Les soirées de l'ambassadeur ou tiens, ça sent la bouse !

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Les réceptions de Monsieur l'Ambassadeur sont toujours un succès. L'ambiance chaude, années septante (ndla : soixante-dix), qui y règne grâce à la musique rend l'âme des gens plus douce qu'une friandise en chocolat. Les lustres de cristal illuminent cette pièce immense où se retrouvent les plus illustres personnages de ce monde depuis déjà plus de vingt ans pour fêter Noël ensemble. 

- Que Monsieur l'Ambassadeur a bon goût ! murmura le seigneur Rhax à son doux ami.
- Je suis bien d'accord avec toi, compagnon ! lui répondit avec envie le bon seigneur Tryonix. Mais j'attends avec impatience la surprise que nous a réservée Monsieur l'Ambassadeur, comme pour chaque année !
- Dire qu'il y a vingt ans, nous appelions ça des "roches d'or" ! ironisa Rhax.
- C'est d'un drôle ! pouffa grassement Tryonix.

C'est à ce moment que le digne seigneur Insanius, l'Ambassadeur de tous les Kaosiens, leva son verre afin de réclamer l'attention de tous. Le seigneur Denver Nuggets et son fidèle compère Elwood l'entouraient. Une annonce de la plus haute importance devait certainement être divulguées au cours de cette soirée déjà bien entamée.

Pendant ce temps-là, l'exquise baronne Kayla restait près de la porte de la grande salle, prête à faire entrer le maître de cérémonie, Cid de son petit nom.

- Mesdames et Messieurs. Gens des Hautes Terres. Chevaliers guerroyants et chevaliers bedonants. Nous sommes ici réunis, aujourd'hui, en la présence de Dieu et de cette assemblée, pour unir dans les liens sacrés de l'alliance, deux âmes tribales qui depuis fort long se cotoient dans la débauche et dans une consommation liciencieuse de gnôle nauséabonde. annonça fièrement le seigneur Insanius. Si quelqu'un peut prouver qu'il y a quelque juste empêchement à ce qu'elles puissent être légitimement alliées ensemble, qu'il le dise à présent ou, qu'à l'avenir, il s'en taise à jamais.

Un silence pesant se fit sentir au-dessus de l'assemblée. En effet, quelques masses d'arme avaient été accrochées au plafond au cas où un malheureux aurait eu quelque chose à y redire. Même les seigneurs raudeurs ne laissèrent échapper aucun mot. On pensa bien plus tard que soit ils étaient déjà occupés de fomenter une guerre contre le nouvel allié kaosien (une crise de jalousie) soit parce que trop préoccupé par l'absence de ferreros cette année.

Dès lors, Elwood fit signe d'ouvrir les grandes portes de la salle afin de faire entrer le futur nouvel allié. Les portes grincèrent sinistrement sur leurs gonds avant de pivoter suffisamment pour qu'on puisse observer dans l'entrebaillement quelques figures méconnaissables. Il y avait là ce qui ressemblait, sous la couche de boue, à une reine, un diplomate cramoisi, un seigneur de guerre à peine émêché et quelques guerriers à la gueule de bois.

- Veuillez excuser notre apparence pour le moins négligée, mais les garçons ont voulu faire à tout prix une bataille de mottes en attendant. expliqua la reine bovine. D'ailleurs, je crois que nous avons oublié l'un des nôtres sous icelles, plus moyen de mettre la main sur le seigneur Zacharius...

Un nouveau silence pesant se fit sentir au-dessus de l'assemblée, et, pourtant, les masses d'arme n'y étaient pour rien cette fois-ci.

Afin de détendre l'atmosphère, Monsieur l'Ambassadeur fit signe à la décilicieuse Kayla de faire entrer Cid, "master of ceremony". Dans ses mains, il tenait un plateau avec une pyramide dorée dont l'odeur se répandit rapidement dans la salle.

- Tiens, ça sent la bouse ! remarqua le sire Gunthar.
- Monsieur, avec Ferrero Rocher, vous nous avez vraiment gâtés ! remercia la reine nouvellement alliée.

La soirée battit encore son plein des heures durant. Le champomy et les ferreros rochers furent consommer sans aucune modération. Le maitre de cérémonie n'en pouvait plus de déballer pour chacun les précieuses douceurs de l'Ambassadeur. Ses mains étaient recouvertes de cloques que quelque vicieux bourreau s'amusait à faire éclater de temps à autre.

Pendant ce temps-là, dans les jardins de l'Ambassadeur, un brouillard commençait à naître sous les frondaisons. Des hullulements lugubres résonnaient à faire pâlir d'effroi le plus puissant des raudeurs.

- Sers-moi dans tes bras mon Trytry, j'ai peur...
- Oui, mon Rharha. Mais prenons garde que personne ne nous voit. J'en crains à notre réputation de virils guerriers ! répondit timidement le seigneur Tryonix.

Se bécotant pour se rassurer, les grands seigneurs raudeurs ne virent pas la terre s'agiter en-dessous d'eux, comme si le sol allait engendrer une créature des enfers. On eut pu sentir l'arrivée d'un malheur mais tellement pris dans leurs ébas, ces deux compères ne virent rien venir.

Soudaint, une main blafarde surgit de hors de terre et s'agrippa nerveusement au godillot du seigneur Rhaxéophon. Les ongles étaient crasseux, noirs de moisissure, comme s'ils avaient dû creusés la terre pour en sortir. Rhax poussa un cri si aigu que la main relâcha prise et permit aux deux galants de se faire la malle sans demander leurs restes... de ferreros.

La main s'agitant toujours au-dessus de terre, la mirifique Kayla l'attrapa délicatement et tira de toutes ses forces afin de dégager le seigneur Zacharius de sa prison souterraine. 

Et c'est ainsi que s'acheva cette réception chez Monsieur l'Ambassadeur.

(petite suite...)

- Bruuueueueghel ! 
- Pauvre bourreau ! Tu as l'air bien malade ! tenta de consola le sire Noxes. Il ne fallait pas manger autant de ferreros mon ami !
- C'était plus fort que moi ! Et maintenant avec tout ce vomi, j'vais pouvoir me remettre à la peinture... déglutit le bourreau.
- Vive la crise de foie ! rétorqua Zacharius. C'est jaune ?

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