𝐈𝐈𝐈.

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"- À quoi tu penses ?" Elle me le demande si naturellement, insensible à mon silence hostile.

Je refuse de parler de ce qui me tracasse. Même avec les questions trop poussées de ce qui se sentent proches de moi. Et Dieu seul sait, si Dieu il y'en a, à quel point je hais ce genre d'interrogations qui n'ont pas besoin réponses.

J'aurais presque l'air blasé et bougon de Sukuna. Agacé par tout ce qui existe. Un cruel sarcasme toujours ancré dans les traits. Et malheureusement, je constate que je ne peux pas empêcher mes pensées de se diriger sans cesse vers lui...

"- Je t'ai posé une question." Elle fronce légèrement les sourcils, maintenant irritée par mon mutisme.

"- Je ne sais pas quoi te dire." Je réponds, de nouveau intrigué par le fleuve sans fin de paroles qui s'écoulent de la bouche du présentateur à la télévision.

Mon grand-père observe la scène avec amusement. Un amusement honnête, sincère et affectueux, pas comme la moquerie acide de mon jumeau.

Les premiers jours de l'été bercent ma semaine. Le soleil brille fort dehors, à tel point qu'on a été obligé d'allumer la climatisation. Ne trouvant plus rien à faire en cette journée de canicule, celle qui me sert de meilleure amie d'enfance, Nobara, a trouvé utile de venir me casser les couilles. Elle tourne les pages de son magazine avec lenteur, attendant toujours que je déballe les sombres secrets de mon existence à son oreille attentive.

Même pas en rêve.

"- Comment ça tu ne sais pas !? Tu es distant ces derniers temps et surtout rêveur, tout le temps dans la lune ! Et en plus j'ai remarqué plein d'autres détails qui me permettent d'affirmer que tu as quelqu'un Itadori..." Elle remue les sourcils avec un air suggestif. Et moi je continue de la regarder, hébété.

Ça peut vraiment se voir ce genre de chose ?

"- Tu te fais surtout des films. Et si j'avais quelqu'un, je t'en aurais parlé !"

Sa moue boudeuse s'adoucit à la fin de ma phrase. Elle me frappe fortement l'épaule avant de se reconcentrer sur les informations qui défilent sur l'écran de la télévision. Meurtres, meurtres, élections législatives à venir et encore meurtres. Décidément, il n'y a rien d'intéressant dans ce pays.

"- Et t'as des nouvelles de Megumi ?"

Nous sommes interrompus dans notre début de conversation par la porte d'entrée qui vient d'être claquée. Je n'ai même pas besoin de lever les yeux pour comprendre que c'est Sukuna qui vient d'arriver. Nobara se tend et mon grand père salut le nouvel arrivant avec un petit sourire.

"- Tu as passé une bonne journée Sukuna ?" Mon jumeau sort de ses pensées et répond d'un hochement de tête.

Son regard écarlate plonge dans le mien puis se pose sur Nobara qu'il dévisage avec dédain avant de brusquement bifurquer vers le vouloir où se trouvent les chambres. Il est de mauvaise humeur, ça se voit.

"- Quel démon celui-là." Nobara siffle entre ses lèvres pincées.

Elle n'a jamais apprécié mon jumeau et l'a toujours défini comme une partie diabolique de moi. Quelque part, elle n'a pas complètement tort.
Lui et moi sommes similaires à ce symbole chinois monochrome représentant le bien et le mal. Le mal n'existe pas sans bien tout comme le bien ne peut subsister sans mal. C'est un cercle infini, une roue qui tourne encore et encore.
Ce qui ne me dit pas pourquoi et comment je me suis laissé embarqué dans ces sentiments qui finiront par me tuer.

"- Sûrement Nobara. Sûrement." Je soupire en bousculant légèrement la tête. Persuadé que ce soir, je vais profondément morfler.

𝐓𝐨𝐱𝐢𝐜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant