Assise entre ces quatre murs blancs, je patiente, effondrée. Je ne comprends plus rien à ce qu'il se passe. Je sens à peine les larmes qui inondent mes joues. Je sens à peine la main réconfortante dans mon dos qui cherche à apaiser ma douleur. Je sens à peine mes mains tremblantes posées sur mes cuisses.
Je suis emportée, loin de tout. Je n'ai plus conscience de ce qu'il se passe autour de moi, tout est flou. Les voix ne sont plus que murmures, la sonnerie des téléphones n'est qu'un sifflement lointain, et le bruit des brancards qui se déplacent à toute vitesse n'existe plus. Je suis spectatrice de tout ce spectacle.
Tout tourne au ralenti. J'ai l'impression de rêver. Ou plutôt de faire un cauchemar. Oui, je suis en plein cauchemar, je vais me réveiller et tout ira bien. Réveille-toi Olivia !
Pourtant, rien ne se passe. Je scrute chaque détail autour de moi, mais tout semble réel. Je suis pétrifiée. Je n'arrive plus à effectuer le moindre mouvement, là, debout, au milieu de la pièce bondée de médecins et d'infirmiers qui cherchent à faire leur travail le mieux possible.
Je sens une main m'attraper le bras et me tirer vers un côté de la pièce. Mon regard reste posé sur toutes ces personnes agonisantes, qui se battent pour rester en vie. Je les envie. A cet instant, mon seul vœu est qu'on me laisse mourir.
Je n'ai plus la force de rester debout, alors je m'effondre sur le sol, appuyée contre le mur blanc. Satanés murs. Une fois entre ces quatre cloisons, vous avez une chance sur deux d'y passer. Alors il faut faire en sorte de ne jamais se retrouver entre ces murs.
J'angoisse. Ma respiration se fait de plus en plus saccadée, je commence à voir trouble. Mon amie se poste devant moi et pose ses mains sur mes épaules. Ses lèvres sont en mouvement, mais je suis trop paniquée pour comprendre ce qui sort de sa bouche. Voyant qu'elle n'aurait aucune réaction de ma part, elle se met à réfléchir.
Soudain, je la sens me relever, même si je peine à respirer, et je me retrouve dans ses bras. Elle se dirige vers la sortie du bâtiment. La lumière vive me brûle les yeux. Cette forte intensité m'empêche de voir correctement une fois à l'extérieur. Je dois prendre quelques secondes pour retrouver la vue. Mes yeux rouges et gonflés ne doivent pas être jolis à contempler.
Je me retrouve allongée sur le sol, les jambes relevées. Je comprends en voyant mon amie qu'il faut que je cale ma respiration sur la sienne. Je me concentre alors sur mon souffle encore saccadé, mais après quelques minutes, il reprend un rythme normal.
Je retrouve mes esprits en même temps que ma respiration, et une douleur intense envahie mon crâne. Je pousse un râle de mécontentement.
Une fois calmée, je repense à tout ce qui est en train d'arriver, je suis abattue. Mes larmes dévalent de nouveau mes joues.
Pourquoi ? Pourquoi encore une fois le destin a-t-il décidé de me faire vivre ça? Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ce châtiment ? Je suis maudite. Tout est de ma faute. De ma faute, tous les gens que j'aime souffrent et disparaissent. Enragée, mon poing rencontre le sol.
J'en ai marre de souffrir ! Si seulement tout pouvait être plus simple. Si seulement nous n'avions pas été au mauvais endroit au mauvais moment. Si seulement je n'avais pas accepté de te revoir. Si seulement... si seulement je ne t'avais pas rencontrée... Tu n'aurais pas souffert, moi non plus, et tout irait bien. Mais il a fallut que je m'attache, alors que je savais ce qui allait arriver. Je m'en veux terriblement si tu savais. Tout est de ma faute.
Je hais le destin.

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Je hais le destin.
Художественная прозаCroyez-vous au destin? Croyez-vous que notre histoire est déjà écrite et que rien ne peut la changer? Croyez-vous que le destin est une excuse que certaines personnes utilisent pour justifier leurs malheurs dans la vie? Olivia croit au destin. Et p...