Chapitre 1:

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J'ouvrais le coffre de ma voiture dans un grincement de charnières, laissant se dissiper autour de moi la chaleur de l'habitacle chauffé par le soleil depuis des heures maintenant, attrapant à bout de bras mes deux valises pleines. Elles tombèrent sur le gravier en crissant, une petite pierre se logeant dans l'une des roues alors que j'étendais le bras pour récupérer la poignée du coffre. Mon dos craqua sous le mouvement, l'entièreté de mon corps était fatiguée par la longue route que je venais de parcourir alors que, dans un soupir, je prenais quelques pas de recul pour observer la maison dans laquelle j'allais passer le mois à venir, ou plus encore.

Le soleil était haut dans le ciel, quasiment à son zénith, il faisait tomber sur le paysage une lumière dorée qui chauffait cruellement l'arrière de ma nuque depuis que j'avais quitté ma voiture. Ses rayons glissaient, presque comme dans le seul but de la mettre en valeur, sur la façade de la maison de vacances des Peerse. Elle était entièrement faite de bois, comme un chalet, un bois lumineux bien que craqué par endroits tandis que les encadrements de portes et de fenêtres, peints dans un vert sapin légèrement délavé, mais accueillant, donnaient du cachet à l'ensemble. Ils contrastaient avec la toiture couverte de tuiles en ardoise, brillant sous les rayons du soleil et devant sans doute chauffer lourdement l'ensemble de la maison en temps de hautes températures.

Avec sa terrasse de bois qui faisait le tour de la demeure et ses fleurs colorées disposées un peu partout, il n'y avait rien à redire, pas le moindre défaut à souligner, tout était impeccablement entretenu, peu importe que personne ne soit venu passer du temps dans cette maison depuis sûrement des mois maintenant. Mais les Peerse avaient bien assez d'argent à jeter par les fenêtres pour entretenir une maison inhabitée à l'autre bout du pays, ça n'avait rien de surprenant.

Mes mains se refermèrent d'elles-mêmes autour de la hanse en tissu abîmée de mes valises, avançant déjà à travers l'allée de graviers blancs impeccables, laissant derrière moi la trace des quatre roues de mes bagages ancrés dans le sol sous le poids de mes affaires, seul détail qui donna enfin un peu de vie à cette résidence impeccable. Je n'avais jamais vu un endroit aussi calme. Depuis que le moteur de la voiture s'était tu, plus le moindre son n'était venu rompre la quiétude du moment, tout était parfaitement silencieux à l'exception de quelques chants d'oiseaux résonnant de derrière le chalet. Pas une seule autre habitation ne se dessinait dans les horizons, pas le moindre voisin aux environs, ni même un chat pour s'aventurer à traverser la route ou le champ en face de la maison. Absolument personne sur des kilomètres à la ronde. Mais étrangement, ça n'était pas si oppressant que ça en avait l'air. C'était même plutôt agréable.

Le bois craquait sous mes pas alors que je montais jusqu'au perron, tirant maladroitement derrière moi mes valises à travers l'escalier, enfonçant ma main dans la poche arrière de mon jean pour en extirper les clés du chalet dans un tintement métallique. Et ce fut avec un grand soulagement que, piétinant ce paillasson en poils épais qui semblait avoir du vécu, je me fis accueillir par l'air frais à l'intérieur du chalet. Les lourds volets avaient été soigneusement fermés sur les innombrables fenêtres qui habillaient le rez-de-chaussée, s'assurant de garder la chaleur bien à l'extérieur de ce dernier.

Étonnamment, la maison ne sentait pas tellement le renfermé, mais plutôt les produits ménagers et l'odeur du bois qui composait chacun des murs de cette dernière, un effluve plutôt chaleureux. Et, refermant la porte d'entrée derrière moi, abandonnant mes affaires devant cette dernière, je ne résistai pas une seconde à l'envie de m'avancer dans la pièce. Il s'agissait d'un grand salon, ouvert sur la cuisine, interminablement grand, autant qu'en avait l'air la maison de l'extérieur.

Je n'y résistai pas, les volets furent rapidement tous ouverts, baignant la pièce de soleil, la dorure des rayons de début d'après-midi glissant sur chaque mur, faisant briller les motifs colorés peints sur les fenêtres de la cuisine, à la manière de vitraux, d'un gout douteux, mais donnant de la chaleur à l'endroit. Je découvris rapidement la buanderie et le garage attenant à la cuisine, puis tout l'espace d'eau du bas, salle de bain et toilettes, avec une chambre d'amis, avant de rejoindre l'étage sans perdre de temps. J'avais, sans trop le savoir pourquoi, une réelle envie de découvrir la chambre où j'allais passer mon séjour ici, et après avoir vu les trois qui se trouvaient à l'étage, mon choix se porta sur la plus grande, celle avec une salle de bain attenante et la fenêtre donnant sur le jardin. Et la vue en valait la peine.

Autre histoire - Larry (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant