Sept ans d'attente [BxB]

7

Ses parents étaient à peine partis que Shun attrapa ses clés et fonça chez le blond. Il ne pouvait attendre une seconde de plus sans s'être expliqué avec lui. Il remercia intérieurement son père pour la lui avoir donnée.

Sur le chemin, il ne perdit pas une seule seconde, roulant le plus rapidement que les limitations le lui permettaient. Il n'avait jamais été aussi pressé d'atteindre sa destination. Mais il redoutait également la réaction de Lucien. Heureusement pour son bien-être psychologique, il ne tarda pas à apercevoir l'immeuble hébergeant son meilleur ami.

Rapidement, il monta les étages jusqu'à atteindre l'appartement qu'il cherchait. Il toqua et on ne tarda pas à lui ouvrir. Lorsque le propriétaire des lieux le vit, il lui lança un regard si noir qu'il aurait pu le tuer sur place si cela lui avait été possible.

— Il faut qu'on parle, expliqua le roux sans se laisser démonter.

— Je n'ai rien à te dire, répliqua sèchement son vis-à-vis.

— Arrête, ordonna Shun en attrapant le bras de Luc alors qu'il tentait de refermer la porte. Ne fais pas comme s'il ne s'était rien passé.

— Mais il ne s'est rien passé. On était tous les deux ivres et fatigués, point barre.

— Arrête de fuir comme tu l'as fait il y a sept ans, commença à s'énerver le roux.

— Tu m'avais rejeté, que voulais-tu que je fasse ? Que j'agisse comme si tout allait bien alors que ce n'était pas le cas ? commença à s'énerver Luc.

— J'étais en colère contre toi. Je me suis senti trahi par celui que je croyais connaître. Tu m'as toujours dit qu'il n'y aurait aucun secret entre nous et toi, tu m'as menti pendant plusieurs années. Le matin, tu étais déjà parti avant même que je ne me réveille et puisse m'expliquer. Alors sur un coup de tête, j'ai décidé de partir loin. Je voulais prendre le plus de recul possible. J'ai essayé de tourner la page, d'oublier ce que tu m'as dit, mais c'était impossible. Au début, je me sentais mal de t'avoir abandonné après ce que tu m'avais dit. La culpabilité occupait une part de mon cœur, m'empêchant d'effacer ces trois mots de mon esprit. Je me suis alors plongé dans les études et les soirées, mais tu étais toujours là. J'ai même cherché une copine, et dès que je trouvais quelqu'un susceptible de me plaire, je lui trouvais toujours un défaut et le comparais à toi. Trop grande, trop petite, pas assez pétillante, trop terne et j'en passe. Même quand je ne le voulais pas, tu étais là. Je m'ennuyais, tu étais là. Je sortais, tu étais là. Je rentrais bourré, tu étais là. Je faisais la fête avec ceux de mon année, tu étais là. Encore et toujours.

— C'est vrai ? demanda le blond d'un murmure, comme si tout cela n'était qu'un rêve.

— Tu crois vraiment que je serais capable d'inventer une histoire pareille ? Et je pourrais savoir dans quel but je te mentirais ?

— Mais alors tu... ?

— Je t'aime, oui, et ce depuis longtemps même s'il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte.

— Si tu savais depuis le temps que je rêve de t'entendre me dire ces mots, pleura de joie le blond en se jeta sur ses lèvres pour l'embrasser passionnément.

Il ne le savait que trop bien.

Sept ans que Luc l'attendait dans l'espoir de retrouver son meilleur ami même si ses sentiments n'étaient pas partagés. Sept ans depuis que son meilleur ami lui avait exprimé son amour. Sept ans que Shun se faisait petit à petit à ce qu'il ressentait pour le blond. Sept longues années pour enfin lui répondre « je t'aime ».