Dérives Nocturnes

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Dérives Nocturnes

Savoir m'effraie. Je n'ai jamais demandé à ce que l'on m'enseigne tout ça. Toutes ces choses dont on nous assure l'existence seulement pour conforter l'idée de prétentieux scientifiques qui n'y comprennent rien, et qui tentent de trouver une explication logique à ce monde qui n'en a pas. Dans cet univers qui existe bien malgré nous. Pourquoi absolument vouloir prouver l'existence de ce que l'on voit? c'est déjà bien assez difficile d'exprimer ce que l'on ressent alors qu'on y comprend rien non plus. Pourquoi est-on toujours obligé de mettre des mots sur nos douleurs, nos rancœurs, nos peines, nos joies peut-être. C'est déjà bien assez difficile de se prouver à soi-même que l'on existe.

S'il faut souffrir pour exister, je n'en veux pas. Je ne veux pas de cette douleur. Même si c'est ce qui me rend vivant. On me demande de pleurer quand je suis triste, de sourire lorsque je suis heureuse, de vomir lorsque je suis dégoutée, de dormir lorsque je suis fatiguée de toutes ces choses que m'impose la vie sans mon consentement.

J'ai peur de m'endormir. Parce que je ne sais pas si j'arriverais à me réveiller le lendemain.

Tous les jours j'ai envie de pleurer. Je ressens, cette énorme main qui m'enserre la gorge, cette énorme poids qui rend chaque heure plus douloureuse, ce putain de rocher qui reste constamment bloqué a l'intérieur de mes cordes vocales. Alors pourquoi je n'arrive pas à pleurer? Pourquoi est-ce que m'exprimer simplement me fait défaut? Pourquoi est-ce que je suis comme ça? pourquoi est-ce que tout est toujours si compliqué alors qu'on me demande de les faire simplement ?

C'est peut-être moi qui ne suis pas normale après tout. Je ne comprends rien à la douleur des autres. Je ne comprends rien lorsqu'ils m'appellent silencieusement. Je ne comprends rien, lorsqu'ils se mettent à me haïr. Je ne comprends rien quand les événements me dépassent. Je ne comprends pas pourquoi les larmes aux coins de mes yeux refusent constamment de couler. Et d'un seul coup, d'un seul, tout commence à se détériorer. Plus personne n'est là. Je ne les vois plus. Je ne les comprends plus.

En fait, je ne les ai jamais compris. Alors qui pourrait, moi, me comprendre?

Me faire des dessins quand j'en ai besoin? Parler ma langue remplis de symboles, de significations, de sens cachés, et inexpliqué.

L'homme a nommé magie, ce qu'il n'a jamais compris. J'ai besoin de quelqu'un pour parler ma langue infernale. Est-ce qu'un mage capable de déchiffrer la puissante magie noire que sont mes pensées existe-il seulement? Peut-être devrais-je le créer. L'inventer de toutes pièces. Le façonner à ma façon, afin qu'à ma façon, il me réconforte comme je peux le faire avec les autres? qu'est-ce que je cherche en fait? Je ne sais même plus qui je suis. Je pense, je pense, je pense, je pense, je pense, et je pense encore, et encore, trop, pas assez, inévitablement. Les machines que sont mes neurones ne connaissent pas le répit, je ne le connais pas non plus. Même lorsque les engrenages ne s'accordent plus, et décident de tourner à l'envers.

Ma tête n'est maintenant plus qu'un tas de déchets, une poubelle. Et la moisissure m'effraie plus que tout. Je pourrie. Lentement. Rapidement. Je manque de temps. Elle envahit l'entièreté des recoins de mon étrange cervelle. Je suis complètement folle. Comment est ce possible de penser autant alors que tous ces mots ne veulent absolument rien dire ? Ramassis de conneries, je ne sais plus quoi faire, je suis perdue. Je veux vivre et je veux mourir, je veux exister et je veux que personne ne me connaissent, je veux sauver le monde et le détruire, je veux sauver la terre et qu'elle explose, je veux être un héros et le grand méchant de l'histoire, je veux, je veux, je veux, je veux, mais je n'obtiens rien.

C'est ça exister. C'est toujours se poser des questions. Sans jamais obtenir de réponse. Et je me demande encore pourquoi mes questionnements ne connaîtrons jamais de réponse.

Un coup de vent et c'est la réalité qui me rattrape.

Alors j'entrouvre les yeux, et je repars sur autre chose.

A Fleur de l'ageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant