Chapitre 17

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-Oh... Harry...!, s'écria soudain Neville, alarmé. Tu as des taches sur ta chemise, là... On dirait du sang!

Il commençait à faire plus clair, et les deux garçons s'étaient si bien réchauffés en marchant que Harry avait déboutonné sa veste.

-Zut alors, ça vient d'où, ça...?, s'exclama le musicien en inspectant sa chemise. Beurk... Ah oui, je sais! Je me suis cogné la tête, hier soir, et j'ai saigné. Comme un idiot, j'ai essuyé mes doigts sur ma chemise...

-Fais-moi voir ça, dit le jeune métis avec autorité.

Harry pencha la tête de côté. Pour dégager la plaie, Neville repoussa les cheveux épais et poisseux de son compagnon, puis il jeta un coup d'oeil sur la blessure.

- Dis-donc, c'est pas joli du tout, ce truc, grogna-t-il en lâchant Harry... Comment tu t'es fait ça?

-C'est arrivé dans la voiture. Je suis ... tombé, dans le noir, et je me suis pris le bord de la banquette.

-Oh!... A cause du Lord?

-Mouais..., reconnut Harry avec une grimace.

-C'est tout déchiqueté, et on voit l'os! Ca fait mal?

-Un peu... mais c'est supportable. Allez, Neville, il faut qu'on avance!

Ils se remirent en marche. Il y avait un bon moment qu'ils longeaient la route, restant prudemment sous le couvert des arbres. Ils n'avaient croisé que deux piétons portant des baluchons et un groupe de cavaliers, qu'ils avaient soigneusement évités.

La lisière de la forêt n'offrait pas un terrain idéal pour se déplacer. Les branches mortes, les buissons et les nombreuses irrégularités du sol retardaient leur progression et la rendait épuisante. Mais ils n'osaient pas s'aventurer sur la route.

La perspective de devoir faire tout le chemin à pied jusqu'à Londres n'était pas réjouissante. Il leur faudrait au moins trois jours pour atteindre leur but. La faim et la soif les tenaillaient. Aucun des deux n'avait le moindre sou en poche, ils ne pourraient donc même pas acheter de quoi manger en traversant un village...

Mais la crainte d'être rattrapés par le Lord était plus forte que tout le reste, et les poussait en avant malgré tout.

Subitement, Harry s'arrêta.

-Tu entends? Il y a une carriole qui approche... Dans le bon sens, on dirait.

Ils avancèrent vers l'orée du bois et risquèrent un coup d'oeil sur la route. Une charrette de bûcherons progressait en effet lentement, suivant la même direction qu'eux.

-On peut y aller, dit Neville.

Ils grimpèrent sur le talus et se postèrent au bord de la chaussée de terre battue. Traînée par un seul cheval fatigué, la carriole transportait trois personnes, une femme et deux hommes, ainsi que des haches, des scies et un panier à provisions. Les garçons firent un signe, et le bûcheron qui conduisait arrêta le cheval.

-Bonjour! Est-ce qu'on peut monter et faire un bout de chemin avec vous?, demanda Harry aussi aimablement que possible.

Les occupants de la carriole les dévisageaient d'un air méfiant. Leurs regards passaient d'un garçon à l'autre, s'attardant sur Neville. Visiblement, sa peau sombre les intriguait.

-D'où c'est que vous venez?, interrogea le bûcheron assis à l'avant d'une voix rocailleuse.

-On a dormi dans la forêt..., dit évasivement Harry. On voudrait aller à Londres... Pour trouver du travail.

-Et lui? D'où c'est qu'il sort?, insista le bonhomme en désignant Neville du menton.

-Ah... Heu... c'est un... un ancien esclave des îles, un affranchi. On est amis, et on voyage ensemble, lui et moi.

Le pire est derrière vous, Potter (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant