Véga

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Comme je déteste décrire le physique de mes personnages, j'ai essayé de mettre une petite image les décrivant bien. En plus, comme ça, pas de chichis.

Et si je passe pour une incompétente, c'est totalement vrai

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Et si je passe pour une incompétente, c'est totalement vrai.


Véronique-Gaspartine

V É G A

(17)

Elle a la plus belle chevelure de tous les personnages. Bien qu'on la voie sur un vélo, elle n'y est pas très forte. Par contre, elle excelle en cheerleading. C'est une flyer, évidemment :/

Véronique-Gaspartine

Enterrement de famille

Swiming Pool, Millie Turner

Imagine une réunion de famille. Dehors, dans mon jardin. Avec des tentes que mes cousins ont planté ensemble, et avec des accolades, des sourires. Il doit bien avoir une vingtaine de personnes, peut-être plus, mais je ne les entend pas de ma chambre. Je ne les ai pas joints, parce que je suis occupée à pleurer. Je les regarde juste sourire depuis ma fenêtre, et eux ne semblent pas vouloir venir me voir.

En fait, une réunion de famille, ce n'était jamais arrivé avant. Et puis ce n'est pas une réunion de famille, c'est un enterrement. Un enterrement de famille.

On a tous prié pour mamie, quand elle est tombée malade. Et on est tous venus la voir à l'hôpital quand elle vivait ses dernières journées.

« Les docteurs ne cessent de nous dire que ça va mieux », lui disait ma tante.

Les docteurs ne croisaient plus notre regard.

« Ca ne va pas être facile, Véronique-Gaspartine », me chuchotaient mes parents.

Et puis quand mamie fermait ses yeux, quand elle dormait, j'entendais mes oncles murmurer.

« Tout est prêt, elle n'a plus qu'à partir. »

C'est ce qu'elle a fait, ma mamie. Bien entourée, un petit sourire face à tout ce beau monde qui s'était réuni pour elle. Mamie rêvait d'une famille. Elle n'en a jamais eu avant qu'on commence à parler de son héritage. Pas avant qu'elle ne devienne exploitable.

Quand elle est morte, je crois qu'elle comprenais très bien. Mamie ne s'est pas trop occupée de découvrir la tête de ses autres petits enfants, elle m'a juste tenu la main. Et on a parlé –ou plutôt murmuré, une dernière fois.

– Je crois que ça y est.

Je n'ai pas osé nier, parce qu'on y croyait toutes les deux.

– Merci d'avoir été là pour moi, Mamie. Tu veux que je fasse quelque chose ?

Elle n'a pas répondu, a juste secoué la tête. J'ai pensé à combien elle aimait me voir sourire, comme ça devait être ce qu'elle voulait. Donc entre mes larmes, j'ai souri.

Après, son visage était détendu, et je me suis dit que ça y est, c'était fini. Il y a eu du mouvement autour de moi. Et puis soudainement :

– Véga, tu as une belle âme. Merci pour tes sourires et tes visites.

Je l'ai coupée en reniflant. Nos doigts étaient entremêlés, noués dans ses draps. Elle avait les yeux fermés.

– Je ne sais pas comment je vais faire, je suis parvenue à dire.

Mamie a ouvert ses yeux, mais elle ne parvenait pas à fixer son regard.

– Souvent, on a l'impression que les choses se terminent. Mais elle recommencent toujours.

Elle a continué de marmonner, mais je n'ai rien compris. Et puis il y eu du mouvement, et le personnel de l'hôpital a débarqué, et j'ai du me séparer d'elle.

Ce matin même, on l'a enterrée.

Et ce soir, évidemment, ils parleront d'héritage, de ce qu'ils vont se partager.

Il y a deux mois, on ne parlait pas encore de Mamie. Personne ne venait lui rendre visite, personne ne s'inquiétait pour elle.

« Pas le temps. »

« Trop loin. »

« On peut pas. »

Alors je venais seule, et puis on n'avait besoin de personne.

Le monde est arrivé quand, il y a 42 jours précisément, Mamie a retiré le plus gros chèque de sa vie. Celui qu'on voyait à la télévision, ou au bureau de tabac. Quand elle a fini par aligner les dix numéros gagnants, et qu'on a toutes les deux sauté de joie.

Ma famille a fini par se trouver du temps, pour venir la féliciter, pour se montrer aimante.

Pour qu'elle couche leur nom sur son testament.

Ce qu'elle a fait, ce qu'elle a fait. Parce que c'est ce qu'elle est, généreuse. Et puis elle voulait d'une famille, non ?

Je les vois tous se regrouper en bas. Ils élèvent leur verres, prononcent quelques mots. J'ignore s'ils parlent de Mamie ou bien de ce qu'elle nous a laissé, et je ne cherche même pas à savoir.

Puisqu'ils sont tous au fond du jardin, personne ne me voit sortir mon vélo du garage. C'est seule que je quitte la propriété, enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles. J'ai mon vieil MP3 dans la poche.

Intro ~ Alt-J

Maintenant, qui suis-je. Les gens qui s'amusent dans mon jardin ne me connaissent que de nom : Ellis.

Mais c'est surtout parce que c'est le leur.

Du reste, on m'appelle Vérnique-Gaspartine. En entier, et pas plus court. Ce n'est pas que j'aime pas, mais j'ai simplement que j'ai l'impression qu'on appelle quelqu'un d'autre.

Que dire de plus. J'ai la peau hâlée, les cheveux bouclés, et des yeux blonds en amande. De manière générale, je n'aime pas parler de moi. Je préfère plutôt écouter les autres. Peut être que c'est pour ça qu'on s'entendait si bien avec Mamie. Parce qu'elle, avait beaucoup à raconter, et moi, je rigolais. Mais c'est parce que ses blagues étaient drôles.

Je gare mon vélo à l'entrée du cimetière. La nuit est en train de tomber, et il ferme dans quinze minutes. Mais j'ai déjà besoin d'y aller. J'ai l'air bête, pourtant, plantée là devant sa tombe toute fraîche. Il y a encore de la terre tout autour, et des bouquets magnifiques.

Je ne sais pas trop si je dois m'asseoir, ou si je dois lui parler. Alors je me contente de penser à elle.

Je ne reviendrais pas avant longtemps, parce qu'on part demain. En vacances.

Mes parents ont réservé les billets depuis longtemps. L'enterrement, c'est aujourd'hui. Comme ça, on peut partir tranquille demain, et comme ça c'est fait.

— Jeune fille, je vais fermer le cimetière. Je vous prie de sortir, m'adresse un homme d'une cinquantaine d'années.

J'ai envie de lui répondre que je reste, que je ne vais nulle part. Il a des clés à la main et joue avec d'un air pressé. Alors je hoche la tête et m'en vais retrouver mon vélo.

Elle me disait que rien n'était jamais fini, que tout ne faisait que commencer. Mais là, sans elle, sans réelle destination où aller, j'ai l'impression que c'est terminé.

L'homme à la cinquantaine ferme le cimetière derrière moi. Et puis il s'en va.

C'est bien ça. Des portes qui se ferment, et aucune qui ne s'ouvre.

Bèl LaviOù les histoires vivent. Découvrez maintenant