. Toute cette hypocrisie m'impressionne. Un homme est capable de bien des choses quand il veut vraiment atteindre ses objectifs...

"- Tu veux quoi cette fois ?" J'essaie moi aussi de changer d'attitude. De perdre mon air enjoué pour une expression dure afin de le pousser à me laisser tranquille. Mais, je suis bien naïf de penser quelque chose effraie le grand Sukuna.

"- Toi, comme tu l'as dit tantôt." Il perd à peine son sourire dévorant. Son regard acerbe parcourt avec précision chaque recoin de mon âme déjà affectée par sa présence.

"- Non. Vas te faire foutre."

Je me lève de ma chaise, précipitamment. Espérant sourdement qu'il ne me suivra pas, ne me touchera pas, n'insistera pas. Je suis trop touché pour ça. C'est vain et lâche mais si j'ai une chance de fuir cette situation, tout ces sentiments alors je ne m'en priverai pas.

Malheureusement, comme une partie de moi s'y attendait, sa main s'enroule autour de mon poignet. Provoquant une série de frissons presque agréable le long de mon bras. Je préfère être torturé que d'avouer que son toucher m'avait manqué.

"- Tu sais comme moi que tu ne gagneras jamais à ce jeu-là Yuji." Il me nargue passant son autre main dans ses mèches roses poudrés, aussi courtes et clairs que les miennes.

J'admire un instant son bras tatoué. J'aimerais connaître la signification de tout ces tatouages tribales qui décorent ses muscles à la perfection. Même s'il me l'a sûrement répété des milliers de fois, je voudrais qu'il me le dise encore et encore...

Je secoue légèrement la tête pour revenir dans la réalité. La vraie réalité, pas celle qu'il a instauré dans mon psyché.

"- Nous sommes jumeaux Sukuna. C'est le moment d'arrêter tes conneries !"

J'essaie de dégager mon poignet, inutile. Il ricane et ressert sa prise, j'imagine déjà les bleus immondes que j'aurais dessus...

"- Et alors ? Tu m'aimes, n'est-ce pas ?"

Et le pire c'est que tu as raison.

𝐓𝐨𝐱𝐢𝐜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant