Ces feuilles ne repousseraient probablement jamais, cet arbre finirait tôt ou tard par mourir et tomber. Chaque jour, tout comme ce monde, il faiblissait. Le symbole de la vie deviendrait bientôt celui de la désolation.
Chaque jour depuis une semaine, je l'observais, de cette fenêtre brisée, bien que cette maison n'eût plus de toit, je m'y sentais en sécurité. Il ne pleuvait plus, ou si rarement que lorsque ça arrivait, je ne faisais rien. Je restais immobile à même le sol à regarder la pluie tomber, le regard rivé vers ce ciel infiniment gris.
Je sortis de ma poche une petite boîte, à l'intérieur, une rose séchée, je la contemplai, la levai vers le ciel, puis soudain, une explosion, je m'empressai de la remettre à sa place.
Je pensais rester un peu plus longtemps, mais j'avais préféré partir, cette explosion ne m'inspirait rien de bon. Il ne me fallut que quelques instants pour rassembler mes affaires, il faut dire que je ne possédais plus grand-chose, deux sacs de voyage, l'un avec quelques vêtements, l'autre contenait de la nourriture et quelques babioles.
Des hurlements, je me baissai, je ne savais pas ce qu'il se passait, mais je préférais passer inaperçu. Je reposai mes sacs et regardai discrètement à travers l'un des nombreux trous du mur. Un peu en dévers, une voiture en feu, certainement l'une des rares encore capable de rouler, enfin... qui l'était.
Je ne bougeais pas, si seulement je n'avais pas perdu mes jumelles, j'aurais pu voir ce qui se passait. Dans ma tête, tout y passait. Si c'était une ruse, la ruse d'une bande de pillards pour faire sortir les gens de leur cachette et les dépouiller du peu de choses qu'ils possédaient. Une voiture piégée par son propriétaire, les hurlements viendraient de la personne qui aurait tenté de la voler... Tout ça n'avait aucun sens.
Et si c'était seulement une explosion ? Une simple explosion. Mon esprit était si confus par le manque de sommeil, mais comment expliquer ces hurlements ? Je ne bougeais pas, j'attendis là, couché sur le sol.
Deux heures sans bouger à fixer en alternance cette voiture brûler, se consumer et ma montre, au cadran aussi brisé que ce monde. Rien, il ne se passait absolument rien et ne se passerait probablement rien. Les muscles engourdis, je me levai lentement, prenant soin de ne pas faire le moindre bruit.
La nuit tomberait d'ici une heure, ça me laissait une heure pour trouver un nouvel abri. Je ramassai doucement mes sacs et me dirigeai prudemment vers l'interstice par lequel j'étais entré. Bien que les portes de cette maison fussent toutes tombées avec une partie des murs, je préférais faire profil bas et éviter la grande porte.
J'avais choisi cette bourgade parce qu'elle était censée être inhabitée, comme la plupart des villes de ce périmètre, peut-être même la plupart des villes du pays, mais il n'y avait rien de surprenant à ce que je ne fusse pas le seul à être venu chercher des vivres ici, mais malheureusement, je n'avais pas trouvé grand-chose, si ce n'est que le chaos et la mort, omniprésents depuis maintenant près de cinq ans.
J'avais pris soin depuis mon arrivée d'inspecter la plupart des habitations, méticuleusement, pièce par pièce, soit, une cinquantaine de maisons dont une bonne partie totalement effondrée. Il n'y avait rien, uniquement des débris, des corps en décomposition, corps que je revoyais parfois quand je dormais... Du moins quand j'arrivais à dormir.
Parmi les bonnes trouvailles, je comptais cette rose, je l'admirais chaque jour depuis que je l'avais trouvée dans la poche de la veste de cette pauvre femme, pendue. C'était la seule chose de valeur que j'avais trouvée ici, mais comme ce pauvre monde, elle finirait par dépérir. Ah, ça et une bouteille de bourbon que je n'avais pas encore eu l'occasion d'ouvrir.
Après une demi-heure de marche, je me trouvais à l'entrée de la ville, je ne pourrais dire son nom, le panneau brisé, brûlé et couvert de graffitis gisait sur le sol sous une épaisse couche de poussière. Je m'avançai près d'une station-service, la nuit était tombée plus tôt que je ne l'avais pensé. J'y rentrai brièvement afin de chercher quelque chose à manger, mais sans trop y croire, seule chose encore debout, un distributeur de boissons, mais tout comme le reste, vide, mais ça n'avait rien de vraiment surprenant.
Ça aurait été trop beau.
Mieux valait ne pas m'attarder ici, en sortant, je vis une lumière clignotante en plein cœur de la ville, déconcerté, je posai mes sacs. Comment était-ce possible ?! J'étais resté ici une semaine et je n'avais vu personne, à part... Y avait-il un lien avec ces hurlements ? Et cette explosion ?
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La dernière rose après la fin du monde
AcciónCe qui relevait autrefois de la science fiction était désormais notre vie quotidienne, l'univers post-apocalyptique qui faisait tant fantasmer au cinéma était devenu notre cauchemar. Nous savions tous que notre temps était compté, que nous avions co...