Chapitre 1 - Nyra

12 2 0
                                    


'' J'écoutais avec attention la conversation de mes parents, à huit ans seulement j'écoutais aux portes du grand manoir d'Helwitch :

- Le cours d'étiquette, disait mon père.

- Sans oublier celui de danse, renchérit ma mère.

- Aussi des cours de mathématiques et de français.

- Les langues étrangères également.

- Mais supprimons celui de littérature.

- Oui, confirma ma mère, je ne comprends pas pourquoi les Artaïsse font suivre à leur fils ce cours à la place de l'étiquette ou de l'escrime.

- Je suis tout à fait d'accord avec vous, l'escrime est un cours que l'on ne devrait pas ménager. D'autre part les Artaïsse sont d'une bizarrerie sans nom.

- Exactement, je crois qu'il faudrait aussi appeler le professeur Alonzor.

- Le professeur Alonzor ?

- Oui, le professeur de musique.

- Vous avez raison, ma chère, l'éducation de notre fille, Nyra, en musique ne devrait pas être ménagée non-plus.''


- Nyra, Mademoiselle Nyra ?

Une servante ouvre les rideaux et laisse entrer le soleil. Je me réveille en sursaut et regarde avec affolement où je suis. Fursty, mon loup est à mes pieds en train de me regarder de son œil canin. Sur la gauche de ma chambre se trouve la bibliothèque, à côté de mon lit, contre le mur, la table de chevet se situe à droite, le panier de Fursty au bout de mon lit, la porte est grande ouverte et la coiffeuse, à côté de la fenêtre. Mes cheveux noirs sont emmêlés et mes couvertures sont sur le dos de mon loup.

- Mademoiselle, votre mère vous a fait parvenir cette robe que vous devez porter pour le cours d'étiquette.

- Pas le cours d'étiquette, grommelés-j' en enfilant mes pantoufles de soie blanche.

- Tenez mademoiselle, mangez ce croissant, buvez ce thé et habillez-vous...

La servante s'en va sans rien ajouter. Je soupire et mon loup pose sa tête sur mes jambes comme s'il partageait ma peine. Je regarde par fenêtre et je vois les oiseaux chanter. Le vent s'engouffre dans la pièce pour venir souffler sur mon visage. 

Je me lève brusquement et Fursty grogne d'indignation. Je me dirige vers le placard et découvre la robe. Je l'enfile en réprimant une grimace. Je me regarde dans le miroir : fine et élancée, souple, mes cheveux noirs mettent en valeur mes yeux verts émeraude et mon teint pâle. Je réprime un frisson, je déteste les robes, je préfère les pantalons. Les paroles de ma mère me reviennent : « A la cour, les pantalons pour les hommes et les robes pour les femmes ». 

Je soupire, Fursty accourt et je souris. La connexion mentale qui nous unis est une chance, il comprend mes sentiments et me comprend mieux que quiconque, c'est le seul ami que j'ai. 

Je lui souris, pousse la porte de ma chambre et m'enfonce dans les couloirs d'Helwitch. Je me mets à repenser à mon rêve. Non, pas un rêve, un souvenir... Le souvenir du changement. Le jour où ma vie à basculer, le jour où elle a changé. Fursty trottine à côté de moi, me questionnant de ses grands yeux bleus. Je lui réponds par un sourire. Il hume l'air et tourne la tête vers moi.

- Vas-y, lui-dis-je. Kalia ne t'attendra pas éternellement, de plus Kong ne t'apprécie pas, il dit que dans ses cours tu fais « tache ».

Il me remercie avec ses yeux et court rejoindre son ami dans le jardin. Je le suis des yeux jusqu'à il disparaisse derrière un croisement. Mon cœur se serre, certes Kong ne l'apprécie pas mais il n'a aucun droit de le rejeter de son cours car mes parents sont Lord et Lady Historia. Sans lui à mes côtés je me sens vide. 

Depuis mes huit ans mes parents ont pris en charge mon éducation, les professeurs se succèdent d'heures en heures depuis sept ans. Mathématiques, français, maintient, danse... J'en aie pris l'habitude, j'ai quinze ans, bientôt seize et je pressens que quelque chose se prépare...

- Mademoiselle Historia, bien le bonjour.

- Bonjour Monsieur Kong, dis-je en faisant la révérence devant lui

- Vous n'avez pas cours avec moi aujourd'hui, dit-il en s'inclinant à son tour

- Oh, quelque chose ne va pas ?

- Non, votre mère voudrait vous voir.

- Bien Monsieur Kong, à demain.

- A demain Mademoiselle Historia, je vois que vous êtes aussi attentive pendant mes cours

Je rougis et baisse la tête en tournant le dos à mon professeur. Je déglutis péniblement pendant le chemin jusqu'aux appartements de ma mère. Que ma mère me convoque soit une chose mais pendant les cours, c'était la première fois. Je me retrouve devant la très grande porte de ces appartements. Je déglutis, inspire et je frappe à la porte. Une domestique me regarde et me fais entrer, une voix se fait entendre d'une autre pièce vers le font :

- Nyra, laisse ton loup dehors, veux tu.

- Il est parti jouer avec Kalia, mère.

- Bien, approche, ma fille...

Je m'avance vers elle à pas lents, ma mère est allongée sur une méridienne, à côté d'elle se trouve un plateau d'argent avec des fruits. Elle attrape une grappe de raisin, la mange lentement, elle claque des doigts et une domestique lui apporte une serviette blanche, ma mère s'essuie délicatement les doigts un par un en me faisant attendre, elle rend la serviette et pose son regard sur moi, lentement, prenant son temps, me détaillant des pieds à la tête et de la tête aux pieds.

- Assieds-toi, me dit-elle finalement en me montrant un siège, je m'assoie et elle continue à me regarder. Sais-tu pourquoi ton père et moi nous nous sommes donné beaucoup de mal pour t'offrir une bonne éducation, ma fille ?

- Non mère, mais je suppose que vous et père aller me le dire...

- Ton père et moi-même voulons que tu deviennes conseillère de la reine, dit elle en ignorant ma remarque

J'hoche la tête, baisse les yeux et attends, je n'en attendais pas moins de mes parents, toujours penser argent.

- Demain aura lieu le bal auquel la reine a été convié. J'espère que tu te montrera bien élevé, ne nous fait pas honte. Tu peux partir, tes cours reprendront demain matin. L'essayage de la robe se fera après le déjeuné.

- Bien mère.

Que puis-je dire d'autre. Tout a été planifié. Je sors de ses appartements et cours vers les miens, quand j'ouvre la porte, Fursty m'attend, assis sur le rebord de la fenêtre, ses yeux bleus gris me regarde, je le regarde et lui donne une friandise, puis il me pose une question avec ses yeux.

- Oui Fursty, lui répondis-je, père et mère prévoient un bal pour ce soir et tu les connais, le bal durera jusqu'à demain, mère me laissera toute seule jusqu'au déjeuner, après je reprendrais les cours..., dis-je en soupirant

Je sors de sous mon lit un tee-shirt et un pantalon je le mets, soupir de soulagement et prends une cape qui me dissimule puis je rabats la capuche sur ma tête. J'attrape un sac et actionne un levier dans le tiroir de ma table de chevet. Mon lit bascule jusqu'à s'enfoncer parfaitement dans le mur, laissant voir un trou je saute dedans suivi par mon compagnon. 

Après dix minutes de marche sous terre, dans les tunnels, Fursty et moi débouchons sous l'hôtel de l'église, je m'autorise un soupir de soulagement et mon loup, lui, se secoue pour se débarrasser des toiles d'araignées. Je lui enlève l'araignée qui s'accroche à son museau et, pour me remercier il me lèche la main. 

Je parcours l'église des yeux, je la connais que trop bien pour l'avoir emprunté depuis que je connais l'existence de ce passage. Grace à lui, depuis mes huit ans, j'arrive à aller en ville sans me faire voir de mes parents. La première fois que j'y suis venu, c'était avec mes parents et ça a était la dernière fois en leurs présence. 

J'ai été traumatisée par la pauvreté. Depuis j'amasse des objets d'Helwitch pour les donner aux plus pauvres. Mes parents sont avares et moi, je ne le suis pas. Ils veulent que je devienne conseillère de la reine pour l'argent ? Très bien, mais quand je serai conseillère beaucoup de choses vont changer, y compris la pauvreté. C'est une promesse. Une promesse que je tiendrait. Je souris est sort de l'église tandis que les porte se referme derrière moi.

La quête d'Ivvi et NyraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant