Grand froid

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     - Hah..
     - Laisse-toi faire.. Tu vois, c'est pas si compliqué.
     - Hah~
     - Alors Derek, tu l'aimes ma langue de velours?

     Je sentais une douce sensation chaude et humide se glisser le long de ma virilité dans un bruit obscène de susurre. Des mains habiles me manipulaient sans effort alors qu'une bouche expérimentée s'activait à me faire du bien exactement là où il le fallait. Je soupirais, ne pouvant rien faire contre une telle sensation de plaisir.
     Je me redressai en sursaut, sentant mes draps se tâcher de ma culpabilité. J'étais seul dans mon lit, dérouté par un autre rêve érotique impliquant le jeune garçon du café et moi. Reprenant mon souffle, je me levai pour retirer mes draps et les porter avec honte jusqu'à la machine à laver. Je pouvais y ajouter mon caleçon et mon t-shirt qui eux aussi portaient la marque de mes fantasmes.
     Ça n'allait pas, je faisais de plus en plus souvent ces songes où le jeune brun me satisfaisait de diverses manières, et il arrivait même à s'immiscer dans ma tête même pendant mes heures de travail. Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais entrain de développer une sorte d'obsession pour ce garçon. J'avais envie de le voir, d'en apprendre plus sur lui. J'étais curieux. Il se montrait tellement énigmatique que je passais l'intégralité de mon temps à me poser tout un tas de questions sur lui. Ce qu'il aimait manger, sa musique préféré, ce qu'il faisait de son temps libre, ou même simplement son prénom. Mais j'avais tellement honte de notre dernière interaction que je n'avais pas eu le courage de retourner le voir. Surtout qu'il prenait un malin plaisir à me faire tourner en bourrique quand il le pouvait. Ce n'était pourtant pas dans mes habitudes d'être lâche, et en général je faisais face aux situations les plus désagréables sans broncher. Virer un employé pour cause de travail insuffisant, refuser une promotion à un collègue, surmonter des crises financières et monter des stratégies pour remonter la boîte dans un stress plus que palpable.. Maintenant que j'y pensais, ça ne concernait que le professionnel. Depuis combien d'années je n'avais pas dû gérer de relation sociale? Ma dernière petite amie, Braeden, m'avait quitté pour suivre un boulot qu'elle jugeait plus important que moi, et cet événement était déjà daté de quatre ans. De plus, je n'étais pas très doué pour me faire des amis. Je n'inspirais effectivement pas la joie et la bonne humeur au premier abord, mais pourtant un ou deux camarades avec qui aller boire une bière n'aurait pas été de refus parfois. Sur ces pensées bien déprimantes, je remis une nouvelle paire de draps à mon lit et retournai me coucher pour ne pas être mort au travail le lendemain.

     La neige tombait aujourd'hui. Je regardais les flocons s'écraser contre la vitre de mon bureau, accompagnant le passage interminable des heures assis ici. Le manteau blanc avait recouvert toute l'avenue et je me doutais que mon petit compagnon aux sucettes ne se pointerait pas de sitôt pour effectuer son travail habituel. Quelque pars, je ne pu m'empêcher de penser "tant mieux" car je trouvais que c'était un travail ingrat, surtout pour un gamin de son age. Je me demandais bien ce qui l'avait poussé à se lancer à faire une chose pareille avec son corps. De plus, il n'avait pas vraiment l'air de prendre soin de lui, toujours trop peu couvert pour le froid qu'il faisait ou déjà à se ruiner les poumons avec son cancer à consommer. 
     Aujourd'hui, je pu enfin finir à une heure raisonnable. A dix-sept heures, j'étais dehors sur le trottoir. J'étais passé saluer Erica avant de filer, voulant profiter de ma soirée tranquillement. J'effectuai donc le même chemin que d'habitude et constatai sans surprise que le jeune brun aux gains de beauté n'était pas présent à sa place aujourd'hui. Il aurait fallut être fou pour rester à attendre de heures dehors par un froid pareil. 
     Je m'installai à ma place favorite à l'intérieur du café, ouvrant mon journal après avoir commandé un café. Ce qu'il était bon de se détendre sans rien pour nous perturber. Sauf que ce n'était pas le cas. Un bruit de pianotage sur un ordinateur portable juste derrière moi était entrain de m'agacer au plus haut point. Ce café faisait partie des points de rencontre des étudiants de la ville et il arrivait de temps à autres qu'ils s'y arrêtent pour travailler. Ce que ces tapotages incessants sur les touches pouvaient m'énerver. J'étais plus un adepte du traditionnel, et je laissais Erica faire tout le travail numérique à ma place au bureau. Je me retournai dans la ferme intention de réprimander la personne derrière moi, froissant mon journal avec frustration.

     - Eh ça ne te gênerait pas d'aller bosser aill-
     Je me coupai subitement, ouvrant de grands yeux. Face à moi se trouvait mon petit prostitué assis à une petite table, un ordinateur portable tout fracassé posé en face de lui. Il leva les yeux vers moi, passant la tête au dessus de son écran pour me rendre ma confrontation. Il mâchonna un bâton de sucette qu'il faisait passer de droite à gauche dans sa bouche, me faisant un sourire désagréable.
     - Tiens, mais si ce n'est pas là mon petit vieux avec son journal.
     - Toi ! Tu devrais avoir honte de me parler comme si de rien n'était ! Tu m'as volé mon portefeuille l'autre jour !
     Il haussa les épaules, levant les mains dans un geste innocent. Comme si il voulait me signifier que c'était un incident sans importance et qu'en plus il n'en était pas le coupable.
     - C'est toi qui ne surveille pas tes arrières, tu étais trop facile à rouler.
     - Rend-moi mon argent.
     - Je ne l'ai plus, désolé pour toi.
     Je lâchai un grognement, me levant de ma chaise et passant en face de lui à sa table. Il ferma son ordinateur et croisa les mains devant sa bouche, un air sournois prenant son visage.
     - Je te préviens petit, ça ne m'amuse pas.
     - Tu vas me faire la morale, papa ? Ou alors tu vas encore m'offrir des sucettes?
     J'eu un frisson de dégoût à la façon dont il appela ce nom. C'était clairement prononcé d'une voix coquine, et ce n'était pas mon délire ces jeux là. Mais en revanche, le voir continuer à manger les sucettes que je lui avais donné me faisait un peu plaisir. J'espérais surtout que ça l'avait aidé à réduire sa consommation de cigarettes.
     - Bon. Je ne reverrai jamais mon argent si j'ai bien compris.
     - Tu as bien compris.
     La curiosité s'empara à nouveau de moi, reluquant le dessus tout pété de son ordinateur sur lequel il avait posé ses mains.
     - Et donc.. Tu travailles sur quoi?
     - Tu vas vraiment essayer de taper la discussion avec moi là?
     - Je crois bien que c'est ce que je fais.
     - Et tu n'as toujours pas l'intention de coucher avec moi?
     - Absolument pas.
     - Tu es vraiment quelqu'un de bizarre papy.
     Je me frottai la nuque, me disant qu'il avait certainement raison. Mon approche avait été bizarre dès le départ. Mais il pouvait me faire la morale, la sienne n'avait pas été dans le top trois non plus. Je faisais taper mes doigts nerveusement contre le bois de la table sous le regard insistant du jeune homme qui me fixait sans rien faire, continuant de mâchouiller sa sucette. Il la sortit de sa bouche, la faisant tourner contre ses lèvres tendues en cœur dans un geste à la limite de l'acceptable en publique. Il fît rouler sa langue tout autour, ne me lâchant pas du regard. L'écartant à nouveau de sa bouche, un filet de salive s'étendit entre sa lèvre inférieure et la boule de sucre, rendant le tableau très érotique. Je déglutis, ma volonté tout à coup mise à rude épreuve.
     - Arrêtes ça.
     - Quoi donc?
     - Arrêtes de faire ça avec ta sucette. Tu devrais avoir honte.
     - C'est toi qui me les as donné je te signale. On offre des bonbons à des jeunes dans la rue et après c'est moi le pervers?
     Il rit, voyant que sa remarque m'avait fait monter le rouge jusqu'aux oreilles. Il remit la sucette dans sa bouche, formant une boule contre sa joue, puis il remballa son ordinateur et se leva de son siège.
     - Tu vas où?
     - A ton avis? J'vais faire le tapin.
     - Quoi par ce froid !?
     - Faut bien bouffer.
     Il m'envoya un baiser avec sa main, me gratifiant d'un clin d'œil avant de quitter l'établissement, me laissant une dernière fois l'apercevoir lorsqu'il longea la vitrine. Je soupirai, rejoignant ma place pour enfin siroter tranquillement mon café. La serveuse vint ramasser la tasse du jeune homme, le cherchant une seconde du regard, puis me lança froidement.
     - Et qui va payer pour ça?

     Ouh le sale petit con ! Il m'avait laissé sa note avant de s'éclipser ! Je n'eu d'autre choix que de payer à sa place, grommelant devant mon journal avec exaspération. Il s'était encore une fois bien foutu de moi ce petit.

Hooker Stiles ( Sterek Fanfiction FR ) [R18]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant