5.Ta vie pour la mienne.

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-Alors euh je suis désolé mais...Je vais essayer d'être le plus diplomate possible, parce que, euh, je vous respecte à donf, et puis parce que je crois qu'on est quand même pas mal copains depuis trois ans alors s'il vous plaît, Capitaine, restez tranquille parce que...Disons que sur une échelle de 1 à 10 , 1 étant la personne la plus chiante, la moins barrée, la moins originale du monde, genre...Euh...Ben, Fatim, tiens, et 10 étant le plus haut degré de la maboulitude, genre high level cinglée, genre le joker dans Batman, eh ben, vous et votre plan, vous êtes à facile 18 ! Et faites pas genre vous savez pas que j'ai un doctorat en fumage de weed, alors, des trucs complètement ouf, j'en ai entendu dans ma vie ! Alors c'est non de chez non de chez non. Non !

Fatim était assise contre une des tables d'autopsie à l'IML, alors qu'Hélène était restée dans l'encadrement de la porte, pendant qu'Eddy arpentait la salle en long, large et travers comme un poussin qui aurait bu un carton de Red Bull.

-Et si c'était la seule façon, essaya Hélène. Et si c'était la seule chose qui pouvait le sauver.

-Mais même ! Vous vous entendez, capitaine ? Vous avez royalement pété les plombs ! Et puis il va mieux depuis hier soir, pas vrai ? Ils l'ont extubé, hein ?

Hélène croisa ses bras sur sa poitrine.

-Hier soir il allait mieux, mais ce matin, le bilan sanguin est à nouveau pas folichon. Je suis convaincue que c'est la seule chose à faire si on veut que Balthazar nous revienne.

-Mais...Mais vous êtes dingue, et puis, capitaine, si ça loupe, et ça ne peut que louper, hein, je vais me retrouver en prison ! Tuer un capitaine de police, ça passe moyen auprès des jurés.

Hélène se tourna vers Fatim, restée silencieuse depuis le début de leur entrevue.

-Et toi, Fatim, tu ne dis rien, mais tu en penses forcément quelque chose.

Eddy la regardait entre deux allers et retours entre une lampe et les frigos, alors qu'Hélène essayait de rester calme.

-Laissez-moi résumer la situation, Capitaine Bach, commença Fatim. Juste que je comprenne bien.

Hélène hocha la tête positivement, alors qu'Eddy faisait le contraire avec frénésie, à deux doigts du torticolis.

-Donc, reprit Fatim, vous avez fait trois malaises liés de près ou de loin a des chocs électriques pendant lesquels vous avez connecté avec Raphaël et les trois fois, son état s'est amélioré, et vous pensez que maintenant il faut qu'on vous envoie dans un état inconscient avec un défibrillateur pour que vous puissiez le ramener une bonne fois pour toutes. J'ai bon ?

-Oui, bien, forcément, quand vous le dites comme ça...

-Mais quand vous le dites comme ça de quoi, explosa Eddy. C'est complètement...Je peux pas...Nan mais vous pouvez pas être sérieuse, Capitaine ! Vous vous foutez de nous, y'a une camera, ou c'est un prank pour YouTube.

Hélène eut soudainement besoin de s'assoir tant l'implosion d'Eddy avait plus de sens que son plan surréaliste et surtout risqué. Très, très risqué. Elle se glissa sur le siège de bureau face à l'ordinateur et pivota face à eux.

Bien sur qu'ils avaient raison.

Mais cette petite voix en elle refusait catégoriquement de se taire. Et jamais cette voix ne l'avait trahie. Par trois fois elle avait fait un malaise. La première fois, c'était quand Raphaël était en train d'être réanimé. La seconde, quand elle avait pris le coup de jus, et la troisième, la décharge près de l'ascenseur.

Et par trois fois cela avait entraîné des améliorations notables dans l'état pourtant désespéré de Raphaël.

Une fois, c'est un hasard.

Reviens-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant