Elle marcha le plus vite possible mais pas trop pour ne pas se démarquer de la foule. La tête baissée et la cruche ostensiblement vide devant elle, personne ne s'intéressa personne ne s'intéressa à elle et c'est ainsi qu'elle parvint à une porte secondaire située dans les jardins sans aucuns soucis. Alors qu'elle ralentissait son allure pour pouvoir passer les gardes d'un air nonchalant, des cris retentirent et un soldat lança l'alarme.
— Au meurtre ! Au meurtre !
Elle se figea... mais se faisant resta dans le chemin d'un garde qui la bouscula et fit glisser son foulard. Il chancela quelques instants avant de reprendre son équilibre. Terrifiée, elle se dépêcha d'abaisser le regard et de faire semblant de s'affairer autour de la jarre qui avait explosée au sol. Mais rien ne se passa quand le garde se releva. Elle l'entendit seulement cracher sur elle et puis repartir en la maudissant de tous les noms. Elle releva alors les yeux pour confirmer que personne ne l'observait, remit son foulard et se releva pour se remettre en chemin. Elle alla se cacher dans l'ombre d'un palmier et attendit le meilleur moment pour se glisser dehors. Les gardes rentraient dans le bâtiment pour obtenir des ordres et des informations, les invités rentraient, eux, mû par la curiosité et les serviteurs quant à eux étaient rappelés ou continuaient à s'occuper des convives, les suivant. Tous ce mouvement vida le jardin et Loueseni y vit l'occasion dont elle avait besoin.
Bien que légèrement en dehors de la ville et étant la seule propriété à un ou deux kilomètres à la ronde, il n'y avait pas mille façons d'arriver ou de partir de la propriété secondaire du maître de Loueseni. La bâtisse possédait plusieurs portes auxiliaires sur ses flancs et à l'arrière. Celles à l'arrière donnant sur la rivière attenante et permettant de facilement la rejoindre et celles sur les côtés étant utilisées par les serviteurs et les esclaves mais dont le chemin rejoignait celui de la porte principale au bout d'une centaine de mètres.
Même si elle avait pu profiter des quelques premières minutes de confusion pour emprunter une des portes secondaires, elle ne pouvait pas s'enfuir par le chemin pour le moment car ils la verraient directement. Elle décida donc de se cacher dans les fourrés : elle attendrait qu'ils réouvrent les portes et que le flux de la main-d'œuvre reprenne afin qu'elle puisse se fondre dans la masse.
Loueseni se rendit compte qu'elle avait perdu la notion du temps. La nuit avait pris ses droits dans le ciel et elle n'aurait pas vu à plus de trois pieds devant elle si les torches installées le long du chemin n'avaient été allumées.
Elle entendait les voix des gardes se rapprocher plus en plus. Ils fouillaient à présent les alentours de la propriété et se rapprochaient de plus en plus de sa cachette. De ce qu'elle entendait ils avaient bien l'intention de retourner le moindre petit caillou et ils ne tarderaient pas à la trouver. Comme ils arrivèrent plus près d'elle encore elle retint son souffle et croisa les doigts pour qu'ils ne la voient pas. Mais quand ils furent à moins dix mètres d'elle, elle ne se faisait plus d'illusions et savait pertinemment que s'en était fini d'elle.
Elle sauta hors du buisson et se mit à courir aussi vite que ses pieds pouvaient la porter. Les gardes réagirent instantanément et des cris et des bruits de pas se mirent à la courser. Elle peinait déjà et elle savait qu'elle n'était plus qu'à quelques mètres de se faire attraper. Elle se prépara à tourner le coin du bâtiment...
C'est à ce moment-là qu'elle rentra en collision avec un homme – au vu de ses vêtements, c'était un autre invité prestigieux – qui se préparait à rentrer chez son maître. Deux jeunes hommes à ses côtes l'escortaient et semblaient aussi être des esclaves. A moitié affalée par terre elle les implora du regard les un après les autres. Je dois être misérable, fulmina-t-elle. Les yeux gonflés, le bas du visage en sang, la lèvre gonflée... Ma perruque est tombée et j'ai les cheveux et les vêtements ébouriffés, plein de feuilles et de poussière. Mais par l'œil de Horus, aidez-moi.
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REINE DU CHAOS D'EGYPTE
RomanceNéférousobek est la première femme connue à avoir régné sur l'Égypte. Fille de d'Amenemhat III, la mort de celui-ci laisse place à la convoitise du trône chez les souverains voisins. La princesse devra jouer des ruses pour le gardez. Entre alors en...