Quarterbacks (SKZ ChanBin)

Chapitre 6

Ils s'assirent à quelques mètres de là où le sable commençait à être humide, le nez en l'air pour compter les étoiles. ChangBin lui demanda si il connaissait le nom de certaines constellations et il répondit que non, qu'il trouvait juste que c'était beau et que ça lui rappelait quand il était tout petit, qu'il vivait encore en Australie.

Avant qu'ils ne décident de partir en Corée, avant que les choses dégénèrent.

Il raconta ces soirs où il partait avec ses parents, gros paniers en main pour aller manger sur la plage, quand sa mère lui apprenait à écouter les vagues et apprécier la beauté du ciel, et alors que la brise marine, douce malgré la nuit, ébouriffait leur cheveux, ChangBin lui raconta qu'il avait un rituel un peu dans le même genre avec ses parents, quand ils allaient au ski et qu'ils passaient leur soirée bien emmitouflé sur la terrasse de leur chalet à regarder les étoiles.

Et face au scintillement léger de l'océan sous leur yeux, Chan se dit qu'il était prêt : ChangBin était avec lui, la nuit était calme, il était dix heures en Australie, ça pouvait marcher.

Quand, à huit ans, on lui avait fait choisir entre sa mère et son père, il avait choisi un peu au hasard. Un pauvre enfant ballotté dans une dispute qui n'était pas de son âge. Ce à quoi on ne l'avait pas préparé, c'était qu'en choisissant son père, sa mère disparaîtrait de sa vie.

Ce n'était pas une certitude, mais il craignait que ça soit son père qui en ai décidé ainsi : dans ses souvenirs, sa mère n'avait jamais été autre chose qu'aimante et attentionnée à son égard. Elle avait tout fait pour le protéger le plus possible du conflit qui se déroulait dans sa propre maison.

Quand il avait trouvé ce numéro de téléphone dans les affaires de son père alors qu'il cherchait son dossier de bourses deux semaines plus tôt, intitulé au nom de celle qu'il n'avait plus appelé 'maman' depuis plus de dix ans, il avait eu envie de savoir. Il voulait savoir si sa mère avait vraiment voulu couper les ponts avec lui, oublier son ancienne vie, ou si on ne lui avait pas laissé le choix.

Il prit une grande inspiration et de sa main libre, il attrapa son téléphone, appuyant sur ce numéro si particulier dans ses contacts.

Il ne du pas attendre longtemps avant que quelqu'un décroche. Il espérait que ça soit toujours le bon numéro.

-Allô ? Répondit une voix à l'appareil, et l'accent australien tira un sourire à Chan.

-... Maman ?

Quand il prononça ce mot, la tête de ChangBin se tourna vers lui, les yeux ronds : il connaissait l'histoire.

Pour l'instant c'était le silence à l'autre bout de la ligne. ChangBin resserra sa prise sur sa main.

-... Lucas ? Fit la voix, un peu perturbée, et le doute s'immisça en lui.

-C'est bien le numéro de Mme Song ?

-... Oui.

Il se mordit la lèvre, hésitant.

-Je m'appelle Christopher.

-Oh mon dieu ! L'exclamation était rapide, un cris du cœur, et maintenant le garçon devait attendre de voir si ce choc était positif ou négatif, tendu. Oh mon dieu, Chris c'est bien toi ?

-Hum.

-Oh mon dieu mon bébé.

Cette fois-ci la voix était différente, tremblante. Est-ce qu'elle pleurait ? À cette simple pensée, la gorge de Chan se serra alors qu'un sourire étirait ses lèvres au surnom qu'elle venait de lui donner.