Quelle soirée

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POV Stiles

     En retard en retard en retard ! Je garai Roscoe sur mon lieu de travail et sautai de ma voiture pour courir vers la porte de derrière qui était accessible de par la petite rue où on sortait les poubelles. Esquivant les conteneurs verts en glissant mon corps fin de côté, je saisis mes clés et fis grincer la porte en métal pour pouvoir entrer. Le couloir vers les vestiaires était évidemment éteint puisque tout le monde avait bien sûr déjà eu le temps de déposer ses affaires. Et crétin Stilinski ne valait pas la peine qu'on lui laisse les lumières allumées. Je tâtonnai dans le noir comme un idiot pour atteindre l'interrupteur et pouvoir enfin y voir quelque chose. Je déposai hâtivement mes affaires dans mon casier avant de le fermer de mon cadenas dont moi seul connaissait la combinaison.
     Ma course reprit jusqu'à la pièce suivante, croisant finalement mon patron qui leva les yeux au ciel en m'apercevant.

     - En retard pour changer.
     Il semblait vraiment ne pas apprécier que je me pointe seulement au boulot. Je me mordis la lèvre, frottant le peu de cheveux que j'avais dans la nuque. Je les avais fais recouper quelques temps plus tôt comme je les avais au tout début du lycée.
     - Désolé Alban ma caisse refusait de démarrer et j'ai dû-
     - J'en n'ai rien à fiche de tes histoires ! Vas te préparer maintenant ou tu ne seras jamais prêt à temps !

     Dans le même élan que mon arrivée, je partis vers mes loges. Oui, mes loges. Rien qu'à moi. Je poussai la porte comportant le nom de "Mieczy" en lettres dorées et m'assis sur ma chaise en feutré rouge. Je regardai autour de moi, un sourire fier s'affichant sur mon visage. Les murs étaient couverts de posters et de photos retros dont j'étais plus que fan et sur la table en face de moi étaient étendus de nombreux produits de beauté tous plus chers les uns que les autres. Si j'avais dû acheter moi-même mon matériel, j'aurais pu travailler quelques mois avant d'être rentable. 
     Il n'était plus question de perdre du temps, j'enlevai un à un mes vêtements retombant à mes pieds et me mis en quête de choisir une tenue pour la soirée. Passant les cintres en revue, je n'arrivais pas à me décider de quel modèle porter aujourd'hui. Je tirai alors un juste corps à paillettes lit de vin doté d'une traîne du même ton, me disant que ça suffirait bien. Je posai le vêtement sur le dos de ma chaise et m'assis à nouveau pour venir me saisir des premiers outils participant à ma transformation. Ce que je pouvais adorer cette partie de mon travail. Posant les produits sur mon visage les uns après les autres, je me grimai en belle petite poupée de porcelaine. Joues roses, cils longs et phares colorés.
     Dernière touche avant que tout ne soit terminé, le carmin vint recouvrir ma bouche d'un geste agile et maîtrisé. Je fis se rencontrer mes lèvrs dans un geste de baiser pour que tout soit bien réparti puis tournai ma tête de chaque côté en vérifiant que ce soit symétrique. Les anneaux à mes oreilles tapèrent mes joues à ce mouvement, me faisant me rappeler à quel point ces choses étaient lourdes à porter. Comment les filles faisaient pour en avoir tout les jours et toute la journée? Un vrai mystère. Je saisis ma paire de talons rouges et après avoir enfilé mes bas résille je pu glisser mes pieds ces instruments de torture sur lesquels pourtant je n'éprouvais plus aucune difficulté à me tenir debout.
     Ma tenue était prête, j'attrapai ma perruque d'un roux flamboyant pour la poser sur mon petit buzzcut tout juste bien taillé pour qu'aucun de mes cheveux ne dépasse. Un peu de colle à postiche et le tour était joué, elle ne bougerait plus de la soirée.

     C'était l'heure du show.

     Descendant les escaliers vers les coulisses, j'observai les néons se teinter de bleu et faire étinceler tout les strass présents sur ma tenue. Je me sentais briller de mille feu. Les mains posées sur les hanches, c'est dans une démarche chaloupée que j'entrepris de rejoindre la scène en saluant d'un geste de la tête mes autres collègues tout aussi grimées que moi. Elles me rendirent mon geste et je m'assis avec elles sur les enceintes qui ne servaient pas encore.

     - Ma chérie, t'as visé court ce soir on dirait.
     Commença une de mes collègues de sa voix masculine. Je lui souris, haussant mes épaules nues. Ce qu'elles étaient belles elles aussi.
     - J'ai eu envie d'être à l'aise. J'ai bossé mon jeu de jambes ! Tu vas adorer j'en suis sûre !

     Dans ce métier, bien que nous étions tous des hommes, il était tout naturel de parler de nous au féminin. C'était comme ça et ça convenait à tout le monde. Et puis quand on nous regardait, ce n'était pas tout à fait le mot "Monsieur" qui venait à l'esprit. 
     Mais l'heure n'était plus à la papote, il était temps de danser. Chacune d'entre nous quitta sa place pour aller rejoindre son peloton, nous présentant à la foule déjà agitée sur la piste. Nous n'étions que des attractions pour le publique et si celui-ci souhaitait passer sa soirée sans nous regarder il était tout à fait possible pour lui de le faire. Notre travail à nous, les Drag Queen, était d'animer les fonds de scènes et de faire s'amuser ceux que ça intéressait. Et croyez-le ou non mais c'était le cas de beaucoup de monde. 
     Comme avant chaque montée sur scène, mon estomac se noua de trac, me provoquant des nausées désagréables. Mais une fois passé le rideau, toute ma peur s'envolait pour laisser place à une reine en délire sur son promontoire. Mes talons hauts claquaient au rythme de la musique et mes paillettes faisaient office de boule à facette dans toute cette partie de la boîte.
     Ici n'étaient présents que des hommes. C'était ce genre de boîte. Celles dans lesquelles il était difficile pour certains d'admettre y passer du temps. Et je devais avouer que sans mon accoutrement qui cachait bien mon identité je n'étais pas sûr de pouvoir m'y montrer sans gêne. J'avais réalisé durant mon parcours de lycéen que les hommes pouvaient tout autant m'attirer que les femmes, mais en prendre conscience n'était pas plus simple à assumer. Même, ça rendait le tout encore plus compliqué. Quand je me croyais hétérosexuel, j'aurais certainement pu venir m'amuser ici avec Scott sans la moindre vergogne. Mais sachant que finalement ce qui se déroulait en ces lieux pouvait s'adresser à moi, j'avais tout de suite plus de mal.

     Je me pris alors de descendre de ma petite scène pour venir danser avec certains clients qui le désiraient. Ils affluaient autour de moi, et après que l'un me fasse faire une petite pirouette, un second m'attrapa par la taille pour me renverser en arrière. Je me baladais d'homme en homme sans vraiment trop prendre le temps de m'attarder sur chacun, et c'était bien comme ça. Le sourire aux lèvres et les fossettes apparentes, il était essentiel de plaire à ces garçons qui ne venaient parfois que pour ça. Avec les mois, j'étais devenu très bon dans ce genre de shows et je le ressentais dans ces moments de complicité avec le publique.
     Une nouvelle paire de bras se saisit de mes hanches et sans avoir le temps de réfléchir je me tournai vers l'heureux élu qui avait réussi à m'attraper. Mais mes ratiches se rangèrent bien sagement derrière mes lèvres quand je vis l'identité de la personne qui me tenait.
     Derek Hale.
     Mais qu'est-ce qu'il faisait là celui-là !? Il prit ma main et me fît tourner sur moi-même dans une valse fort plaisante. Le feu brûlait mes joues et mon cœur battait si fort que j'avais peur qu'il ne s'entende par dessus la musique tapant dans les baffles. Je devais me sortir de cette situation et plus vite que ça. Alors qu'il semblait parti pour ne pas me lâcher, je me tournai dos à lui et d'un geste presque coquin je l'éloignai de moi d'un coup de fesses bien placé avant de me précipiter sur la scène où je devais normalement me trouver. Ici, les clients n'avaient pas le droit de monter, j'étais à l'abri.
     Tentant tant bien que mal de garder la face, je ne pu m'empêcher de chercher à nouveau la silhouette du capitaine dans la foule bien trop dense pour que je ne le retrouve. Il avait disparu. Mon sang battant dans mes tempes, je fini le show tout tremblotant et tenant à peine sur mes gambettes. Quand il fût enfin l'heure de quitter la scène, je fus soulagé.

     Je fonçai jusqu'à ma loge sans prendre le temps de passer un coucou à mes collègues, allant m'enfermer dans mon petit espace personnel. Je retirai ma perruque qui me tenait atrocement chaud et la posai sur mon socle en tissus où elle trouvait toujours sa place, puis m'assis sur ma chaise qui semblait bien plus confortable que d'habitude. Je pris ma tête entre mes mains, regardant mon reflet dans le miroir en face de moi.
     Un tas de questions me traversaient l'esprit actuellement. Derek Hale ? Pourquoi était-il là? Pourquoi avait-il voulu danser avec moi ? Est-ce que quelqu'un m'avait vu danser avec lui? Il était seul ou accompagné?
     Et la pire des interrogations me vint en dernier: Est-ce qu'il m'avait reconnu?

Drag Stiles ( Sterek Fanfiction FR ) [R18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant