Les Gardiens des Ombres

PROLOGUE

Enfin!!! Dernière semaine d'été avant la rentrée et je viens de charger le dernier carton dans ma voiture. Ça n'a pas été simple d'avoir l'accord de mes parents, surtout de mon père. Ma mère voulait me garder près d'elle car je suis son unique enfant. Mon père, lui, voulait que je reste à porter pour me garder à l'œil.

Au bout de trois mois de bataille à coup d'argumentation, à coup de gueule et de supplication, ils ont fini par céder. J'ai dû négocier et me plier à certaines de leurs conditions, comme devoir prendre une chambre en dehors du campus, accepter qu'un garde de mon père me suive pour mes déplacements en ville. Les seuls moments où il ne me suivra pas comme mon ombre sera quand je serais en cours, à l'université. Alors, dès que j'ai eus leur feu vert, je me suis mise à la recherche d'une chambre à louer et j'ai trouvé encore mieux. Un petit studio, à dix minutes à pied de l'université et vingt minutes du centre-ville. Le loyer n'est pas élevé et j'ai quelques économies, mais je ne compte pas rester au crochet de mes parents pour payer. Je vais vite me dégoter un petit job, afin de subvenir à mes propres besoin et ne pas toujours vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Si jamais mes parents décidé de ne plus m'aider, je serais obligé de retourner chez eux, et ça, c'est hors de questions. Le seul impératif que m'a donné la propriétaire et d'arriver avant ce soir de façon à récupérer les clés avant qu'elle ne parte je ne sais où en croisière.

J'aurais pu choisir une école dans les environs de la maison familiale, mais je veux vivre. À dix-huit ans, je veux avancer par moi-même. Aucune de mes décisions n'est assez bien pour mon père. Cet homme est certes, l'un des meilleurs politiciens de sa génération, mais pour ce qui est de sa vie privée il mérite un bon gros zéro. C'est vrai, je ne dis pas ça juste parce qu'il est mon père, croyez-moi. Quel mari aimant et respectueux ramènerais sa maîtresse, qui n'est autre que sa directrice de campagne, à l'anniversaire de la majorité de sa fille ? Je ne sais pas comment ma mère peux accepter tous ses écarts. Comment peux t-elle pardonné ? En plus de la rabaisser devant leurs amis proches, il y a tout ce qui paraît dans les tabloïds. Dernière une des journaux en date : des photos montrant mon père sur une plage en compagnie de sa charmante directrice de campagne lors d'un voyage, pour lequel il ne pouvait pas nous emmenez, car il n'aurait pas de temps à nous consacré ? Je sais d'avance qu'elle va être la suivante : « La fille du grand Monsieur Line, quitte le domicile familial pour suivre ses études loin du domaine. » Ouais voilà l'une des raisons qui fait que mon père ne souhaitait pas que je parte. L'unique héritière qui quitte le nid deux mois avant le début de la campagne électorale est, pour lui, dure à dissimuler et à digérer. Je ne sais pas encore comment il va justifier le fait que je veuille prendre mon envol, mais le connaissant, je pense que rien de ce qu'il va dire ne va être de prés ou de loin la vérité. Si on rajoute à ça le fait qu'il ne pourra plus surveiller mes fréquentations, me dicter mes actes et régir ma vie, nous obtenons la totalité des raisons qui font qu'il ne voit pas mon départ d'un très bon œil et qui explique aussi pourquoi depuis un mois, je n'ai, de sa part, que des reproches quand il daigne m'adresser la parole.
Je fais un dernier tour de ma chambre puis descend au rez de chaussé embrasser ma mère une dernière fois avant de monter dans ma voiture. Elle m'accompagne jusqu'à la portière et me tend une petite glacière en me disant qu'elle a demandé à Ursula, notre cuisinière, de me préparer un petit en-cas et des boissons pour la route. Elle s'excuse pour l'absence de mon père, qui ne m'étonne même pas, et me laisse enfin partir. Après les dernières vérifications, j'enclenche le GPS et passe la première. Me voici parti pour sept heures de route, sans compter les pauses.