Chapitre 1

131 7 21
                                    

MICHAEL

-Mike, tu es prêt ?

Les yeux rivés sur le miroir en face de moi, je respire profondément. Non, je ne suis pas prêt. Je ne suis pas prêt à recevoir leurs regards interrogateurs, leurs remarques, leurs questions, à y répondre. Je ne suis tout simplement pas prêt à endurer ça. Je ne comprends même pas ce qui m'arrive, comment puis-je l'expliquer aux autres ? Les coups se réitèrent à la porte. Les mains moites, j'enfonce mes Ray-Ban sur mon nez, mon Fedora sur mon crâne et sors enfin de la salle de bain. Frank m'observe de bas en haut, un sourire en coin.

-Tu vas en faire craquer plus d'une ce soir, mon petit Mickey. Attends-toi à passer la nuit entre de bonnes mains ! ricane-t-il.

Je force un sourire qui s'éteint dès qu'il tourne les talons. Une fois à l'extérieur du bâtiment, nous montons dans la limousine qui nous conduit jusqu'à la réception. Le moulin à paroles qui me sert de manager n'a pas cessé de jacqueter de tout le trajet, la fumée de son cigare n'améliore en rien ma migraine. Alors qu'il est déjà à l'intérieur, je suis resté cloué à la banquette arrière du véhicule. Les paparazzis scandent mon nom depuis bientôt cinq minutes, je suis pétrifié. Mes doigts se referment sur le tissu de mon pantalon, je ravale péniblement ma salive.

-Tu veux que je t'accompagne ? demande Bill.

-Non, c'est bon... ça va aller, je réponds la voix tremblante.

Je prends une grande bouffée d'air et me décide enfin à sortir du véhicule, la horde de photographes s'amassent bientôt autour de moi, me posent des questions de toutes sortes, me mitraillent avec leurs flashs. Je couvre mon visage avec mon avant-bras et cours le plus vite possible à l'intérieur du grand hall, mon entrée transforme l'audience en musée de cire, leurs regards ignorants ancrés sur moi. Mon rythme cardiaque s'accélère considérablement, des gouttes de sueurs perlent sur mon front tandis que je me mets à trembler. Je salue timidement la foule, zigzague entre les passants, serre la main de quelques personnes et rejoins le plus rapidement possible Frank.

-Hey Michael, t'es sûr que ça va ? m'interroge-t-il d'un air moqueur. T'es tout blanc !

Je serre les dents. Sa plaisanterie ne me fait pas rire du tout.

-Je veux rentrer.

L'homme au cigard pouffe de rire.

-On vient à peine d'arriver ! Cesse donc de faire l'enfant et vas t'amuser un peu, déjà qu'on a loupé une partie de la soirée à cause de toi.

Je lève les yeux au ciel. J'étouffe, ici. Malgré les interpellations de certaines personnes, je me fraye un chemin jusqu'à un grand escalier en marbre blanc, monte les marches deux par deux jusqu'au sommet et pousse l'unique porte qui, comme je le pensais, mène à la terrasse sur le toit. Pour mon plus grand soulagement, il n'y a personne. Je respire profondément l'air frais pour alimenter mes poumons qui commencent à en manquer, me débarrasse de mes lunettes de soleil et de mon chapeau puis je me laisse glisser contre le mur en parpaing. Je savais que venir à cette fête était une mauvaise idée, mais Frank ne m'a pas laissé le choix, encore une fois.

Je vois déjà mon visage faire la une des tabloïds demain, avec leurs gros titres provocateurs et blessants, m'accablant de tous les surnoms péjoratifs possible et inimaginable, inventant des rumeurs plus folles les unes que les autres. Je passe mes mains sur mon visage et les coince dans mes cheveux, les coudes appuyés sur les genoux quand un bruit sourd me fait sursauter. La porte par laquelle je suis venu s'est refermé violemment, puis des claquements de talons résonnent sur le sol gravillonné. Une respiration haletante se fait entendre, puis des sanglots, et toujours ce claquement de talons comme s'ils faisaient l'aller retour entre chaque coin de la terrasse. Je bondis sur mes pieds pour sortir de derrière le mur, je me retrouve alors face à une jeune femme blonde à la silhouette élégante et élancée, vêtue d'une robe longue et fluide, les bras contre sa poitrine, terrorisée et visiblement frigorifiée. Je m'approche doucement d'elle jusqu'à ce qu'elle remarque ma présence et sursaute, effrayée.

PRICE OF FAME - Michael JacksonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant