Le garçon au coin de la rue

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     Assis à mon bureau, je remplissais mes dernières notes de l'après-midi avant d'enfin pouvoir mettre fin à cette longue et pénible journée de travail. Griffonnant sur le papier, je jetai un œil à ma montre qui indiquait déjà dix-neuf heures trente-cinq. J'avais encore fais des heures supplémentaires. Je soupirai, me disant que de toutes façons le travail devait être fait et qu'au moins j'étais payé en conséquences. 
     Rangeant mes dossiers dans mon tiroir des tâches finies, je pu enfin me lever de ma chaise pour la première fois depuis l'heure du déjeuner et envisager de quitter les lieux. Je ramassai mon manteau étiqueté "Derek Hale" dans la nuque ainsi que mon écharpe en laine blnche, les revêtant pour pouvoir sortir. Je fis un détour dans les couloirs pour aller saluer ma secrétaire Erica, mais ses bureaux étaient déjà vides depuis longtemps. J'étais ce soir encore le dernier présent dans la boîte.
     Arrivé sur le porche de l'entreprise, j'eu donc la tâche de fermer les locaux et d'installer l'alarme. C'était une fraîche soirée et je sentais la brise glaciale s'infiltrer sous mon manteau pour venir geler le bas de mon ventre. Une fois la sécurité mise en place, je me tournai vers la rue à laquelle je faisais jusqu'ici dos pour observer la vie s'y dérouler. 
     Le ciel était déjà sombre, le soleil s'étant couché de bonheur. Les lumières de la ville s'étaient toutes éveillées à l'unisson pour donner cette ambiance presque de noël que j'appréciais beaucoup, même si les fêtes étaient déjà passées depuis longtemps. Le printemps était à nos portes et les journées se réchauffaient doucement, mais les derniers jours de l'hiver nous rappelaient que la saison n'était pas encore tout à fait terminée. Mes yeux dérivèrent le long des façades se trouvant sur l'autre trottoir, remontant les vitrines une à une. D'abord, l'épicier duquel se dégageait toujours une bonne odeur de pain. Puis le tailleur qui réajustait souvent mes costumes pour le travail. Et enfin le café où j'aimais prendre mes pauses lorsque j'en avais le temps. La pancarte indiquait "Café des Loups" et c'était un endroit simple mais agréable pour s'y installer de temps à autres avec un journal.
     Alors que je traversai la route pour m'y rendre, je remarquai un jeune homme uniquement vêtu d'un léger sweat à capuche adossé au bâtiment dans la rue le séparant d'un autre commerce et où ils entreposaient les poubelles. Le garçon aux cheveux bruns regardait distraitement son téléphone, la tête penchée en avant pour mieux voir son écran, fumant une cigarette déjà à moitié entamée. Il avait l'air très jeune et je me demandai si il avait l'âge légal pour consommer ce genre de choses.
     Mon regard devait être insistant car il leva les yeux vers moi d'un seul coup puis s'approcha sans aucune hésitation en rangeant son téléphone dans la poche arrière de son jean rouge. Il tira une nouvelle bouffée de son cancer en tube pour directement venir me la souffler au visage, me faisant tousser en agitant la main devant moi. Il me détailla de haut en bas, me mettant relativement mal à l'aise. Ses yeux étaient d'un brun profond qui paraissait presque noir dans l'obscurité, mais ils prirent une teinte ambrée sous la lumière du lampadaire. Son visage était parsemé de nombreux grains de beauté de toutes tailles et sa bouche accueillant le filtre de sa cigarette formait un cœur, son arc de cupidon étant particulièrement marqué. Il entreprit de commencer la conversation, ce que je n'avais absolument pas désiré engager.

     - Tu aimes ce que tu vois?
     Je haussai un sourcil, trouvant cette première approche plutôt déroutante. Je hochai la tête, lui faisant comprendre que je ne le suivais pas dans sa remarque. Il appuya son épaule contre le mur, prenant une nouvelle bouffée de fumée.
     - Mes prix ne sont pas très hauts, et tu as l'air de quelqu'un qui n'aurait pas de mal à se les offrir.
     - Je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir jeune homme.
     - Bien alors permets-moi d'être un peu plus direct. Je fais des pipes du tonnerre, et si tu payes assez tu peux même avoir le pack complet. 
     On ne peu plus clair. Le jeune homme était en fait un prostitué et il me proposait ses services. Je reculai d'un pas, lui faisant un non catégorique de la main.
     - Tu t'adresses à la mauvaise personne pour ça fiston. Et pour ton information, je ne suis pas vieux. Je n'ai que 26 ans.
     - Si tu le dis. Mais tu as quand même l'air tout tendu, une bonne fellation te ferait du bien je t'assure.
     - Je déteste les fumeurs. C'est pas mon truc les bouches qui sentent le cendrier. Tu as l'âge requis pour ça?
     Je saisis sa cigarette entre mes doigts, la retirant de sa bouche pour l'écraser sous mon talon. Il grimaça, mais haussa les épaules avant d'en sortir une nouvelle du paquet caché dans sa poche de sweat.
     - Tu devrais arrêter, tu vas te détruire la santé avec ça.
     - Regardez qui parle comme un vieux, c'est Monsieur je suis trop prude pour me faire sucer par un inconnu.
     - Tu es majeur?
     - On ne peut plus majeur oui. J'ai 20 ans ça ne se voit pas? Maintenant vas-t-en de mon allée, tu me fais perdre des clients potentiels.
     Je soupirai, m'écartant du garçon pour reprendre ma direction initiale. Alors que je m'éloignai vers le café, j'entendis sa voix m'appeler une dernière fois.

     - Je suis ici presque tout les soirs, si jamais tu changes d'avis beau gosse.

     Je ne fis pas l'effort de me retourner, définitivement pas intéressé par ses services. Même si ce garçon était particulièrement mignon physiquement, je n'étais pas du genre à me payer une prostituée pour tirer un coup. Derrière ma carrure forte et mon air dur, j'étais beaucoup plus ce ceux qui aimaient les nuits tendres et le partage de passion, les caresses et les petites attentions. Rien que ce petit brun ne semblait en mesure de proposer. Je pris donc mon café, me sentant maintenant fatalement concerné par ce jeune homme dont j'avais fais la connaissance ce soir.

Hooker Stiles ( Sterek Fanfiction FR ) [R18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant