Chapitre 10:

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Ce moment était arrivé, quelque part au milieu d'une de ces journées gorgées de soleil que le mois de juillet nous avait offert. Ce moment auquel Louis avait fait référence à notre première nuit ensemble. Ce moment où on allait subitement prendre conscience d'être tombé amoureux l'un de l'autre et réaliser qu'il ne nous resterait plus que quelques semaines pour en profiter. C'était arrivé quelque part entre la quinzaine de juillet et aujourd'hui, à cet instant précis où la nuit tombait paresseusement sur le corps nu de Louis entre mes bras, allongés au milieu de l'herbe fraichement coupée. Peut-être était-ce au beau milieu des éclatantes lumières de la fête nationale, alors que les feux d'artifices brillaient haut dans le ciel dans le seul but de faire percuter leurs extravagantes couleurs sur le visage fasciné de Louis. Ça avait été la première fois que le spectacle était si fascinant, probablement parce que c'était la première fois que je l'observais dans le reflet de deux beaux yeux bleus plutôt que directement dans le ciel étoilé d'été.

Peut-être que ça avait eu lieu ce matin où Louis s'était réveillé avant moi et avait décidé d'aller se baigner en tenue d'Adam dans la piscine des Peerse pour m'entrainer moi, une heure plus tard, entre ses profondeurs et faire découvrir à mon corps les bénéfices d'une baignade matinale au côté d'un Louis un peu espiègle.

Ou bien alors, ça s'était passé tandis que, tous les deux dans mon lit - pour une fois habillés - j'avais serré Louis dans mes bras pendant de longues heures, à panser ses sanglots et l'écouter, dans le secret de la nuit m'avouer les maux qui pesaient sur son cœur depuis des années. Ce soir où il s'était entièrement et purement ouvert à moi comme il ne l'avait jamais fait avec personne pour me laisser entrevoir l'entièreté de son âme. Ça avait été l'expérience la plus intime que j'avais pu échanger avec quelqu'un, jamais je ne m'étais senti aussi proche d'une personne que ce soir-là. Pas même le sexe ne nous avait fait atteindre un tel niveau d'intimité avant cela. Louis m'avait offert sur un plateau ses pensées toutes entières, ses tourments, tout ce qui composait son esprit attristé, et je les avais gardés pour moi, tentant de l'en débarrasser pour une soirée seulement. Ce soir-là, je m'étais senti plus important que jamais. J'avais senti vibrer dans mon être entier toute la confiance que Louis avait placé entre mes mains ce matin, chose qu'il n'avait jamais offert à qui que ce soit d'autre avant cela, et je m'étais senti étrangement privilégié.

C'était très probablement ce soir-là que ça s'était produit finalement.

La seule chose qui était devenue évidente à mes yeux ce soir, était que je ne pouvais plus faire machine arrière, c'était chose faite. J'étais fou amoureux de cet homme tremblant entre mes bras, accroché à moi comme si je pouvais le sortir de ce monde d'ombres qui semblaient sans arrêt se refermer sur lui, se retenant à mes bras comme si j'étais la part de lumière qui lui faisait sortir la tête des profondeurs de l'eau trouble pour se permettre une longue gorgée d'air frais. Et je ne voulais jamais quitter ce rôle. En fait, je ne voulais plus jamais avoir à quitter cette maison, cette ville si fade et terne que je ne portais pourtant pas dans mon cœur juste parce qu'il était hors de question que je laisse Louis loin de moi. Il méritait bien plus. En fait, il méritait tout. Il méritait la carrière derrière laquelle il court depuis des années, il méritait le bonheur qu'il ne cessait de simplement frôler du bout des doigts, il méritait d'être entouré, d'être aimé à sa juste valeur. Le monde de Louis n'était définitivement pas assez beau pour une telle personne, pas à la hauteur, et j'aurais voulu pouvoir en bâtir un de mes mains qui pourrait le sortir de là, mais les choses n'étaient pas si simples. Le temps passait, cruellement, il s'écoulait, accentuant le décompte amer de la fin d'été arrivant à grands pas, et ça assombrissait un peu plus encore le monde du châtain.

-En fait, je suis sûr que t'as pris des cours pour être un aussi bon coup hein?

Louis était souriant, relevant sa tête au préalable appuyée sur les battements frénétiques de mon corps pour faire courir son regard joueur sur mon visage encore rouge d'effort et essoufflé.

Autre histoire - Larry (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant